Les nouveautés sur le site
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• Cela s'est passé un... Semaine du 15 au 22 septembre (ci-dessous).
• L'extrait du mois :
- « Hymne au Père, 16 », Le grand œuvre, Seuil, 1984, p. 129. ; Œuvres complètes, vol. II, L’Âge d’Homme, 2003, p. 1064
- « Le risque de la mort », Conférence prononcée à la Semaine des intellectuels catholiques (6-12 novembre 1963), in L’avenir, DDB, 1964, p. 176-183), repris dans La Face humaine,Seuil, 1965 ; p. 240-241.
• « The power of the poet », The Atlantic, n° 187, janvier 1951, p. 74-77.
• 28 novembre 2019 : décès de M. François Livi, exécuteur testamentaire du poète et président du Centre de recherche. Cf. colonne de droite (Centre de recherche).
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Mme Catherine Emmanuel Carlier, présidente de l'Association des Amis de Pierre Emmanuel, lui rend ici hommage.Chers Amis,
La nouvelle de la mort de François Livi nous a tous bouleversés, il est parti trop vite, trop tôt.
Au fil du temps nous avions appris à le connaître. Nous aimions son humour, la qualité de son écoute, son humilité, sa bienveillance.
Parfois, il se plaisait à nous raconter sa première rencontre avec Pierre Emmanuel, en 1966 rue de Varenne, alors qu’il était un tout jeune étudiant et comment très vite ils se lièrent d’une profonde amitié. Une amitié qui ne s’est jamais démentie.
François Livi exécuteur testamentaire de Pierre Emmanuel fut le président du Centre de recherche, crée en 1986. Il a beaucoup œuvré, avec tous les membres du Centre, à la connaissance et à la mémoire du poète et nous lui en sommes très reconnaissants.
Comme il va nous manquer lui qui nous a tant donné et tant appris !
Catherine Emmanuel Carlier
Présidente de l’Association des amis de Pierre Emmanuel
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• Des nouvelles dans "On en parle...", colonne de droite: livres, émissions et articles nouveaux sur Pierre Emmanuel
• IMPORTANT : Les photos, textes et autres documents de ce site ne sont pas libres de droit, ceux de Facebook ou des affiches non plus.
• Rappel : les liens sont visibles lorsqu'on passe sur le texte.
Le mot de l'Association
Depuis sa création, en 1985, l'Association s'est attachée à servir la mémoire de Pierre Emmanuel et à faire connaître son œuvre en apportant son soutien à des publications, rencontres, expositions, émissions radiophoniques et à différents hommages en France comme à l'étranger.
La création d'un site Pierre Emmanuel s'est imposée comme une évidence et une priorité. Un nouvel outil pour retracer l'itinéraire de l'écrivain, du poète et de l'homme d'action engagé dans son siècle en faisant découvrir ses multiples visages : l'homme de culture, son action auprès des médias, mais aussi l'homme de foi, l'homme courageux, le résistant, le défenseur des droits de l'homme.
C'est un travail énorme qui fut engagé, un travail exigeant et rigoureux mené par Anne Simonnet (*) aidée dans ses recherches par des témoins de la vie de Pierre Emmanuel, par le Centre de recherche et par la famille du poète. Une approche aussi complète a nécessité des années de consultation dans les archives de la BNF, de l'Imec, l'Ina, et d'autres fonds. Des manuscrits, des photographies, des lettres et des documents souvent inédits, prêtés par des amis, des proches ou d'anciens collaborateurs de Pierre Emmanuel ont considérablement enrichi le site.
Pierre Emmanuel visionnaire, initiateur et créateur de la Vidéothèque (Forum des Images), confiant dans les nouvelles technologies, aurait certainement apprécié l'instrument de connaissance, de dialogue et d'échange que constitue un tel site.
Proposer un site clair, lisible, complet et accessible à tous, telle fut notre démarche pour que Pierre Emmanuel reste vivant dans les mémoires.
Catherine Carlier, Présidente de l'Association
(*) Anne Simonnet est professeur de Lettres classiques, Docteur ès Lettres, auteur de l'ouvrage Pierre Emmanuel, poète du Samedi saint et d'une thèse : Le Christ de Pierre Emmanuel. L'élaboration d’un mythe personnel.
