La ColombeLibrairie Universitaire de Fribourg, 1942
Voici le temps venu de l'unique Colombe elle seule peut sans ciller te soutenir ô Nuit du sang ! Mais haut dans le Père, elle plonge en la suave indifférence : ah! que des mains sacrilèges, des mains de mourants gonflées d'ombre ramènent le néant hautain comme un filet et la saisissent éperdue, froissant ses ailes les brisant presque dans leur joie de la tenir... (…) Qu'elle meure la mort du monde ! ou bien soit forte assez pour s'envoler ailée de son seul cri au-dessus du chaos féroce où la pensée s'acharne à putréfier le sens de l'univers en livrant la Parole et l'œil de l'homme aux vers.
La colombe, « Ah si j’avais les ailes de la colombe »
La colombe ne comporte qu’un seul poème : « Ah si j’avais les ailes de la colombe », dédié à Jean Cayrol et daté de la Pentecôte 1942. Pierre Emmanuel l’avait déjà fait paraître dans Curieux (7e année, n° 24, 12 juin 1942, p. 5) puis dans Confluences (2e année, n° 15, décembre 1942, p. 432-436). Il est ensuite repris dans La liberté guide nos pas. Jean Cayrol s’était engagé en 1941 dans le réseau Confrérie Notre-Dame du colonel Rémy. Dénoncé, il est arrêté en 1942 et déporté N.N. (Nacht und Nebel) au camp de concentration de Mauthausen après la prison à Fresnes. Dans plusieurs lettres, Pierre Emmanuel s’inquiète de lui et cherche comment lui venir en aide. ←