Les nouveautés sur le site
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• Cela s'est passé un... Semaine du 18 au 25 mai (ci-dessous).
• L'extrait du mois :
- « La Sainte Face », Jour de colère, Collection Fontaine, éditions E. Charlot, Alger, 15 mars 1942, p. 56 ; Œuvres complètes, vol. I, L’Âge d’Homme, 2001, p. 156.
- « Le Désert et le puits », Esprit, 1963, n° 9, p. 193 sq, repris dans Le goût de l'Un, Seuil, 1963, p. 37-38.
• « The power of the poet », The Atlantic, n° 187, janvier 1951, p. 74-77.
• 28 novembre 2019 : décès de M. François Livi, exécuteur testamentaire du poète et président du Centre de recherche. Cf. colonne de droite (Centre de recherche).
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Mme Catherine Emmanuel Carlier, présidente de l'Association des Amis de Pierre Emmanuel, lui rend ici hommage.Chers Amis,
La nouvelle de la mort de François Livi nous a tous bouleversés, il est parti trop vite, trop tôt.
Au fil du temps nous avions appris à le connaître. Nous aimions son humour, la qualité de son écoute, son humilité, sa bienveillance.
Parfois, il se plaisait à nous raconter sa première rencontre avec Pierre Emmanuel, en 1966 rue de Varenne, alors qu’il était un tout jeune étudiant et comment très vite ils se lièrent d’une profonde amitié. Une amitié qui ne s’est jamais démentie.
François Livi exécuteur testamentaire de Pierre Emmanuel fut le président du Centre de recherche, crée en 1986. Il a beaucoup œuvré, avec tous les membres du Centre, à la connaissance et à la mémoire du poète et nous lui en sommes très reconnaissants.
Comme il va nous manquer lui qui nous a tant donné et tant appris !
Catherine Emmanuel Carlier
Présidente de l’Association des amis de Pierre Emmanuel
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• Des nouvelles dans "On en parle...", colonne de droite: livres, émissions et articles nouveaux sur Pierre Emmanuel
• IMPORTANT : Les photos, textes et autres documents de ce site ne sont pas libres de droit, ceux de Facebook ou des affiches non plus.
• Rappel : les liens sont visibles lorsqu'on passe sur le texte.
Le mot de l'Association
Depuis sa création, en 1985, l'Association s'est attachée à servir la mémoire de Pierre Emmanuel et à faire connaître son œuvre en apportant son soutien à des publications, rencontres, expositions, émissions radiophoniques et à différents hommages en France comme à l'étranger.
La création d'un site Pierre Emmanuel s'est imposée comme une évidence et une priorité. Un nouvel outil pour retracer l'itinéraire de l'écrivain, du poète et de l'homme d'action engagé dans son siècle en faisant découvrir ses multiples visages : l'homme de culture, son action auprès des médias, mais aussi l'homme de foi, l'homme courageux, le résistant, le défenseur des droits de l'homme.
C'est un travail énorme qui fut engagé, un travail exigeant et rigoureux mené par Anne Simonnet (*) aidée dans ses recherches par des témoins de la vie de Pierre Emmanuel, par le Centre de recherche et par la famille du poète. Une approche aussi complète a nécessité des années de consultation dans les archives de la BNF, de l'Imec, l'Ina, et d'autres fonds. Des manuscrits, des photographies, des lettres et des documents souvent inédits, prêtés par des amis, des proches ou d'anciens collaborateurs de Pierre Emmanuel ont considérablement enrichi le site.
Pierre Emmanuel visionnaire, initiateur et créateur de la Vidéothèque (Forum des Images), confiant dans les nouvelles technologies, aurait certainement apprécié l'instrument de connaissance, de dialogue et d'échange que constitue un tel site.
Proposer un site clair, lisible, complet et accessible à tous, telle fut notre démarche pour que Pierre Emmanuel reste vivant dans les mémoires.
Catherine Carlier, Présidente de l'Association
(*) Anne Simonnet est professeur de Lettres classiques, Docteur ès Lettres, auteur de l'ouvrage Pierre Emmanuel, poète du Samedi saint et d'une thèse : Le Christ de Pierre Emmanuel. L'élaboration d’un mythe personnel.
