Les nouveautés sur le site
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• Cela s'est passé un... Semaine du 4 au 11 juin (ci-dessous).
• L'extrait du mois :
- « Père », Tu, Seuil, 1978, p. 188 ; Œuvres poétiques complètes, vol. II, L’Âge d’Homme, 2003, p. 564-565.
- « Qu’est-ce, pour toi, l’homme ? », France-Catholique, n° 1751, 4 juillet 1980. Repris dans L'Arbre et le vent, Seuil, 1981, p. 64-65.
• Une œuvre unique à l'histoire étonnante : Pierres d'hymnaire.
• 28 novembre 2019 : décès de M. François Livi, exécuteur testamentaire du poète et président du Centre de recherche. Cf. colonne de droite (Centre de recherche).
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Mme Catherine Emmanuel Carlier, présidente de l'Association des Amis de Pierre Emmanuel, lui rend ici hommage.Chers Amis,
La nouvelle de la mort de François Livi nous a tous bouleversés, il est parti trop vite, trop tôt.
Au fil du temps nous avions appris à le connaître. Nous aimions son humour, la qualité de son écoute, son humilité, sa bienveillance.
Parfois, il se plaisait à nous raconter sa première rencontre avec Pierre Emmanuel, en 1966 rue de Varenne, alors qu’il était un tout jeune étudiant et comment très vite ils se lièrent d’une profonde amitié. Une amitié qui ne s’est jamais démentie.
François Livi exécuteur testamentaire de Pierre Emmanuel fut le président du Centre de recherche, crée en 1986. Il a beaucoup œuvré, avec tous les membres du Centre, à la connaissance et à la mémoire du poète et nous lui en sommes très reconnaissants.
Comme il va nous manquer lui qui nous a tant donné et tant appris !
Catherine Emmanuel Carlier
Présidente de l’Association des amis de Pierre Emmanuel
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• Des nouvelles dans "On en parle...", colonne de droite: livres, émissions et articles nouveaux sur Pierre Emmanuel.
• La lettre de l'Association des Amis de Pierre Emmanuel et le bulletin d'adhésion 2019. Merci aux généreux donateurs !
• IMPORTANT : Les photos, textes et autres documents de ce site ne sont pas libres de droit, ceux de Facebook ou des affiches non plus.
• Rappel : les liens sont visibles lorsqu'on passe sur le texte.
Le mot de l'Association
Depuis sa création, en 1985, l'Association s'est attachée à servir la mémoire de Pierre Emmanuel et à faire connaître son œuvre en apportant son soutien à des publications, rencontres, expositions, émissions radiophoniques et à différents hommages en France comme à l'étranger.
La création d'un site Pierre Emmanuel s'est imposée comme une évidence et une priorité. Un nouvel outil pour retracer l'itinéraire de l'écrivain, du poète et de l'homme d'action engagé dans son siècle en faisant découvrir ses multiples visages : l'homme de culture, son action auprès des médias, mais aussi l'homme de foi, l'homme courageux, le résistant, le défenseur des droits de l'homme.
C'est un travail énorme qui fut engagé, un travail exigeant et rigoureux mené par Anne Simonnet (*) aidée dans ses recherches par des témoins de la vie de Pierre Emmanuel, par le Centre de recherche et par la famille du poète. Une approche aussi complète a nécessité des années de consultation dans les archives de la BNF, de l'Imec, l'Ina, et d'autres fonds. Des manuscrits, des photographies, des lettres et des documents souvent inédits, prêtés par des amis, des proches ou d'anciens collaborateurs de Pierre Emmanuel ont considérablement enrichi le site.
Pierre Emmanuel visionnaire, initiateur et créateur de la Vidéothèque (Forum des Images), confiant dans les nouvelles technologies, aurait certainement apprécié l'instrument de connaissance, de dialogue et d'échange que constitue un tel site.
Proposer un site clair, lisible, complet et accessible à tous, telle fut notre démarche pour que Pierre Emmanuel reste vivant dans les mémoires.
