Les nouveautés sur le site
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• Cela s'est passé un... Semaine du 27 juillet au 3 août (ci-dessous).
• L'extrait du mois :
- « Vent- Infirma nostri corporis », Tu, Seuil, 1978, p. 45 ; Œuvres complètes, vol. II, L’Âge d’Homme, 2003, p. 476.
- « Les inventeurs honteux », Arts, n° 253, 10 mars 1950, p. 1.
• « The power of the poet », The Atlantic, n° 187, janvier 1951, p. 74-77.
• 28 novembre 2019 : décès de M. François Livi, exécuteur testamentaire du poète et président du Centre de recherche. Cf. colonne de droite (Centre de recherche).
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Mme Catherine Emmanuel Carlier, présidente de l'Association des Amis de Pierre Emmanuel, lui rend ici hommage.Chers Amis,
La nouvelle de la mort de François Livi nous a tous bouleversés, il est parti trop vite, trop tôt.
Au fil du temps nous avions appris à le connaître. Nous aimions son humour, la qualité de son écoute, son humilité, sa bienveillance.
Parfois, il se plaisait à nous raconter sa première rencontre avec Pierre Emmanuel, en 1966 rue de Varenne, alors qu’il était un tout jeune étudiant et comment très vite ils se lièrent d’une profonde amitié. Une amitié qui ne s’est jamais démentie.
François Livi exécuteur testamentaire de Pierre Emmanuel fut le président du Centre de recherche, crée en 1986. Il a beaucoup œuvré, avec tous les membres du Centre, à la connaissance et à la mémoire du poète et nous lui en sommes très reconnaissants.
Comme il va nous manquer lui qui nous a tant donné et tant appris !
Catherine Emmanuel Carlier
Présidente de l’Association des amis de Pierre Emmanuel
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• Des nouvelles dans "On en parle...", colonne de droite: livres, émissions et articles nouveaux sur Pierre Emmanuel
• IMPORTANT : Les photos, textes et autres documents de ce site ne sont pas libres de droit, ceux de Facebook ou des affiches non plus.
• Rappel : les liens sont visibles lorsqu'on passe sur le texte.
Le mot de l'Association
Depuis sa création, en 1985, l'Association s'est attachée à servir la mémoire de Pierre Emmanuel et à faire connaître son œuvre en apportant son soutien à des publications, rencontres, expositions, émissions radiophoniques et à différents hommages en France comme à l'étranger.
La création d'un site Pierre Emmanuel s'est imposée comme une évidence et une priorité. Un nouvel outil pour retracer l'itinéraire de l'écrivain, du poète et de l'homme d'action engagé dans son siècle en faisant découvrir ses multiples visages : l'homme de culture, son action auprès des médias, mais aussi l'homme de foi, l'homme courageux, le résistant, le défenseur des droits de l'homme.
C'est un travail énorme qui fut engagé, un travail exigeant et rigoureux mené par Anne Simonnet (*) aidée dans ses recherches par des témoins de la vie de Pierre Emmanuel, par le Centre de recherche et par la famille du poète. Une approche aussi complète a nécessité des années de consultation dans les archives de la BNF, de l'Imec, l'Ina, et d'autres fonds. Des manuscrits, des photographies, des lettres et des documents souvent inédits, prêtés par des amis, des proches ou d'anciens collaborateurs de Pierre Emmanuel ont considérablement enrichi le site.
Pierre Emmanuel visionnaire, initiateur et créateur de la Vidéothèque (Forum des Images), confiant dans les nouvelles technologies, aurait certainement apprécié l'instrument de connaissance, de dialogue et d'échange que constitue un tel site.
Proposer un site clair, lisible, complet et accessible à tous, telle fut notre démarche pour que Pierre Emmanuel reste vivant dans les mémoires.
Catherine Carlier, Présidente de l'Association
(*) Anne Simonnet est professeur de Lettres classiques, Docteur ès Lettres, auteur de l'ouvrage Pierre Emmanuel, poète du Samedi saint et d'une thèse : Le Christ de Pierre Emmanuel. L'élaboration d’un mythe personnel.