Cela s'est passé un... (La micro-information du jour)
15 septembre
15 septembre 1982
« Au commencement », conférence de Pierre Emmanuel publiée dans Impacts, n° 3, 15 septembre 1982, p. 5-22. « Le texte qu’on va lire est le discours prononcé à la clôture de la “Rencontre sur l’unité culturelle des deux moitiés de l’Europe”, rencontre qui eut lieu à Rome à la fin de novembre 1981 à l’initiative des Recteurs des Universités de Lublin et du Latran. » « Parler à la fin, pour un poète, est un honneur redoutable : car le poète est l’homme du commencement. Fasciné par l’origine, l’Alpha des choses : et par ce qu’il y a d’original en toute situation humaine. Sa nature est d’être un point d’émergence de la réalité inchoatique, mal dégagée d’une épaisseur, d’une confusion, d’un mélange et comme d’une mêlée: bref, d’un état que, faute de le pénétrer pour le connaître, nous symbolisons sous le nom de chaos. Cette réalité émergente est humaine, pressentie, imaginée, conçue, dans l’homme, par l’homme, en relation à l’homme : le mot homme entendu non seulement comme l’individu, mais comme l’englobant de toute expérience humaine, de toute forme d’humanité. »
16 septembre
16 septembre 1994
Robert Masson, « Comme il nous manque », France Catholique, n° 2466, 16 septembre 1994, p. 14-15. « Dix ans déjà que Pierre Emmanuel n’est plus, pour reprendre les mots que l’on emploie faute d’en trouver d’autres. Et bien que l’on en sache la radicale insuffisance. Car s’il en est un qui n’a pas cessé d’être, c’est bien cet homme tout de présence, et qui le demeure. Par son œuvre inépuisable, mais aussi par cette empreinte dont il a marqué ceux qui l’ont connu et qui lui sont à jamais redevables.
Nous étions de ceux-là, nous autres à qui Pierre Emmanuel a fait la grâce d’une collaboration de chaque semaine les quatre dernières années de sa vie. Grand œuvre avant la lettre et qui était bien de l’ordre de cet ultime ouvrage paru sous ce titre à quelques jours, pour ne pas dire à quelques heures seulement de sa mort. Cosmogonie par le souffle, elle était aussi une cosmo-agonie, comme l’écrit ici même son ami de si longue date, Claude Vigée.
Pierre Emmanuel ne nous proposait pas une approche en surface de l’événement. Dans chaque numéro il disposait d’une pleine page, la dernière, dans le format de l’époque, qui lui permettait tous les développements. »
17 septembre
17 septembre 1982
« Vivre libre ou mourir », article de Pierre Emmanuel dans France catholique, n° 1866. « Identifier liberté et bonheur, c’est faire un contre-sens de principe entre la satisfaction réitérée de besoins croissants et l’accord d’un être avec sa fin absolue. Notre société chasse les individus hors d’eux-mêmes, vers des objets de plus en plus centrifuges, les soumettant à une sujétion qui anémie en eux la liberté, qu’ils confondent avec la libération de leurs désirs.
Saurions-nous encore ce qu’est la liberté s’il nous fallait défendre demain, non le droit au bonheur tel que le conçoit notre société permissive, mais celui bien plus fondamental de la personne humaine à la transcendance de la vérité ? »
18 septembre
18 septembre 1981
Radio France transmet des extraits du colloque sur Pierre Teilhard de Chardin qui s’est tenu à l’UNESCO du 16 au 18. Pierre Emmanuel, Président du Comité du Centenaire Teilhard de Chardin, prononce le discours inaugural. « Dès l’enfance, Pierre Teilhard de Chardin est animé d’une passion inhérente à son être même : spontanément, il vise, en tout, “à atteindre de l’Absolu”. Telle est la formule qu’il donnera, adulte, de cet instinct de la cohérence totale, de cette “joie fondamentale” que lui inspire le réel. Joie d’un rapport avec la chose, dans sa consistance, sa solidité. Joie d’être, par cette chose même, relié à une Présence, à une Réalité. Joie de relier, par un effort de compréhension, d’intégration, cette chose à cette Présence. “Une plénitude et une conviction grandissantes” vont fortifier cette joie du savoir, ce savoir qui est joie. Toute l’œuvre philosophique de Teilhard ne sera qu’un hymne à l’unité de la connaissance et de l’être, telle que son œuvre scientifique l’expérimentera. »
19 septembre
19 septembre 1983
Écriture de « Vanité des vanités », article à paraître dans France catholique. « [D]epuis quinze ans, j’ai très souvent été invité à donner des conférences sur la politique culturelle, la réforme de l’école, l’avenir de l’audiovisuel, mais très rarement sur la poésie, qui, elle, ne survit qu’aux catacombes.