Catherine Carlier, Présidente de l'Association
(*) Anne Simonnet est professeur de Lettres classiques, Docteur ès Lettres, auteur de l'ouvrage Pierre Emmanuel, poète du Samedi saint et d'une thèse : Le Christ de Pierre Emmanuel. L'élaboration d’un mythe personnel.
Cela s'est passé un... (La micro-information du jour)
4 juin
4 juin 1982
« Une année de grâce », article de Pierre Emmanuel dans France catholique, n° 1851. « Je ne reconnais pas à la politique la primauté presque absolue que lui donne, par nature et sur ordre, le monopole des media. Cette hypertrophie sans limite de ce qui n’est, après tout, qu’un aspect extérieur de la vie individuelle et collective, une part strictement définie dans l’ensemble de nos solidarités, m’inquiète sur l’avenir de nos libertés plus qu’elle ne me rassure sur notre rôle dans les affaires publiques. Je ne puis m’empêcher d’y craindre, une dérive totalitaire échappant à la volonté des hommes, mais non à ce goût maniaque de la rationalisation que les bureaucrates confondent avec le bon fonctionnement. »
5 juin
5 juin 1969
Pierre Emmanuel est reçu à l’Académie française. Il y prononce l’éloge du maréchal Juin. « [I]l m’arrive (…) souvent de me poser, face à la nuit de la page blanche, la question amère tombée des lèvres de Reverdy : “Comment expliquer, se demande-t-il au sujet de la poésie, que ce soit précisément le filon que l’homme songe d’abord à exploiter aux premiers moments de son impétueuse jeunesse ? Et d’autre part, comment contempler sans un triste sourire l’idée que l’on puisse vieillir en mâchonnant des vers ?”»
M. et Mme Pierre Emmanuel reçoivent ensuite chez eux, 61 rue de Varenne, de 18 h à 20 h, à l’issue de la réception à l’Académie française.
6 juin
6 juin 1975
« Misère de la philosophie ou misère de la science ? », article de Pierre Emmanuel dans France catholique, n° 1486. « L’épuisement de la métaphysique caractérise la philosophie contemporaine jusque chez les métaphysiciens. En revanche, la science et toutes les inductions para-scientifiques qu’elle hasarde occupent presque tout le champ de la pensée.
Tandis qu’un philosophe, un esprit religieux, un poète, font de moins en moins autorité, même sur la connaissance intime de l’homme, un savant peut, en toute assurance, outrepasser son domaine propre pour donner des raisons d’être ou de désespérer.
Encore ici le mot être est-il de trop, c’est : exister qu’il faudrait dire. La question de l’être, plus précisément de ce qui fonde ce qui est, est tenue pour insoluble et inutile. »
7 juin
7 juin 1969
Anonyme, « Élection à l’Académie française ; extrait de son Discours », La Croix, 7 juin 1969, p. 12. « Tandis que je repasse la variété de vos talents, de vos fonctions et de vos services, voyant chez tous la plus ferme présence d’esprit soutenir une activité supérieure, je sors du songe qui m’a mené parmi vous, moi qui dans ma vie n’ai guère fait que des vers. J’ai toujours prétendu, il est vrai, que c’est là faire quelque chose ; mais que ce soit chose utile, je ne l’ai pas dit. Au contraire, je n’ai cessé de dire que dans le système de valeurs relatives où l’homme s’enferme avec obstination, la poésie n’est d’aucune utilité à rien : mais que, prise absolument, elle est nécessaire.
