Les nouveautés sur le site
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• Cela s'est passé un... Semaine du 21 au 28 juillet (ci-dessous).
• L'extrait du mois :
- « Veni », 7, Tu, Seuil, 1978, p. 41 ; Œuvres complètes, vol. II, L’Âge d’Homme, 2003, p. 473-474.
- « Le poète et son public », Poésie 45, 22, janvier 1945, p. 27-34. Repris dans Poésie raison ardente, Egloff, Fribourg et L.U.F., Paris 1948, p. 38-39.
• « The power of the poet », The Atlantic, n° 187, janvier 1951, p. 74-77.
• 28 novembre 2019 : décès de M. François Livi, exécuteur testamentaire du poète et président du Centre de recherche. Cf. colonne de droite (Centre de recherche).
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Mme Catherine Emmanuel Carlier, présidente de l'Association des Amis de Pierre Emmanuel, lui rend ici hommage.Chers Amis,
La nouvelle de la mort de François Livi nous a tous bouleversés, il est parti trop vite, trop tôt.
Au fil du temps nous avions appris à le connaître. Nous aimions son humour, la qualité de son écoute, son humilité, sa bienveillance.
Parfois, il se plaisait à nous raconter sa première rencontre avec Pierre Emmanuel, en 1966 rue de Varenne, alors qu’il était un tout jeune étudiant et comment très vite ils se lièrent d’une profonde amitié. Une amitié qui ne s’est jamais démentie.
François Livi exécuteur testamentaire de Pierre Emmanuel fut le président du Centre de recherche, crée en 1986. Il a beaucoup œuvré, avec tous les membres du Centre, à la connaissance et à la mémoire du poète et nous lui en sommes très reconnaissants.
Comme il va nous manquer lui qui nous a tant donné et tant appris !
Catherine Emmanuel Carlier
Présidente de l’Association des amis de Pierre Emmanuel
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• Des nouvelles dans "On en parle...", colonne de droite: livres, émissions et articles nouveaux sur Pierre Emmanuel
• IMPORTANT : Les photos, textes et autres documents de ce site ne sont pas libres de droit, ceux de Facebook ou des affiches non plus.
• Rappel : les liens sont visibles lorsqu'on passe sur le texte.
Le mot de l'Association
Depuis sa création, en 1985, l'Association s'est attachée à servir la mémoire de Pierre Emmanuel et à faire connaître son œuvre en apportant son soutien à des publications, rencontres, expositions, émissions radiophoniques et à différents hommages en France comme à l'étranger.
La création d'un site Pierre Emmanuel s'est imposée comme une évidence et une priorité. Un nouvel outil pour retracer l'itinéraire de l'écrivain, du poète et de l'homme d'action engagé dans son siècle en faisant découvrir ses multiples visages : l'homme de culture, son action auprès des médias, mais aussi l'homme de foi, l'homme courageux, le résistant, le défenseur des droits de l'homme.
C'est un travail énorme qui fut engagé, un travail exigeant et rigoureux mené par Anne Simonnet (*) aidée dans ses recherches par des témoins de la vie de Pierre Emmanuel, par le Centre de recherche et par la famille du poète. Une approche aussi complète a nécessité des années de consultation dans les archives de la BNF, de l'Imec, l'Ina, et d'autres fonds. Des manuscrits, des photographies, des lettres et des documents souvent inédits, prêtés par des amis, des proches ou d'anciens collaborateurs de Pierre Emmanuel ont considérablement enrichi le site.
Pierre Emmanuel visionnaire, initiateur et créateur de la Vidéothèque (Forum des Images), confiant dans les nouvelles technologies, aurait certainement apprécié l'instrument de connaissance, de dialogue et d'échange que constitue un tel site.
Proposer un site clair, lisible, complet et accessible à tous, telle fut notre démarche pour que Pierre Emmanuel reste vivant dans les mémoires.
Catherine Carlier, Présidente de l'Association
(*) Anne Simonnet est professeur de Lettres classiques, Docteur ès Lettres, auteur de l'ouvrage Pierre Emmanuel, poète du Samedi saint et d'une thèse : Le Christ de Pierre Emmanuel. L'élaboration d’un mythe personnel.
