Les nouveautés sur le site
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• Cela s'est passé un... Semaine du 24 au 31 janvier (ci-dessous).
• L'extrait du mois :
- « L’espèce humaine », Tu, « Moi je », Seuil, 1978, Œuvres poétiques complètes, vol. II, L’Âge d’Homme, 2003, p. 676.
- « L’impasse mystique de l’art », Le monde est intérieur, Seuil, 1965, p. 58.
• Dieu et Proudhon, Temps présent, 10e année, n° 86, nouvelle série, 12 avril 1946, p. 4.
• 28 novembre 2019 : décès de M. François Livi, exécuteur testamentaire du poète et président du Centre de recherche. Cf. colonne de droite (Centre de recherche).
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Mme Catherine Emmanuel Carlier, présidente de l'Association des Amis de Pierre Emmanuel, lui rend ici hommage.Chers Amis,
La nouvelle de la mort de François Livi nous a tous bouleversés, il est parti trop vite, trop tôt.
Au fil du temps nous avions appris à le connaître. Nous aimions son humour, la qualité de son écoute, son humilité, sa bienveillance.
Parfois, il se plaisait à nous raconter sa première rencontre avec Pierre Emmanuel, en 1966 rue de Varenne, alors qu’il était un tout jeune étudiant et comment très vite ils se lièrent d’une profonde amitié. Une amitié qui ne s’est jamais démentie.
François Livi exécuteur testamentaire de Pierre Emmanuel fut le président du Centre de recherche, crée en 1986. Il a beaucoup œuvré, avec tous les membres du Centre, à la connaissance et à la mémoire du poète et nous lui en sommes très reconnaissants.
Comme il va nous manquer lui qui nous a tant donné et tant appris !
Catherine Emmanuel Carlier
Présidente de l’Association des amis de Pierre Emmanuel
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• Des nouvelles dans "On en parle...", colonne de droite: livres, émissions et articles nouveaux sur Pierre Emmanuel.
• La lettre de l'Association des Amis de Pierre Emmanuel et le bulletin d'adhésion 2019. Merci aux généreux donateurs !
• IMPORTANT : Les photos, textes et autres documents de ce site ne sont pas libres de droit, ceux de Facebook ou des affiches non plus.
• Rappel : les liens sont visibles lorsqu'on passe sur le texte.
Pierre Emmanuel a sa page facebook (ici).
Le mot de l'Association
Depuis sa création, en 1985, l'Association s'est attachée à servir la mémoire de Pierre Emmanuel et à faire connaître son œuvre en apportant son soutien à des publications, rencontres, expositions, émissions radiophoniques et à différents hommages en France comme à l'étranger.
La création d'un site Pierre Emmanuel s'est imposée comme une évidence et une priorité. Un nouvel outil pour retracer l'itinéraire de l'écrivain, du poète et de l'homme d'action engagé dans son siècle en faisant découvrir ses multiples visages : l'homme de culture, son action auprès des médias, mais aussi l'homme de foi, l'homme courageux, le résistant, le défenseur des droits de l'homme.
C'est un travail énorme qui fut engagé, un travail exigeant et rigoureux mené par Anne Simonnet (*) aidée dans ses recherches par des témoins de la vie de Pierre Emmanuel, par le Centre de recherche et par la famille du poète. Une approche aussi complète a nécessité des années de consultation dans les archives de la BNF, de l'Imec, l'Ina, et d'autres fonds. Des manuscrits, des photographies, des lettres et des documents souvent inédits, prêtés par des amis, des proches ou d'anciens collaborateurs de Pierre Emmanuel ont considérablement enrichi le site.
Pierre Emmanuel visionnaire, initiateur et créateur de la Vidéothèque (Forum des Images), confiant dans les nouvelles technologies, aurait certainement apprécié l'instrument de connaissance, de dialogue et d'échange que constitue un tel site.
Proposer un site clair, lisible, complet et accessible à tous, telle fut notre démarche pour que Pierre Emmanuel reste vivant dans les mémoires.
Catherine Carlier, Présidente de l'Association
(*) Anne Simonnet est professeur de Lettres classiques, Docteur ès Lettres, auteur de l'ouvrage Pierre Emmanuel, poète du Samedi saint et d'une thèse : Le Christ de Pierre Emmanuel. L'élaboration d’un mythe personnel.