Ce que tant d’intelligences aujourd’hui, qui comprennent presque tout et si vite, n’entendent pas ou feignent de n’entendre, c’est que l’inutile est pure grâce, et que l’homme est plus affamé de grâce que d’aucun bien. Les poètes passent leur vie et le plus obscur de leur temps à figurer ce nécessaire qui leur manque essentiellement. Comme ce qu’ils figurent leur échappe toujours, quoi de surprenant que cet insaisissable paraisse incommunicable ? D’où la méfiance de tant d’esprits positifs à l’égard de la poésie et (8) plus encore des poètes, dont les arguments pour justifier la fonction poétique semblent concourir à la faire apparaître sans objet. De tous les témoins de son art, le poète est le plus récusable : heureusement la poésie en a d’autres, dont l’autorité rappelle à un univers qui l’oublie que cet art, dans sa démarche apparemment aveugle, a place parmi les formes hautes de la pensée. »
8 juin
8 juin 1940
Pontoise, où habitait alors Pierre Emmanuel, est bombardée dans la nuit du 7 au 8 juin 1940, puis le 10 juin. « Ce fut alors un bombardement qui nous jeta dans les caves : comme une force de la nature, ces grands coups de bélier contre la terre m’exaltaient et me terrifiaient à la fois. Quand j’émergeai de l’abri, je n’avais plus de toit sur la tête. Pas un soldat : pas un semblant d’autorité civile. Nous n’avions plus de maison, plus de travail : plus de raison de vivre ici. » Pierre Emmanuel date toujours cet événement du 9 août ; il est donc probable que sa maison s’est écroulée dans la nuit du 9 au 10 juin, au cours du second bombardement. Ainsi dans un enregistrement inédit de 1974 : « le 9 juin 1940, alors que j’étais dans la cave de ma maison, une bombe est tombée de plein fouet sur celle-ci, et quand je suis sorti j’étais à l’air libre : il n’y avait plus de maison. En tout cas il n’y avait plus que le rez-de-chaussée de la maison. Donc je n’avais plus rien : j’habitais le 2d étage et je n’avais plus rien. » Il écrit qu’il ne lui reste qu’une richesse : « ma machine à écrire », « que j’ai sauvée simplement parce que je l’avais mise à l’abri en cas de bombardement. »
« Par grâce, un beau jour
Le ciel me tomba sur la tête.
Ce fut en juin dix-neuf cent quarante à Pontoise issu de la cave en plein bombardement.
Depuis ce jour-là je n’ai plus de toit, j’habite le bleu dont la chute m’entraîne.
Il me croule dessus je m’effondre dessous plus je veux en naître plus il est abrupt
Plus je le déblaie et mieux il m’abîme. » (Tu, « La rencontre »)
9 juin
9 juin 1978
« Écrire, c’est tracer des signes », 10e et dernière émission dans le cadre des « Chemins de la connaissance ». Pierre Emmanuel est interviewé par Paule Chavasse, qui fut longtemps sa collaboratrice à la radio. « Pour moi écrire ça a toujours été comme dans mon enfance, enfin, le fait de tracer des signes sur une feuille de papier. / - À la main ? / - À la main, oui, bien vous avez aussi raison de me poser cette question, parce qu’en fait j’écris à la machine à écrire, aussi. […] il y a très longtemps que j’écris à la machine à écrire, parce que mon père m’a offert une machine à écrire quand j’avais vingt ans, et je commençais déjà à m’intéresser un peu à la poésie, et à la typographie de celle-ci. » La première mention de cette machine se trouve dans une lettre du 28 août 1935.
10 juin
10 juin 1971
« Le temps de lire », émission télévisée. Pierre Emmanuel est interviewé à l’occasion du Festival international du livre de Nice et sur l’éveil de la poésie chez les enfants. « Est-ce que vous pensez utile de faire écrire des poèmes aux enfants ? Dans quel but ? Ce n’est pas pour en faire des poètes ?
Pierre Emmanuel : Naturellement, ce n’est pas pour en faire des poètes. Mais c’est d’abord pour assouplir leur usage de la langue. C’est aussi pour leur permettre d’épanouir leur sensibilité et leur imagination. »
11 juin
11 juin 1971
« La culture, une raison d’être ensemble », Une interview de Pierre Emmanuel, président de la Commission des affaires culturelles pour le VIe Plan, dans Combat par Jean-Jacques Olivier. « [J]’ai toujours eu pour ma part le sentiment que le monde de la valeur et en particulier celui de la Beauté qui est à mon sens l’une des formes les plus hautes de la Valeur ne pouvait être réservé à un petit nombre, et ceci en partie à cause de mon expérience d’enfant et de jeune homme en milieu paysan. Les paysans ont une capacité immédiate de sentir le beau, en particulier le beau de la nature, de se réaliser dans un univers qui est le leur, univers de relations humaines, univers de relation entre l’homme et son travail, entre l’homme et ses outils. »