Les nouveautés sur le site
|
• Cela s'est passé un... Semaine du 24 septembre au 1 octobre (ci-dessous).
• L'extrait du mois :
- « Métropole du mal », Sodome, Première édition LUF (Fribourg – Suisse) 1944. Ici Éditions du Seuil, 1971, p. 131, vol. I, L’Âge d’Homme, 2001, p. 321.
- « Sur le mot mystique », La Tunisie Française littéraire, 24 mai 1941, p. 3.
• « Pierre Emmanuel poète des mythes », Entretien avec Claudine Chonez, Une Semaine dans le monde, 3 juillet 1948, p. 9.
• 28 novembre 2019 : décès de M. François Livi, exécuteur testamentaire du poète et président du Centre de recherche. Cf. colonne de droite (Centre de recherche).
----------------
Mme Catherine Emmanuel Carlier, présidente de l'Association des Amis de Pierre Emmanuel, lui rend ici hommage.Chers Amis,
La nouvelle de la mort de François Livi nous a tous bouleversés, il est parti trop vite, trop tôt.
Au fil du temps nous avions appris à le connaître. Nous aimions son humour, la qualité de son écoute, son humilité, sa bienveillance.
Parfois, il se plaisait à nous raconter sa première rencontre avec Pierre Emmanuel, en 1966 rue de Varenne, alors qu’il était un tout jeune étudiant et comment très vite ils se lièrent d’une profonde amitié. Une amitié qui ne s’est jamais démentie.
François Livi exécuteur testamentaire de Pierre Emmanuel fut le président du Centre de recherche, crée en 1986. Il a beaucoup œuvré, avec tous les membres du Centre, à la connaissance et à la mémoire du poète et nous lui en sommes très reconnaissants.
Comme il va nous manquer lui qui nous a tant donné et tant appris !
Catherine Emmanuel Carlier
Présidente de l’Association des amis de Pierre Emmanuel
----------------
• Des nouvelles dans "On en parle...", colonne de droite: livres, émissions et articles nouveaux sur Pierre Emmanuel.
• La lettre de l'Association des Amis de Pierre Emmanuel et le bulletin d'adhésion 2019. Merci aux généreux donateurs !
• IMPORTANT : Les photos, textes et autres documents de ce site ne sont pas libres de droit, ceux de Facebook ou des affiches non plus.
• Rappel : les liens sont visibles lorsqu'on passe sur le texte.
Le mot de l'Association
Depuis sa création, en 1985, l'Association s'est attachée à servir la mémoire de Pierre Emmanuel et à faire connaître son œuvre en apportant son soutien à des publications, rencontres, expositions, émissions radiophoniques et à différents hommages en France comme à l'étranger.
La création d'un site Pierre Emmanuel s'est imposée comme une évidence et une priorité. Un nouvel outil pour retracer l'itinéraire de l'écrivain, du poète et de l'homme d'action engagé dans son siècle en faisant découvrir ses multiples visages : l'homme de culture, son action auprès des médias, mais aussi l'homme de foi, l'homme courageux, le résistant, le défenseur des droits de l'homme.
C'est un travail énorme qui fut engagé, un travail exigeant et rigoureux mené par Anne Simonnet (*) aidée dans ses recherches par des témoins de la vie de Pierre Emmanuel, par le Centre de recherche et par la famille du poète. Une approche aussi complète a nécessité des années de consultation dans les archives de la BNF, de l'Imec, l'Ina, et d'autres fonds. Des manuscrits, des photographies, des lettres et des documents souvent inédits, prêtés par des amis, des proches ou d'anciens collaborateurs de Pierre Emmanuel ont considérablement enrichi le site.
Pierre Emmanuel visionnaire, initiateur et créateur de la Vidéothèque (Forum des Images), confiant dans les nouvelles technologies, aurait certainement apprécié l'instrument de connaissance, de dialogue et d'échange que constitue un tel site.
Proposer un site clair, lisible, complet et accessible à tous, telle fut notre démarche pour que Pierre Emmanuel reste vivant dans les mémoires.
Catherine Carlier, Présidente de l'Association
(*) Anne Simonnet est professeur de Lettres classiques, Docteur ès Lettres, auteur de l'ouvrage Pierre Emmanuel, poète du Samedi saint et d'une thèse : Le Christ de Pierre Emmanuel. L'élaboration d’un mythe personnel.