Cela s'est passé un... (La micro-information du jour)
21 juillet
21 juillet 1981
Pierre Emmanuel prononce deux conférences suivies de discussions lors d’un cours de perfectionnement pour enseignants étrangers à l’Institut International d’Études françaises de l’Université de Strasbourg II. Le texte en est retranscrit dans La poésie comme forme de la connaissance. « [L]a première chose qu’il faut comprendre lorsqu’il s’agit d’une œuvre, c’est qu’elle est d’abord l’œuvre d’un auteur. Il y a quelqu’un là-derrière ; nous avons tendance, trop souvent, à l’oublier. Et ce quelqu’un, là-derrière, ne l’a pas écrite simplement pour mettre en forme des idées ; il l’a écrite, cette œuvre on peut conjecturer, en tout cas, dans beaucoup de cas – qu’il l’a écrite, poussé par un certain besoin, animé par une force intérieure, et que cette œuvre, en formulant ce qu’on peut appeler des pensées, mais qui n’est pas nécessairement de l’ordre de la pensée, lui permettait de se voir lui-même, de s’interroger lui-même, de se libérer. Ceci doit être très clair dans votre esprit : il y a quelqu’un là. Même lorsque vous lisez Eschyle, ou Euripide, ou Sophocle, il y a quelqu’un, là. »
22 juillet
22 juillet 1983
« Apprends bien ta leçon, fillette… », article de Pierre Emmanuel dans France catholique, n° 1910. « Cahin-caha, le monde suit son cours, et force est de constater que nous n’en savons pas grand-chose. Sur le petit écran-kaléidoscope, toutes les trente secondes, des fragments colorés se groupent, ébauchent un sens, se défont, puis leur jeu recommence. Pour les attentifs, un constat : la disparition presque totale de l’information à l’échelle planétaire, des grands reportages en particulier. Nos moyens d’information sont pourtant immenses, leurs sources, dit-on, ne cessent de se multiplier. Bientôt le câble, les satellites, bientôt quarante, cent, mille canaux à la portée du premier terrien venu. Et, en même temps, ce phénomène qui sera demain sensible à tous, même à ceux dont la “télé” remplace leur substance grise : le ramollissement, la paralysie progressive de l’imagination concrète, de la capacité de concevoir les faits, chez la masse des individus soumis au monopole de l’image, et dont le petit écran devient le milieu mental. Cet affaiblissement d’une fonction majeure de l’esprit n’atrophie pas que ceux qui le subissent ; il touche aussi, et peut-être surtout, ceux qui le provoquent : les détenteurs du monopole, ses manipulateurs. »
23 juillet
23 juillet 1982
« Ce Liban qui ne s’appartient plus », article de Pierre Emmanuel dans France catholique, n° 1858. « Je crois profondément, c’est-à-dire, tout court : je crois, que l’esprit travaille le monde actuel au travers de souffrances inouïes, et qu’un jour peut-être proche, les linéaments d’une lecture symbolique globale apparaîtront à qui saura lire non pas scientifiquement, mais psychiquement et religieusement. La douleur, quand elle est vraiment comprise et partagée, est foncièrement hospitalière : c’est ce que révèlent, dans leur sérénité étrange, certaines images du Liban déchiré. Je pense souvent à cette phrase de Teilhard de Chardin dans son Journal de guerre : “à chaque phase de progrès du monde correspond une certaine profondeur nouvelle de mal, et de puissance malfaisante qui s’intègre avec l’énergie libre croissante pour le bien – l’une appelant l’autre, la créant, l’excitant…” Et je me dis que, peut-être, une intelligence plus imaginative, plus spirituelle, pourrait saisir cette correspondance et la maîtriser. »
24 juillet
24 juillet 1981
« L’autre est en nous », article de Pierre Emmanuel dans France catholique, n° 1806. « Hitler a su créer, par le terrorisme politique, une lâcheté féroce dans l’ensemble des classes dépossédées, ruinées ou anémiées par une après-guerre qui leur semblait sans espoir. L’état de nos sociétés en crise est incomparablement moins dramatique, mais elles sont en train, elles aussi, d’accoucher d’une forme nouvelle de politique et d’économie de masses. De plus, elles ont cessé d’être des citoyennetés closes pour s’ouvrir à des étrangers qu’elles tolèrent plus ou moins dans leur sein, mais auxquels elles ne peuvent encore offrir un statut qui, sans les dénaturer, les intègre. Le rapport avec le tiers monde commence parmi nous : c’est notre relation avec l’autre. Il est capital, pour que l’autre ne soit pas utilisé puis rejeté comme un déchet, que notre société tout entière prenne conscience de sa pluralité. »
