Les nouveautés sur le site
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• Cela s'est passé un... Semaine du 29 juin au 6 juillet (ci-dessous).
• L'extrait du mois :
- « Vent- Infirma nostri corporis », Tu, Seuil, 1978, p. 45 ; Œuvres complètes, vol. II, L’Âge d’Homme, 2003, p. 476.
- « Les inventeurs honteux », Arts, n° 253, 10 mars 1950, p. 1.
• « The power of the poet », The Atlantic, n° 187, janvier 1951, p. 74-77.
• 28 novembre 2019 : décès de M. François Livi, exécuteur testamentaire du poète et président du Centre de recherche. Cf. colonne de droite (Centre de recherche).
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Mme Catherine Emmanuel Carlier, présidente de l'Association des Amis de Pierre Emmanuel, lui rend ici hommage.Chers Amis,
La nouvelle de la mort de François Livi nous a tous bouleversés, il est parti trop vite, trop tôt.
Au fil du temps nous avions appris à le connaître. Nous aimions son humour, la qualité de son écoute, son humilité, sa bienveillance.
Parfois, il se plaisait à nous raconter sa première rencontre avec Pierre Emmanuel, en 1966 rue de Varenne, alors qu’il était un tout jeune étudiant et comment très vite ils se lièrent d’une profonde amitié. Une amitié qui ne s’est jamais démentie.
François Livi exécuteur testamentaire de Pierre Emmanuel fut le président du Centre de recherche, crée en 1986. Il a beaucoup œuvré, avec tous les membres du Centre, à la connaissance et à la mémoire du poète et nous lui en sommes très reconnaissants.
Comme il va nous manquer lui qui nous a tant donné et tant appris !
Catherine Emmanuel Carlier
Présidente de l’Association des amis de Pierre Emmanuel
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• Des nouvelles dans "On en parle...", colonne de droite: livres, émissions et articles nouveaux sur Pierre Emmanuel
• IMPORTANT : Les photos, textes et autres documents de ce site ne sont pas libres de droit, ceux de Facebook ou des affiches non plus.
• Rappel : les liens sont visibles lorsqu'on passe sur le texte.
Le mot de l'Association
Depuis sa création, en 1985, l'Association s'est attachée à servir la mémoire de Pierre Emmanuel et à faire connaître son œuvre en apportant son soutien à des publications, rencontres, expositions, émissions radiophoniques et à différents hommages en France comme à l'étranger.
La création d'un site Pierre Emmanuel s'est imposée comme une évidence et une priorité. Un nouvel outil pour retracer l'itinéraire de l'écrivain, du poète et de l'homme d'action engagé dans son siècle en faisant découvrir ses multiples visages : l'homme de culture, son action auprès des médias, mais aussi l'homme de foi, l'homme courageux, le résistant, le défenseur des droits de l'homme.
C'est un travail énorme qui fut engagé, un travail exigeant et rigoureux mené par Anne Simonnet (*) aidée dans ses recherches par des témoins de la vie de Pierre Emmanuel, par le Centre de recherche et par la famille du poète. Une approche aussi complète a nécessité des années de consultation dans les archives de la BNF, de l'Imec, l'Ina, et d'autres fonds. Des manuscrits, des photographies, des lettres et des documents souvent inédits, prêtés par des amis, des proches ou d'anciens collaborateurs de Pierre Emmanuel ont considérablement enrichi le site.
Pierre Emmanuel visionnaire, initiateur et créateur de la Vidéothèque (Forum des Images), confiant dans les nouvelles technologies, aurait certainement apprécié l'instrument de connaissance, de dialogue et d'échange que constitue un tel site.
Proposer un site clair, lisible, complet et accessible à tous, telle fut notre démarche pour que Pierre Emmanuel reste vivant dans les mémoires.
Catherine Carlier, Présidente de l'Association
(*) Anne Simonnet est professeur de Lettres classiques, Docteur ès Lettres, auteur de l'ouvrage Pierre Emmanuel, poète du Samedi saint et d'une thèse : Le Christ de Pierre Emmanuel. L'élaboration d’un mythe personnel.
Cela s'est passé un... (La micro-information du jour)
29 juin
29 juin 1946
« Humanisme moderne », article de Pierre Emmanuel dans Le Petit Marocain, 29 juin 1946, p. 1. « Il est vrai que les époques confuses portent en elles le germe d’un esprit nouveau. Un humanisme y cherche à mûrir, et le sens de l’universel n’est jamais plus aigu chez certains qu’en ces périodes de trouble. Mais aucun humanisme n’est sorti d’un dogmatisme exclusif, non plus que d’un syncrétisme aveugle.