Cela s'est passé un... (La micro-information du jour)
24 septembre
24 septembre 1984
Gérard Guillot, (page dirigée par Guy Lagorce), « Pierre Emmanuel était le poète des plus hauts défis », La vie culturelle, Lundi 24 septembre 1984, p. 18-19. « Troisième langage : le plus haut, le plus libre, le plus révélateur aussi. Une poésie prophétique et cosmogonique, tragique et biblique. Ambition démesurée de vouloir imaginer et orchestrer une genèse du monde. Folie créatrice de tenter d’unir l’omnipotence de Dieu et l’autonomie de la personne. Désir immanent de transfigurer par la voix poétique et la chair et la femme et l’amour, de vaincre aussi l’aliénation du couple, de fusionner enfin l’Eros et la foi…
À cet égard, Pierre Emmanuel est, sans aucun doute, le poète le plus important et le plus primordial des trente dernières années. Il a osé, en toute liberté, dire le culte de « l’éternel féminin », vanter l’amour corps-âme de la femme, proclamer l’accomplissement de l’homme dans l’unité du couple… et cela, pour la plus grande gloire de Dieu… et cela malgré ceux qui s’emploient indéfiniment à vouloir en finir avec Dieu… Place exaltante donc du poète lorsqu’il mène un combat épique pour la redéfinition perpétuelle de l’homme face à lui-même, face à ses doubles dont la femme, et face à Dieu. »
25 septembre
25 septembre 1980
Enregistrement d’une émission radiophonique « Rencontre avec Pierre Emmanuel » pour France Culture. Pierre Emmanuel s’entretient avec Jean Charon, physicien, et Christian de Bartillat, président directeur général des éditions Stock où a paru le dernier livre de Pierre Emmanuel, Culture, noblesse du monde. « je suis quasiment né à la vie de l’audiovisuel, qui n’était pas l’audiovisuel à cette époque, qui était simplement l’audio c’était tout de suite après la guerre, et j’étais chef de service de langue anglaise à la RTF, c’était comme ça que ça s’appelait, et aussi je m’intéressais beaucoup à ce qui se faisait au studio d’essai ; et c’est là que j’ai vu naître le paysage sonore, et l’espace sonore, qui est beaucoup plus suggestif que l’espace visuel, parce que il faut que toute la psyché se prête au jeu de la suggestion. Alors vraiment on faisait à ce moment-là des mises en scène, en particulier, qui vous donnaient le sentiment de toutes sortes de profondeurs, de distances, et qui donnaient aux voix une qualité, une vérité dramatique que finalement on ne retrouve plus. »
26 septembre
26 septembre 1980
« Je commencerai par le veau », article de Pierre Emmanuel dans France catholique, n° 1763. « Ce qui m’effraie n’est pas l’autodestruction nucléaire, à laquelle je ne crois pas, mais la défiguration définitive de l’homme, la destruction de sa ressemblance divine : le rictus horriblement objectif du rien qu’humain. Le rien-que-l’homme, c’est la collectivisation totalitaire, le néant massif. Notre moitié occidentale d’espèce est trop confortablement avancée dans cette voie pour revenir en arrière, vers la civilisation du poulet de basse-cour et du veau que le vacher mène au pré. Elle s’amuse dangereusement sur elle-même, en pratiquant des expériences sur des fœtus vivants, en greffant la vie sur de fausses mères, en jouant avec les limites du coma dépassé, demain peut-être, après avoir stérilisé les mâles trop féconds, en envisageant une planification de l’euthanasie. Comme l’écrit joliment un expert en matière de “contrôle” : “Il est bien naturel que sur des problèmes si sensibles les gouvernements essaient des mesures douces avant les mesures plus dures ; il est bien naturel aussi qu’ils passent graduellement de la première position à l’autre pour réaliser leurs buts[1].” Curieuse conception du naturel qui montre à quel point nous sommes engagés dans la dénaturation ! Seigneur, sauve l’homme de lui-même, convertis son esprit à la nature, avant qu’il ne soit trop tard, même pour Toi... »
[1] B. Berelson, cité dans E. et M. de Lagrange, l'Avortement. Un complot contre la vie, SPL, 1980.