25 juillet
25 juillet 1980
« Qu’est-ce, pour nous, la France ? », article de Pierre Emmanuel dans Le Figaro, p. 1, 4. « Il se pourrait, pourtant, qu’un candidat fit entendre, à des Français peut-être pas si sourds, ce qu’est pour lui la France : et que cette définition de la France ne fût pas qu’un témoignage du passé, mais l’affirmation d’une République vivante ; qu’elle fût une politique, et même extérieure(…) ! Je souhaiterais qu’il parlât de la France comme ce personnage de Giraudoux dans L’Impromptu de Paris : “Laissez-moi rire quand j’entends proclamer que la destinée de la France est d’être ici-bas l’organe de la retenue et de la pondération ! La destinée de la France, c’est d’être l’embêteuse du monde. Elle a été créée, elle s’est créée pour déjouer dans le monde le complot des rôles établis, des systèmes éternels… Il y a dans l’ordre, dans le calme, dans la richesse, un élément d’insulte à l’humanité et à la liberté que la France est là pour relever et punir. Dans l’application de la justice intégrale elle vient immédiatement après Dieu et chronologiquement avant lui… La mission de la France est remplie, si, le soir, en se couchant, tout bourgeois consolidé, tout pasteur prospère, tout tyran accepté se dit en ramenant son drap : “Tout n’irait pas trop mal, mais il y a cette sacrée France ! Car tu imagines la contrepartie de ce monologue dans le lit de l’exilé, du poète et de l’opprimé.” »
26 juillet
26 juillet 1946
« Écrivains, rappelons le langage à l’ordre de l’esprit », article de Pierre Emmanuel dans Temps présent, 10e année, n° 101, p. 4. Le texte est repris dans Poésie raison ardente, p. 61-70, sous le titre « Aux écrivains ». « Vous rappelez-vous l’étonnement, l’effroi peut-être qui vous saisirent quand, pour la première fois, vous avez reconnu votre langage ? Jusqu’alors, ce n’était point vous-mêmes qui parliez, mais un infirme empruntant à d’autres ses paroles ; vous exprimant, certes, mais comme à la surface de vous-même, et dont les mots ridaient à peine l’eau dormante de votre vie cachée. Déjà, pourtant, vous pressentiez le nouvel être, qui déblaierait le fatras des mots anciens. Un jour, la page écrite, tout obscure qu’elle fût pour vous, vous connûtes, à n’en pas douter, que cet homme nouveau venait de naître : “homme nouveau devant les choses inconnues”, comme le Cébès de Tête d’Or quand il paraît sur la scène du monde. Car les choses hier familières, connues de cette connaissance commune qui rend aisé l’échange quotidien, soudain vous devenaient étranges ou plutôt vous leur deveniez étranger. »
27 juillet
27 juillet 1945
« Paul Valéry ou la transparence du génie français », article de Pierre Emmanuel dans Temps présent, 9e année, n° 49, p. 3. « Valéry fut, dans un temps traversé de pressentiments terribles, mais étayé somme toute par certaines valeurs, l’un des plus illustres représentants d’un humanisme qui, ses tenants ayant vieilli, s’est vu dépassé par l’urgence grandissante des problèmes, et aussi par leurs dimensions. Mais le principe de cet humanisme, à savoir que l’esprit reste en dernier lieu souverain du désordre des faits, rien ne prouve qu’en soit caduque la millénaire royauté. Peut-être appartient-il à notre époque d’agonie de le rétablir à l’échelle nouvelle du monde. »
28 juillet
28 juillet 1965
« Procès d’Auschwitz : la marque infamante », Réforme, n° 1067, 28 août 1965, p. 3. « Ce siècle s’effraie d’accepter la corrélation entre les deux formes d’accélération dont il est la proie : celle de la technique appliquée à l’univers et celle de la technique appliquée à l’homme. Pourtant, l’objectivation du “phénomène humain” sans contrepartie dans l’ordre subjectif, c’est-à-dire spirituel et moral, peut être aussi bien, désormais, l’affaire de sociologues bénins que de conditionneurs féroces. Dès l’instant que l’homme est son propre matériau, la technique devient une, et la souffrance ou la mort ne sont plus que des processus de déchet. »