La synthèse de valeurs qu’il suppose résulte d’une convergence voulue, organisée méthodiquement par quelques esprits lucides, qui ne s’en laissent pas accroire, fût-ce par l’esprit du temps : car ce dernier varie suivant le tempérament, le milieu social, la doctrine politique, toutes choses qui n’ont prise que sur un étroit espace futur.
Dépasser les oppositions que ces divers facteurs suscitent entre des hommes de bonne foi, c’est donc aider à la formation du nouvel humanisme : il est réconfortant de voir la meilleure part de l’intelligence française se grouper en vue de cette recherche commune de la vérité. »
30 juin
30 juin 1949
« Romantiques allemands et moralistes français », article de Pierre Emmanuel dans La Nation belge, 30 juin 1949, p. 2. « On peut aimer Goethe, ou le détester : il n’en reste pas moins un esprit européen, - le dernier qu’ait connu l’Allemagne, le seul qui l’ait pour un temps délivrée de l’oppression des brumes, sans lui ôter les puissances du rêve. Plus grands que lui peut-être, Hölderlin et Nietzsche, ne sont que des Allemands. Ils ne quittent pas cette zone du rêve, nécessaire à la pensée de l’Europe comme à toute pensée, mais que l’esprit humain doit dépasser tout en y plongeant ses racines. Quand le rêve submerge la raison, l’homme agit comme un somnambule. Jean Cassou l’a bien montré de Kleist : l’histoire récente nous apprend que le peuple allemand tout entier vient de traverser une crise analogue. L’Allemagne a submergé l’Europe, la dialectique du rêve contaminé jusqu’aux peuples les moins faits pour elle. Nous mesurons mal encore l’atteinte au réel dont l’Europe a souffert de ce fait. »
1 juillet
1 juillet 1983
« Parole et anti-parole », article de Pierre Emmanuel dans France catholique. Le texte en est repris dans Le risque d’être, p. 132. « La vraie confrontation n’est pas entre les Pershing et les SS 20, elle est à Varsovie entre ces deux micros de la salle d’audience, à Auschwitz dans la cellule du Père Kolbe, à Jasna Gora entre ces centaines de milliers de jeunes gens et de jeunes filles et ces milliers de miliciens. Et c’est une confrontation théologique : d’un côté l’athéisme militant, l’ab-humanisme soviétique, rêvant, toujours, d’une termitière productiviste où chaque individu, de Jaruzelski à Varsovie à l’enfant conçu tout juste à Petropavlovsk, serait tout entier programmé physiquement, mentalement et culturellement, du berceau à la tombe ; de l’autre côté, tout simplement, la foi. Dans cette confrontation, les divers nihilismes occidentaux jouent un peu le rôle des neutres qui, dans les guerres récentes, ont bien dû finir par croire ou par trahir. Pour le moment, à mille kilomètres de Varsovie, il est de bon ton d’avoir l’intelligence de ne pas croire, ou de ne croire qu’aux Pershing et aux SS 20. Si l’on osait, on irait même en France jusqu’à mettre en doute que quelque chose se soit passé un certain 18 juin, comme peut-être, d’ici un quart de siècle, on mettra en doute à Varsovie qu’un Pape vint, un autre 18 juin, parler aux Polonais de Solidarnosc. »
2 juillet
2 juillet 1982
« Sophie au concours général », article de Pierre Emmanuel dans France catholique, n° 1855. « Le Père Arrupe, comme Sophie, est sans pouvoir : il ne peut qu’être présent, en chair et en os, où qu’il aille, et partout ailleurs en pensée. Être présent : devenir l’autre sans cesser d’être soi-même ; être le frère universel de cet homme de demain à l’œuvre dans l’humanité d’aujourd’hui. Présence qui est conception, gestation lente et secrète. Sophie, dans nos écoles, a appris à raisonner. Et, raisonnant bien, elle constate que raisonner ne permet pas de dominer l’ensemble des problèmes. Ne serait-ce pas justement parce que l’on met le réel en problèmes, au lieu de le concevoir et de le mûrir tel qu’il est ? »
3 juillet
3 juillet 1981
« Quels volcans nous travaillent ? », article de Pierre Emmanuel dans France catholique, n° 1803, repris ensuite dans Une année de grâce, p. 34. « La démesure du XXe siècle est une violence sans précédent faite à la terre et à l’espèce par les nations les plus inventives, les plus industrialisées, les plus conquérantes, les mieux armées pour la destruction, y compris l’autodestruction. Ces nations n’ont pas su – mais quand l’homme l’apprendra-t-il, et toute la question de son progrès n’est-elle pas qu’un jour il l’apprenne ? – lier ensemble dans une idée cohérente de l’homme la puissance inventrice de l’intellect “objectif” et l’intuition créatrice de ces autres facultés dites “subjectives” dont l’ensemble, si l’on veut le nommer, pourrait bien constituer l’amour. Il faudra de grands efforts d’imagination, un prophétisme jailli d’une foi d’autant plus forte qu’elle sera comme le retournement et la réorientation vers le haut du nihilisme contemporain, pour que l’homme occidental échappe à l’effondrement de ses valeurs et refasse la preuve qu’elles peuvent redevenir universelles. Cette conversion n’est l’affaire d’aucun dogme à lui seul, ni d’aucun parti. C’est un acte de Dieu qu’il faut appeler comme la pluie, par la prière. »