Cela s'est passé un... (La micro-information du jour)
24 janvier
24 janvier 1974
Diffusion d’une émission radiophonique sur Sophia dans la collection « Un livre, des voix » de France culture. Pierre Emmanuel s’y entretient avec Philippe Guinard. « [J]e recommanderais à ceux qui éprouvent une certaine difficulté à entrer dans un livre par le début et à en sortir par la fin, ce que je comprends très bien, personnellement, je leur recommanderais de choisir la seconde partie comme point de départ de leur lecture. Cette seconde partie, du moins cette seconde moitié du livre s’appelle “Nef”, et il s’agit essentiellement de la vie d’aujourd’hui, de l’homme d’aujourd’hui dans son débat avec son identité, et aussi de la confusion dans l’univers érotique que nous vivons tous. Là je crois que beaucoup peuvent être touchés directement, et qu’à travers cette sensibilité immédiatement perceptible, ils iront plus avant. C’est un approfondissement, mais un approfondissement qui sera fondé sur leur expérience. »
25 janvier
25 janvier 1977
Alain Bosquet, « Pierre Emmanuel ou la perpétuelle profession de foi » (28 décembre 1976), Le Quotidien de Paris, n° 856, p. 13. « Pierre Emmanuel est avant tout le poète de la véhémence : le droit, la justice, l’illumination, le dépassement de soi, le plongeon dans l’inextricable labyrinthe de l’homme, rien de ce qui est essentiel ne le laisse serein et, quand il pressent que nos mesquineries quotidiennes risquent de nous perdre, c’est vers cet essentiel-là qu’il court, en prophète bien armé. Il y a en Pierre Emmanuel une sorte de Claudel qui mâche avec rage ses certitudes, au lieu de les accepter avec componction. Il y a aussi un Léon Bloy, prêt à fustiger son siècle sans se ménager pour autant : la colère, trop engagée chez les autres, est chez lui affaire de tempérament et de thérapeutique. Enfin, il y a en lui du Saint John Perse, qui aurait longuement lu Hölderlin, Freud et Jouve : il faut sans doute célébrer l’homme, mais sans se dispenser de lui faire subir d’abord la plus douloureuse des autopsies. »
26 janvier
26 janvier 1952
Diffusion d’une émission radiophonique de la série « Des idées et des hommes » : « La crise de la culture et de la conscience européenne », à partir de Babel. « Cet homme des foules, c’est le tyran, et c’est en même temps chacun de nous dans la mesure où il se rend anonyme, où il se fond dans un consentement abject à l’autorité tyrannique qui est sur lui. Le tyran est à la fois l’idole de la foule et la figure vivante où chacun des membres de la foule vivante se reconnaît. Évidemment, inutile de préciser les références historiques à cette image du tyran… »
27 janvier
27 janvier 1984
« Que n’en parle-t-on davantage ! » (21 janvier 1984), article de Pierre Emmanuel dans France catholique, n° 1937. « Ne vaudrait-il pas mieux en savoir davantage sur une forme d’action toujours à l’œuvre dans l’Histoire, parfois diamétralement opposée à la politique, l’action de la sainteté ? La sainteté moderne, qui la connaît ? Qui en parle régulièrement dans les médias, comme du syndicalisme, de la guerre ou de la politique ? Ces choses ne sont pas du même ordre, ni dans le présent ni dans l’avenir. Chaque jour ou presque, les médias nous résument en une séquence ou deux le choc des idées ou des armes qu’encadrent des prophéties sur les bienfaits futurs de la politique présente. Mais nous ignorons tout, des actes sublimes d’héroïsme et de charité qui ne doivent pas manquer, par exemple, dans le Liban déchiré. Et que savons-nous de la lutte contre la lèpre dans le monde ? Lutte héroïque, elle aussi, qui a ses apôtres et ses saints dont les miracles – du corps et de l’âme – sont devenus quotidiens ? »
28 janvier
28 janvier 1972
« La poésie et son enseignement », article de Pierre Emmanuel dans Le Figaro, p. 26. « Dans une chronique récente, Pierre Gaxotte citait un “poème” édité par la revue d’un foyer de lycée, “Poème”, si l’on peut dire, qui n’est qu’une très bête et vulgaire singerie des Assis. Le seul fait que ce texte puisse passer dans l’esprit de ses éditeurs, non pour un signe de débile violence, mais pour une authentique expression de la créativité juvénile, me paraît caractéristique du mépris qui frappe la poésie dans ce pays. […]