Cela s'est passé un... (La micro-information du jour)
18 mai
18 mai 1984
« Un moment de la pensée », France catholique, n° 1953. « Je crois que la place du poète est insignifiante ; personne ne sait qu’il existe, ou ceux qui se souviennent des vers qu’ils ont appris à l’école, des vers de Victor Hugo, ou des vers de Lamartine, sont dégoûtés de lire de la poésie pour jamais ! Je crois que l’une des raisons de cette insignifiance de la poésie, et de la difficulté d’être poète en France aujourd’hui, vient du fait que dans notre enseignement, la poésie n’a strictement aucune place, la poésie n’a pas de statut. Le monde imaginaire lui-même n’en a pas. La plupart des gens confondent la poésie avec la faculté de faire de petits vers : on fait cela à la fin des repas de noces, ou le grand-père fait un petit sonnet quand son petit-fils a le baccalauréat ; ça c’est l’activité poétique telle que la plupart des Français l’envisagent. Pour le reste, l’idée qu’il puisse y avoir un art, et un art majeur, qui s’appelle la poésie, ne vient à personne… »
19 mai
19 mai 1955
Émile Henriot, « Les Abeilles d’Aristée », Le Monde, 19 mai 1955, p. ? « Quant au sens et à l'intérêt du contexte, ce n'était plus rien. La preuve par neuf de l'absurdité de la poésie pure a été fournie pendant l'occupation par Éluard, par Aragon et Pierre Emmanuel, qui, contraints par la circonstance et le besoin d'être entendus, ayant parlé en clair, ont immédiatement trouvé l'audience d'un très grand public, ravi qu'on s'adressât à lui et qu'on eût quelque chose d'important à lui dire, et qui intéressât son âme. »
20 mai
20 mai 1955
« Le monde la tête en bas », article de Pierre Emmanuel dans Témoignage chrétien, n° 567, p. 2. « Lecteurs plaignons l’opinion publique, c’est-à-dire vous et moi qui, tous ensemble, ne sommes personne, bien que censés être caution de tout. Notre immense corps virtuel ne saurait aujourd’hui où donner de la tête, si toutefois il en avait une. (…). Il faut dire aussi que le temps nous est présenté en morceaux, par demi-colonnes à la une, avec renvoi en cinquième page, et filet étanche tout autour.
C’est ainsi qu’une Providence mystérieuse – ou pas si mystérieuse que ça – nous parque derrière ses petits grillages pour nous retenir de nous mêler aux événements. Maternelle, elle nous évite leur bousculade, mais nous enlève ainsi l’occasion d’en rire : ou d’en pleurer. Elle nous assure un univers cohérent, et celui des petits grillages. Pourvu que celui-là tienne – et elle y veille – tout ce qui se passe au-delà peut s’offrir le luxe du plus ahurissant désordre, et nos porte-clés pour y jouer aux démiurges tout leur saoul. De temps en temps, pour nous montrer qu’ils nous aiment, ils nous jettent un surcroît de pitance, ou nous tiennent un beau discours de ménagerie, à moins qu’ils ne nous donnent pour nous amuser une gentille bombe ou un prototype flambant neuf. Comme un singe en extase en miroir, l’homme se mire aux merveilles de sa technique : tellement qu’il n’en pense plus à ses barreaux. »
21 mai
21 mai 1982
« Comme un benêt », article de Pierre Emmanuel dans France catholique, n° 1849. « À regarder les Actualités chaque jour, me voici au bord du rejet : l’ubiquité du phénomène m’angoisse, son inanité aussi ; l’une ne va pas sans l’autre. « On » annonce que bientôt nous capterons dix, vingt, pourquoi pas cent ou mille ? programmes de tout l'univers. La belle affaire ! À partir de ce désordre, quel œil, quelle intelligence critique pourront encore percevoir le réel ? (…) [M]on idée simple est qu'un message adressé par quelques-uns, toujours les mêmes et dépendants d'un pouvoir, à des millions qui n'ont sur eux aucun contrôle, constitue une violation permanente de notre espace spirituel, même quand nous n'avons pas de poste ou le débranchons.