Cela s'est passé un... (La micro-information du jour)
27 juillet
27 juillet 1984
« Bonnes vacances, électeurs », article de Pierre Emmanuel dans France catholique, n° 1963. « [L]es choses ne sont pas aussi évidentes qu’elles nous apparaissaient dans nos livres d’histoire, ou dans ces manuels d’instruction civique dont l’usage semble-t-il s’est perdu. Aux gens de ma génération, qui ont connu encore cette institution archaïque, les Conseils d’arrondissement, la République moderne paraît bien éloignée de cette République bon enfant où les enfants des écoles venaient respectueusement admirer les députés du cru trinquant avec leurs électeurs dans les Comices !
Heureux temps ! Temps où des notables à la barbe fleurie distribuaient de minuscules prébendes à d’anciens combattants plus ou moins valeureux, leurs modestes rabatteurs dans leur arrondissement ou leur canton ! La République, alors, était locale, son culte télévisé n’existait pas, que plus tard ses pontifes allaient célébrer, à moins que le petit écran ne servît d’arène à ses grands rhéteurs ! L’idéologie ne pénétrait pas encore les cervelles dans les campagnes : on croyait d’une foi naturelle et sincère à l’infaillibilité du dogme républicain. »
28 juillet
28 juillet 1965
« Procès d’Auschwitz : la marque infamante », Réforme, n° 1067, 28 août 1965, p. 3. « Ce siècle s’effraie d’accepter la corrélation entre les deux formes d’accélération dont il est la proie : celle de la technique appliquée à l’univers et celle de la technique appliquée à l’homme. Pourtant, l’objectivation du “phénomène humain” sans contrepartie dans l’ordre subjectif, c’est-à-dire spirituel et moral, peut être aussi bien, désormais, l’affaire de sociologues bénins que de conditionneurs féroces. Dès l’instant que l’homme est son propre matériau, la technique devient une, et la souffrance ou la mort ne sont plus que des processus de déchet. »
29 juillet
29 juillet 1983
« Brûler la distance », article de Pierre Emmanuel dans France catholique, n° 1911. « Monchanin, prêtre catholique, ne m’a pas seulement fait aimer les philosophes modernes, de Nietzsche à Heidegger et de Bergson à Berdiaeff : il m’a donné l’idée de la puissance unifiante à l’œuvre dans l’ensemble des grandes religions. S’il n’avait été que philosophe et non prêtre, j’aurais sans doute appris beaucoup de lui, mais je n’aurais pas perçu l’humanité comme une Quête unique, un pèlerinage faisant converger vers le Sens, par-delà les formulations particulières, toutes les sagesses et les religions. Ce qu’enseignait Monchanin par sa vie, c’est cette foi dans la Présence incarnée qui ouvre toute grande l’hospitalité de l’Être : Dieu en nous qui nous rend capables de l’homme. La rencontre mystique avec l’Inde qui mènera l’abbé de sa cellule des Lazaristes à l’ashram de Tiruchirapalli signifie la distance spirituelle, et en même temps l’abolit. Une telle faculté de brûler la distance n’est donnée qu’à ceux qui, d’avance, ont tout quitté. »
30 juillet
30 juillet 1982
« Cette chose inutile, la poésie », article de Pierre Emmanuel dans France catholique, n° 1859. « Dans notre monde, l’âme est si étroitement refoulée, la normalité si rigidement balisée, que notre faculté la plus singulière, l’intuition, apparaît aisément irrationnelle ou névrotique.
Et le même mot d’aliénation recouvre beaucoup de nos ignorances et de nos préjugés quant à la nature de l’esprit. C’est pourquoi ce même poète qui a le courage peu commun de se maintenir ouvert à l’Être, demeure pourtant à ses propres yeux un être incertain de la vérité qui l’habite, un caractère faible, une conscience inaccomplie. Il lui arrive de se considérer comme une proie pour anthropologues, un vestige de formes archaïques, magiques, de la sensibilité.