Sans insister sur cet autre passage de la lettre à Ancelle où Baudelaire défie "un professeur quelconque d’expliquer le sens d’un seul des mots dont il se sert", il me faut bien constater le malentendu, voire l’antagonisme, qui séparent enseignants et artistes, poètes et "poéticiens". Ce néologisme m’a été assené par un éminent professeur pour me rendre, non sans brutalité, conscient de la différence entre celui qui fait et celui qui explique, et de l’impossibilité de principe, au moins dans l’Université, qu’ils soient une seule et même personne ; plus encore, de la différence de qualité intellectuelle entre la critique objective du maître et le commentaire subjectif du créateur. Je ne suis pas sûr que cette arrogance ne cache une faiblesse dans le domaine où elle s’affirme le plus, celui de la compréhension. J’ajoute que certaines œuvres – le nouveau roman par exemple – semblent s’insérer comme par un ordre préétabli dans les grilles d’analyse des maîtres et que la connaissance de ces grilles peut servir à la composition d’œuvres nouvelles qui s’y adaptent : mais que d’autres œuvres, particulièrement en poésie, sont irréductibles à ces grilles, par nature et destination. »
29 janvier
29 janvier 1953
Diffusion d’une émission sur Pierre Emmanuel dans la série « Cent ans de spiritualité dans les lettres françaises ». Stanislas Fumet présente la poésie de Pierre Emmanuel sur des musiques de son frère, Raphaël Fumet. Plusieurs poèmes de Pierre Emmanuel sont lus au cours de l’émission, dont certains par Maria Casarès. « Le Christ inséparable de nous-même. Toute la poésie de Pierre Emmanuel, sa conscience d’homme et de poète – il ne veut pas dissocier l’homme et le poète, et c’est je crois ce qui fait sa principale originalité à une époque où la parole ne se donne plus pour office de donner forme à la pensée – tout son art enfin, qui est proprement une exaltation clame ceci : que Dieu se livre à une incarnation perpétuelle, dont nous sommes littéralement habités, non point comme d’une grâce, non pas toujours comme d’une grâce, mais bien comme d’une destinée. Aussitôt que Pierre Emmanuel a écrit un de ses grands poèmes, à la suite, il est vrai, d’un choc reçu au contact des œuvres de son initiateur, Pierre Jean Jouve, on peut dire que le poète adolescent a senti ce Dieu s’agiter dans ses entrailles, mais non pour le recevoir à la manière de la Vierge élue, Marie de Nazareth, la seule qui l’enfanta, pour subir plutôt sa présence, imposée à son être comme une réalité, à son esprit comme une fatalité. »
30 janvier
30 janvier 1979
Diffusion d’une émission radiophonique de la collection « Livres en fête ». Pierre Emmanuel s’entretient avec Jacques Pagam de son dernier recueil de poésie Una, la vie, la mort. « [D]ans le rapport entre l’homme et la femme, je crois que la femme est plus symbolique pour l’homme que l’homme n’est symbolique pour la femme ; c’est (…) la richesse de la femme qui est inépuisable ! Je crois que le masculin s’épuise beaucoup plus facilement, beaucoup plus immédiatement que le féminin… peut-être parce que le féminin est l’englobant de la vie ; parce que le féminin c’est la nature, parce que le féminin c’est l’élémentaire, parce que le féminin c’est la genèse, alors que le masculin n’est jamais que la conception ; il y a là quelque chose que je sens, que j’exprime très mal, parce que je le réduis à des concepts, maintenant, mais qu’une image d’une ligne me permet de saisir beaucoup mieux que je ne le dirais. En fait, c’est cela la vérité de la lecture poétique, pour ceux qui savent lire, n’est-ce pas ? »
31 janvier
31 janvier 1948
Albert Béguin, « L’effort d’être un homme : Pierre Emmanuel : Qui est cet homme ? ou Le Singulier universel », Une Semaine dans le Monde, n° 90 (31 janvier 1948), p. 12 (en fait, 8). « Ce livre-ci durera, parce que tout y porte la marque indéniable d’un grand esprit. Je n’ai pas coutume d’aventurer ce genre de pronostics et de tels éloges, mais je viens de relire trois fois Qui est cet homme ? à chaque fois lui trouvant plus de profondeur et de solidité. / Le propos de Pierre Emmanuel, pourtant, pouvait paraître étrange : y a-t-il d’autre exemple d’un homme de trente ans écrivant son autobiographie et cherchant à faire l’unité de sa vie, l’unité de son œuvre ? Ce pourrait être la plus orgueilleuse des entreprises, et singulièrement prématurée, surtout quand il s’agit d’un poète dont on attendrait qu’en pleine maturité de l’âge il soit tout jeté dans la création de son œuvre plutôt que de le voir scrutant son passé. Mais l’une des significations majeures du livre est précisément qu’il est une victoire remportée sur l’orgueil personnel et une ouverture vers la communion. »