4 juillet
4 juillet 1963
Alain Bosquet, « Les grands prix de l’académie française : Pierre Emmanuel : Poètes dans un miroir », Les Nouvelles littéraires, n° 1870, 4 juillet 1963, p. 3. « Le beau poète à qui l’Académie française vient d’attribuer son Grand Prix de Poésie, est de ces créateurs à la voix multiple, que deux générations successives peuvent revendiquer : de là vient sans doute sa grandeur – qui est incontestable – mais aussi son drame. Car répondre à des sollicitations différentes et même à des optiques contradictoires mène à une certaine désaffection : et l’on est obligé de constater que Pierre Emmanuel célèbre en sa vingtième et en sa trentième année, n’est plus suivi aujourd’hui que par une partie infime de la jeunesse. Il y a injustice, et injustice flagrante : Pierre Emmanuel demeure l’un des plus hauts témoins de notre souffrance, de nos espoirs et de nos éblouissements passagers. »
5 juillet
5 juillet 1983
Diffusion de l’émission « L’engagement des intellectuels », diffusée par France culture, à laquelle participe Pierre Emmanuel, dans le cadre du « Dialogue franco-portugais ». « Il y a des valeurs communes essentielles à la constitution de l’idée que nous nous faisons de l’homme. Vous parlez d’engagement […]. Je préfère dire que la conscience que nous avons, nous artistes, nous serviteurs du langage, nous dont c’est la vocation et la profession d’observer les grands changements de l’homme moderne et de les traduire, cette conscience que nous avons-nous rend solidaires ; nous rend solidaires dans la recherche de la vérité. Et aussi au-delà de la vérité objective, du sens, du sens des choses et du sens de l’effort humain. Or nous avons vécu en cette seconde moitié du XXe siècle – nous continuons de vivre – un des moments les plus bouleversants de l’histoire entière de l’humanité, parce que, pour la première fois depuis bien longtemps, l’homme moderne se trouve en face d’une nouvelle réalité politique qui prétend s’approprier complètement son destin : la forme totalitaire. Ce n’est pas simplement une dictature, comme d’autres dictatures ont sévi sur les hommes au travers des siècles, c’est une emprise sur la profondeur de l’être, en vue de changer la réalité humaine tout entière, de la modifier de telle sorte que l’homme, à la fois massifié et atomisé, soit entièrement, complètement, entre les mains de l’État. Parce que nous sentons cette ambition, parce que nous mesurons cette menace, parce que cette histoire ainsi engagée nous angoisse jusqu’au fond de nous-mêmes, alors nous nous sentons naturellement requis de défendre des choses très simples ! que d’ailleurs d’autres défendent de manière beaucoup plus directe et beaucoup plus tragique que nous. »
6 juillet
6 juillet 1974
« Pornographie n’est pas liberté », article de Pierre Emmanuel dans le Figaro, p. 23. « Dire que, fondamentalement, il n’y a pas de différence dans la façon de traiter l’homme entre le système concentrationnaire et l’exhibitionnisme pornographique peut provoquer la risée. C’est que l’ontologie n’est pas notre fort : la nature humaine (dit-on) n’existant plus, nous n’avons plus la responsabilité d’une image ou d’une ressemblance quelconque. Ainsi donc, n’importe quoi peut arriver, comme le prouvent les trois premiers quarts de ce beau siècle.
[…] [L]a puissance de dépersonnalisation est à l’œuvre dans l’homme moderne pour longtemps. La pornographie est l’une de ses formes. Comme objet de consommation, comme moyen d’abêtissement public, elle s’installe pour durer : il faut la regarder en face. La face humaine doit être mise à nu même là, dans cette sexualité automatique et dérisoire. Un fait au moins est positif dans la levée de toute censure, c’est le dévoilement de l’absurde qui – fût-ce à travers le désespoir – ramène au sens. Où la censure est inopérante, seule, à long terme, la lucidité d’esprit sauve le cœur. Oui, le cœur. »