L'instantané, le fragmentaire, le sans recul, l'incohérent, l'informe, le disproportionné, l'omis, le commenté, le maquillé, le faux, le de mauvaise foi, le (tout bêtement) prétentieux ou ignare, le bizarrement mis ensemble selon des lois qui en sont bien mais que l'entendement s'explique mal, tout cela, peut-être, ne serait rien sans le vide des têtes. Et non pas même de celles des quotidiennes Cassandre, compétentes, soucieuses ou réjouies, ou soucieuses et l'instant d'après réjouies : mais de ces têtes qui, là, pendant trois minutes, surgissent, chez vous, chez moi, pour dire quoi ? En trois minutes, que dire si, d'avance, la pensée s'empêtre dans la langue de bois des importants, des décideurs, des petits chefs qui parlent « pour » nous, selon notre âge, notre catégorie, nos besoins réels ou supposés ? »
22 mai
22 mai 1981
« À l’image et à la ressemblance », article de Pierre Emmanuel dans France catholique, n° 1797. Invité par une amie à parler de poésie à sa classe de prisonnier, Pierre Emmanuel est bouleversé par la profondeur de la rencontre. « Nous avions vécu deux heures ensemble dans un monde sans morale, mais non certes sans valeur. Nous n’avions parlé que de la valeur, de l’éminente valeur de l’être : en elle, nous avions fraternisé, reconnu sans le dire, notre vrai sens. Ces jours-ci, en écoutant les orateurs de cette si médiocre campagne présidentielle abaisser toute l’ambition des Français à leurs craintes pour leurs gros sous ou leur petite monnaie, j’ai repensé à cette matinée de Fresnes. Non, la plupart des gens, des gens à cheval sur la morale, connaissent peut-être le cours des valeurs mais ne savent pas grand-chose de la valeur. Celle-ci n’a rien à faire avec les hypocrisies de la morale : elle est un reflet de la Face de Dieu, dont parfois, s’illumine la face humaine, et que je vis briller, fugitif ou non, sur le visage de ces prisonniers. »
23 mai
23 mai 1974
« Quelles conditions pour une seule France ? », article de Pierre Emmanuel dans Le Figaro, p. 2. « En fait, l’égalité réelle supposerait un changement de mentalité. Notre société éclatée n’a plus de pères, mais surtout plus de mères. Voyez le nombre d’enfants qui portent en collier les clefs du logis. Beaucoup de femmes, parmi celles pour qui la maternité était la vraie fonction, la savent irremplaçable. Elles travaillent autant que les hommes, souvent avec la même compétence, sans accéder aux mêmes responsabilités. Par centaines de mille, elles sont secrétaires, assistantes ; certains bureaux ressemblent à des gynécées. Quant à l’ouvrière d’usine, son sort, à travail égal, est souvent plus dur que celui d’un ouvrier. Dans l’enseignement, le nombre des femmes croît sans cesse. Elles forment un sous-prolétariat universitaire voué à l’incertitude de l’emploi.
À trente-cinq ans, bien des diplômées intelligentes, ayant de l’expérience et la faculté de s’adapter, peuvent se trouver face à la perspective du chômage indéfini. Comme dit le jargon d’entreprise, “leur candidature, bien qu’intéressante, ne correspond pas au profil du poste à pourvoir”.
Et c’est le chômage, la révolte intérieure, le désespoir : surtout pour les très nombreuses célibataires que l’on croit indépendantes et qui le sont malgré elles, victimes d’une transformation inhumaine de la société.
D’une transformation inhumaine : les individus sont atomisés, désintégrés. »
24 mai
24 mai 1946
« Poésie, victoire sur l’absurde », article de Pierre Emmanuel dans Temps présent, 10e année, n° 92, 24 mai 1946, p. 4. « Écrire une Poésie ininterrompue, c’est la vocation même d’Éluard. Aussi le long poème qui porte ce titre ne diffère-t-il pas, dans la substance et l’accent, des textes plus courts du même poète. Le mouvement qui le traverse est celui d’une eau qui coule à pleins bords, sans revenir sur soi sinon pour circonscrire un objet qui, telle la roche au sein de la rivière, résiste au flot sans réussir à le briser. Bien que ce poème soit l’un des plus vastes qu’Éluard ait écrits, sa continuité réside moins dans la souffle que dans l’unité de thème de ses divers fragments. Chaque strophe est un poème à elle seule : elle ne se raccorde pas à celle qui la précède ou la suit, mais elle contient implicitement l’ensemble du poème, dont elle est un aspect privilégié. »
25 mai
25 mai 1984
« Le sable et le rocher », article de Pierre Emmanuel dans France catholique, n° 1954. « [Q]uand je me suis épuisé en vains efforts pour comprendre ce qui se dit là, je songe à mon vieux maître et à sa phrase impérative quand décidément, nous autres petits paysans à la langue un peu gourde, nous n’arrivions pas à former correctement notre syntaxe et notre prononciation : “Parlez français, on vous entendra !” aimait-il à dire. Et déjà ce mot entendre ouvrait pour moi des profondeurs où le son et le sens se répondaient. »