Je le fus pourtant il y a trois mois à Montpellier, pour, me disait-on, “couronner” une quinzaine d’“animation” poétique pendant laquelle tous les poètes du Languedoc étaient supposés s’égailler dans les campagnes. L’“animateur” de ce genre très officiel, sorte d’agitprop pour qui j’avais la pénible impression d’être un objet encombrant, se martelait du poing sur le front en menaçant devant moi les gens de Béziers qui résistaient à sa fureur animatrice : “Je finirai bien par leur enfoncer la culture dans le crâne, à ces Biterrois !” Ce qu’il fit sans doute toutes affaires cessantes, pour se consoler pour avoir si peu “animé” les Montpelliérains à m’entendre parler de poésie. J’eus un public d’une douzaine de personnes, mais c’étaient de vrais amateurs. En 1936, dans une salle qui peut contenir mille personnes, Paul Claudel avait eu lui aussi douze auditeurs, dont trois prêtres, deux religieuses, ma petite amie de l’époque et moi… »
20 septembre
20 septembre 1974
« Le grand chantier de l’imaginaire », article dans Le Figaro, p. 1, 31. « Voilà des années que je réfléchis, seul ou en équipe, aux grandes questions de la société nouvelle : un enseignement rénové, une culture ouverte à tous, des collectivités où les hommes ne se sentent pas perdus mais solidaires. J’ai parlé, discouru, écrit, donné des avis, imaginé des projets. Mes collègues du Conseil du développement culturel et moi, nous avions préconisé une politique des mass media capable de prévoir, au moins en partie, les grands changements qui s’annoncent, et ainsi de les orienter, de les maîtriser. Notre volonté de participation s’était brisée contre les cloisons administratives, après avoir été paralysée par le manque de moyens. À l’époque, j’avais insisté sur les formes possibles de la concertation entre le pouvoir et les citoyens. L’une d’elles consiste à confier des tâches précises à des hommes n’appartenant pas à la fonction publique. De ce fait, alors que je ne m’y attendais pas, j’ai été mis au pied du mur, avec vingt-quatre heures pour accepter ou refuser. Refuser eût été me retrancher dans un univers de paroles, et ainsi les rendre vaines, m’interdire tout droit de juger du réel. J’ai donc accepté, en me rendant compte de la difficulté de la tâche, mais aussi de sa portée. »
21 septembre
21 septembre 1972
Article de Maddaien Narbaits, « Pierre Emmanuel, Pour une politique de la culture », Démocratie moderne, 21 septembre 1972, p. 22. « C’est dans le chapitre intitulé “cheminement d’une idée” que l’on comprend comment l’expression “politique culturelle” est “un changement d’ordre de grandeur et non pas seulement une formule à effet” ; et aussi qu’elle “oblige à repenser à la fois le rôle du ministère des Affaires culturelles, sa place dans le gouvernement et ses relations avec les autres ministères “à vocation culturelle”.
Après avoir brossé à grands traits les principales propositions et certaines implications du rapport de la Commission, quelques lettres des correspondants de P. Emmanuel montrent de quelle façon des hommes d’âges divers conçoivent et vivent cette nouvelle idée de la culture. Les commentaires de P. Emmanuel prouvent avec éloquence que “le projet culturel n’est pas l’affaire des grands hommes” et qu’il dépend de chacun de créer “les plus hautes formes de vie”. Ainsi se trouve préfiguré ce que pourrait être un humanisme de notre temps. »
22 septembre
22 septembre 1945
Loÿs Masson, « Un livre de colère », Les Lettres françaises, n° 74, p. 3. « « La liberté guide nos pas ». Je sais comment elle a guidé Emmanuel. Que les doux me jettent la pierre (polie) qu’ils réservent à mon intention : la colère est la mesure de l’homme droit. Cette colère, Emmanuel ne l’a jamais refusée. On n’a pas oublié de quel prix hier, on la faisait payer. La monnaie des douze balles, le chèque tiré sur le camp de concentration : qui d’entre nous, ne serait-ce qu’une fois, n’a pas vu le moment où il allait être prié de passer au guichet ? Mais on gardait sa colère, sa seule richesse. Elle était le meilleur que pouvait offrir un homme – la liberté, la joie, la tendresse même s’en habillaient. Et aujourd’hui où tant de ceux qui frappèrent la monnaie de mort sont encore vivants, et prospèrent, et achètent l’indulgence aux marchands, c’est encore à la colère que je tiens. »