Qu’il y voie une faiblesse ou une force, son intérêt, dans le monde où nous sommes, est de dissimuler qu’il ne fait pas tout à fait partie de celui-ci. Il le cache parfois avec un tel art qu’il devient ambassadeur, ou président de la République. Ou, – Dieu me pardonne ! – pape : et alors les natures moins poétiques se trouvent flattées qu’un président, ou un pape, leur parle de poésie. Mais celui qu’elles entendent ainsi leur parler, c’est pour eux un pape ou un président, et non un poète. Ces hautes exceptions confirment la règle de regarder la poésie comme un art d’agrément, qui distrait des affaires sérieuses. »
31 juillet
31 juillet 1965
« Les adorateurs du soleil », article de Pierre Emmanuel dans Réforme, n° 1063, p. 7. « Parcourir des yeux, au rythme de la marche, le paysage qui change en lui-même sans fin ; ne perdre aucun mouvement, aucun souffle, aucune nuance dans les odeurs et les couleurs, aucun détail de la végétation ; tâter l’élasticité des sentiers, la bonne âpreté des chemins de terre et retrouver la route à regret ; jouir du soleil, mais aussi de la pluie, et, à l’occasion, d’un bel orage ; apprendre à réfléchir dans notre âme les heures du jour, les rapports de la lumière et de l’ombre ; entrer hardiment dans la familiarité de la nuit : tel est l’apprentissage physique de l’identité, de la plénitude, insuffisant pourtant à la lecture parfaite. Il y manque cette science des noms que l’homme des villes a perdue : nous ne savons plus nommer les choses. Savoir nommer un arbre, une fleur, une étoile, c’est s’en faire un compagnon pour la vie : l’attention et la mémoire sont jumelles. Et la mémoire, nous dit l’antique sagesse, consiste à ne jamais oublier les êtres et les choses avec qui l’on a été en contact, ne fût-ce qu’une fois. »
1er août
1 août 1964
« En chemin », article de Pierre Emmanuel dans Réforme, n° 1011, p. 13. « Quand nous aurons fait le tour de notre morale, c’est-à-dire adopté à quelques nuances près la morale sans trop d’absolu de nos contemporains honnêtes (ils sont légion), nous n’en serons pas plus chrétiens et ne comprendrons pas davantage le christianisme. Nous le comprendrons même plutôt moins. Et nous ne pourrons dire, sans blasphème, que c’était cela, la “Vérité à incarner” dans le monde actuel. Car s’il y a une chose bien certaine, c’est que l’homme n’est pas le Verbe Incarné. Je supplie qu’on nous prêche inlassablement justement ce que ni le monde ni nous-mêmes ne comprenons : non pas la nouvelle morale, mais la religion chrétienne, cette folie de la Croix qu’est l’espérance du salut en Jésus-Christ. Et qu’on nous l’annonce avant que nous soyons devenus trop honnêtes pour entendre l’étrange prophétie de Bloy : “L’espèce est si prodigieusement dégénérée qu’elle ne peut plus produire que des HONNÊTES GENS, c’est-à-dire des monstres mous et collants, incapables des abominations du vice et des abominations de la vertu.” »
2 août
2 août 1938
Écriture de « L’ordre », qui paraît dans Les Cahiers du Sud, n° 208, août-septembre 1938, p. 633.
« Quitte ce sang. Fuis le carnage ancien. Retourne
aux fonds de verte après-midi dans la stupeur
aux tendres eaux frappées de mémoire, à l’adieu
chaste des avoines sur les tombes. Il fait grave
dans les airs, et jusqu’à l’œil rauque des confins
sombre amant des cyprès regarde ! l’immuable
sculpté par leurs stridents ciseaux, c’est le très noir
quoique pâmé d’azur ! corps de l’aimée. »
3 août
3 août 1945
« Quelques jeunes poètes », article de Pierre Emmanuel dans Temps présent, 9e année, n° 50, p. 3. À propos de Nicole Cartier-Bresson : Le double départ, Léopold Sédar Senghor : Chants d’ombre, Alain Bosquet : La vie est clandestine. « La pression de l’événement, un sentiment tragique du destin, une expérience de la guerre qui s’inscrit dans un vocabulaire enrichi et renouvelé, donnent souvent au recueil d’Alain Bosquet, La vie est clandestine, cette grandeur violente que l’on regrette parfois de ne pas trouver chez Senghor. Certes, l’usage de la litanie, presque continu chez Alain Bosquet, contient un appel à la facilité que n’évite pas toujours ce poète. Mais la reprise de souffle que la litanie suppose donne voix à de plus grandes étendues d’expérience et développe concentriquement un thème essentiel. Ce qui serait un danger devient ici, par l’évidence même de la chose représentée (la situation de l’homme dans la guerre et dans l’époque), une force qui prend possession du lecteur. »