27 septembre
27 septembre 1984
Jacques de Bourbon-Busset, « Hommage à Pierre Emmanuel », Académie Française, 27 septembre 1984, 3 p. « Pour Emmanuel, la poésie, qui est d’autant plus nécessaire qu’elle paraît inutile, est la gardienne non seulement du sens des mots mais aussi de la forme humaine, cette forme humaine que la barbarie ne cesse de menacer. Et c’est pourquoi le poète n’a cessé de lutter en faveur des intellectuels persécutés. Il m’en parlait, chez lui, rue de Varenne, il y a plus de vingt ans et, jusqu’au dernier jour, il a soutenu (5) de toutes ses forces la fondation pour une entraide intellectuelle européenne, mais, ici encore, nous retrouvons le déchirement qui donne à toute l’œuvre de notre confrère sa palpitation unique. »
28 septembre
28 septembre 1984
Maurice Deleforge, « La nouvelle naissance de Pierre Emmanuel », Croix du Nord, 28-30 septembre 1984, p. 40. « La mort de Pierre Emmanuel, samedi dernier, n’a pas fait grand bruit sur les ondes après que la nouvelle en eut été rendue publique. Il ne faut pas s’en affliger outre mesure. Le poète avait exprimé la volonté d’être inhumé dans la plus stricte intimité. Il n’est pas mauvais que le deuil public ait le même caractère et que chacun de ceux qui, pendant des années, se sont nourris de cette œuvre, se recueille en silence, mesure sa dette, intercède et rende grâces.Que dire aux autres pour qui Pierre Emmanuel sera, à dater du 22 septembre 1984, un poète déjà mort dont ils ne tiendront jamais en main un livre sentent encore l’encre fraîche, au-delà de ce « Grand œuvre » qui venait de paraître, édifice de pierre habité par le souffle, dans le foisonnement saisonnier des œuvrettes promises à quelque gloire puis à l’oubli ? Trouvera-t-il des intercesseurs auprès de la génération nouvelle ? Étudiant en classe de Math sup., lui-même avait reçu tardivement révélation du don de poésie. Valéry, lu à haute voix par un professeur de mathématique, avait eu plus d’effet que dix années d’enseignement scolaire de la littérature. Le chant serait sa langue. Qui cette semaine, qui et dans quelle obscure salle de classe aura entendu la voix d’un poète relayée par la voix d’un vivant ?
Ce fut l’un de nos privilèges, à nous, jeunes gens qui n’en revenons pas d’avoir franchi déjà le cap de la cinquantaine. Pierre Emmanuel ne cherchait pas l’abri de la fameuse tour d’ivoire. Il ne fuyait ni les charges ni les honneurs ni les combats de la vie publique ; mais, dans les années où il parcourait le monde en combattant de la liberté de l’esprit, si quelques étudiants l’invitaient dans une université de province, il répondait à leur appel. »
29 septembre
29 septembre 1942
Achevé d’imprimer d’Orphiques, dédié à Bertrand d’Astorg, poète et écrivain originaire de Pau, ami de très longue date, et à Wolfgang Simoni, musicien et compositeur allemand alors réfugié en France et soumis à de multiples tracasseries car il était persona non grata par le gouvernement de Vichy.
30 septembre
30 septembre 1939
Lettre à Jean Paulhan. « [P]our donner un sens à cette guerre, il faut croire que c’est le mythe de l’homme que nous défendons. Dans l’angoisse des dernières années, nous avons senti avec force, quoique obscurément, que notre notion de l’homme avait ses racines dans le mythe plus que dans l’être, et cela nous l’éprouvions précisément parce que le mythe se trouvait menacé dans ses structures, et ses raisons. Dans les conflits de civilisations, le mythe subit l’épreuve du réel : il ne suffit pas de parler de l’esprit, de la liberté, de la civilisation (même qualifiée de Chrétienne) il faut savoir comment ces mots s’appliquent à leur matière, de crainte d’introduire le néant entre le mot et la chose définie. »
1 octobre
1 octobre 1982
« La terre grosse comme un poing », article de Pierre Emmanuel dans France catholique, n° 1808. « L’histoire, en cette fin de siècle, va très vite, surtout pour qui, né dans un Occident impérial dont la suprématie s’est effondrée sous ses yeux, s’est efforcé toute une vie d’essayer de comprendre l’immense révolution à l’échelle du monde, où toutes ses mesures, ses valeurs, ses croyances, doivent être placées dans une perspective nouvelle, à peine esquissable et qu’il faut pourtant ébaucher. Le don d’ubiquité ne s’acquiert et ne s’entretient que par une vigilance universelle, et non par la seule fréquentation des journaux et des media. L’idée simpliste que tous les responsables planétaires ont le même langage et la même notion du réel parce qu’ils discutent des mêmes questions économiques ou stratégiques, est pur mirage occidental qu’il importe de dissiper pour voir l’autre autant que possible tel qu’il est. Cet autre, ce peut être l’URSS, l’Inde, la Chine, ou ces trois pays puissamment industrieux du Pacifique : le Japon, la Corée, Taiwan ; ce peut être l’Amérique latine, ou l’Afrique noire, ou l’islam. C’est, tout proche, pour les Méditerranéens du nord, l’islam au sud de la Méditerranée comme celui des villes et campagnes d’Europe : c’est le manœuvre algérien d’Aulnay-sous-Bois ou le maçon marocain de Tarascon. »