Les nouveautés sur le site
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• Cela s'est passé un... Semaine du 26 novembre au 3 décembre (ci-dessous).
• L'extrait du mois :
- « Porte de l’homme », 10, Le grand œuvre, Seuil, 1984, p. 379 ; Œuvres complètes, vol. II, L’Âge d’Homme, 2003, p. 1223.
- « Les champions de la pureté », Les Lettres françaises, 6e année, n° 96, 22 février 1946, p. 1, 4.
• Regard sur... Rolland Simon.
• 28 novembre 2019 : décès de M. François Livi, exécuteur testamentaire du poète et président du Centre de recherche. Cf. colonne de droite (Centre de recherche).
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Mme Catherine Emmanuel Carlier, présidente de l'Association des Amis de Pierre Emmanuel, lui rend ici hommage.Chers Amis,
La nouvelle de la mort de François Livi nous a tous bouleversés, il est parti trop vite, trop tôt.
Au fil du temps nous avions appris à le connaître. Nous aimions son humour, la qualité de son écoute, son humilité, sa bienveillance.
Parfois, il se plaisait à nous raconter sa première rencontre avec Pierre Emmanuel, en 1966 rue de Varenne, alors qu’il était un tout jeune étudiant et comment très vite ils se lièrent d’une profonde amitié. Une amitié qui ne s’est jamais démentie.
François Livi exécuteur testamentaire de Pierre Emmanuel fut le président du Centre de recherche, crée en 1986. Il a beaucoup œuvré, avec tous les membres du Centre, à la connaissance et à la mémoire du poète et nous lui en sommes très reconnaissants.
Comme il va nous manquer lui qui nous a tant donné et tant appris !
Catherine Emmanuel Carlier
Présidente de l’Association des amis de Pierre Emmanuel
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• Des nouvelles dans "On en parle...", colonne de droite: livres, émissions et articles nouveaux sur Pierre Emmanuel.
• La lettre de l'Association des Amis de Pierre Emmanuel et le bulletin d'adhésion 2019. Merci aux généreux donateurs !
• IMPORTANT : Les photos, textes et autres documents de ce site ne sont pas libres de droit, ceux de Facebook ou des affiches non plus.
• Rappel : les liens sont visibles lorsqu'on passe sur le texte.
Le mot de l'Association
Depuis sa création, en 1985, l'Association s'est attachée à servir la mémoire de Pierre Emmanuel et à faire connaître son œuvre en apportant son soutien à des publications, rencontres, expositions, émissions radiophoniques et à différents hommages en France comme à l'étranger.
La création d'un site Pierre Emmanuel s'est imposée comme une évidence et une priorité. Un nouvel outil pour retracer l'itinéraire de l'écrivain, du poète et de l'homme d'action engagé dans son siècle en faisant découvrir ses multiples visages : l'homme de culture, son action auprès des médias, mais aussi l'homme de foi, l'homme courageux, le résistant, le défenseur des droits de l'homme.
C'est un travail énorme qui fut engagé, un travail exigeant et rigoureux mené par Anne Simonnet (*) aidée dans ses recherches par des témoins de la vie de Pierre Emmanuel, par le Centre de recherche et par la famille du poète. Une approche aussi complète a nécessité des années de consultation dans les archives de la BNF, de l'Imec, l'Ina, et d'autres fonds. Des manuscrits, des photographies, des lettres et des documents souvent inédits, prêtés par des amis, des proches ou d'anciens collaborateurs de Pierre Emmanuel ont considérablement enrichi le site.
Pierre Emmanuel visionnaire, initiateur et créateur de la Vidéothèque (Forum des Images), confiant dans les nouvelles technologies, aurait certainement apprécié l'instrument de connaissance, de dialogue et d'échange que constitue un tel site.
Proposer un site clair, lisible, complet et accessible à tous, telle fut notre démarche pour que Pierre Emmanuel reste vivant dans les mémoires.
Catherine Carlier, Présidente de l'Association
(*) Anne Simonnet est professeur de Lettres classiques, Docteur ès Lettres, auteur de l'ouvrage Pierre Emmanuel, poète du Samedi saint et d'une thèse : Le Christ de Pierre Emmanuel. L'élaboration d’un mythe personnel.
Cela s'est passé un... (La micro-information du jour)
26 novembre
26 novembre 1973
« La poésie peut-elle avoir pour but la vérité pratique ? », conférence prononcée au Cercle d’Éducation populaire de Bruxelles, in Cahier 53, Éditions du Cercle d’éducation populaire, Bruxelles, 1974, p. 7-42 (soit l’ensemble du Cahier). « J’ai été frappé en premier lieu du souci qu’ont certains d’entre vous de relier l’activité poétique à d’autres formes d’activités. Et même de faire sortir l’activité poétique d’activités beaucoup plus quotidiennes. C’est un souci que je comprends bien, car je ne suis pas de ceux qui pensent que le poète se distingue d’une manière éminente ou même singulière de la réalité vivante autour de lui. Ce qui ne veut pas dire pour autant qu’il n’apporte pas à cette réalité une dimension que l’activité quotidienne ne permet pas toujours de dégager d’elle. »
27 novembre
27 novembre 1983
Écriture de « Le totalitarisme est en nous », article de Pierre Emmanuel à paraître dans France catholique. « [L]e bien suprême dont ne peut plus se passer l’homme de la masse est moins tel ou tel objet de désir atteignable ou non, que la totale sécurité de sa naissance à sa mort. De plus en plus sécurisés, nous courons le risque d’être de plus en plus asservis : l’avantage que nous retirons pour l’instant de notre servitude nous empêche d’en prendre conscience. La primauté de l’économie l’est aussi de la Sécurité sociale, assurée par l’État, sur toute autre valeur et d’abord sur le risque, concept dont seuls les alpinistes et les navigateurs solitaires ont encore idée. La peur du risque et la sécurisation devenant l’une des fonctions essentielles de l’État vont de pair avec le développement d’une forme parasitaire de pouvoir, l’administration se substituant à l’entreprise : ce qui advient sous nos yeux mêmes, sans que nous en décelions la philosophie.
N’attendons pas d’elle, en tout cas, qu’elle satisfasse au besoin de sens dont parle ma correspondante. Un tel besoin ne trouve d’ailleurs nulle part, sauf dans les salles de concert ou dans les églises (et encore !) l’occasion de se nourrir ni même de manifester sa faim. […]
N’est-ce pas le Président de la République, tout le premier, qui se plaignait de la perte du sens de l’histoire ? Il aurait pu tout aussi bien se plaindre de la perte du sens de l’histoire de la pensée, telle que la montre la succession des œuvres de l’esprit français. Perdre le sens, c’est devenir insensé, n’avoir plus d’identité propre : maladie contemporaine qui atteint plusieurs générations. »
28 novembre
28 novembre 1959
Diffusion de l’émission radiophonique « Tous les plaisirs du jour : Pierre Emmanuel »: « Je n’ai pas cessé depuis la guerre de penser que le mal continuait d’être en nous. Le mal continuait d’être en nous dans la mesure où nous côtoyons les prisons et ne les voyons pas, dans la mesure où nous commettons à d’autres le soin de faire la torture que nous ne voulons pas faire nous-mêmes etc. Notre société est une société dans laquelle les raisons d’espérer sont contrebalancées et très fortement, par les raisons de désespérer ; et en fait c’est dans cet équilibre précaire entre espérance et désespoir que doit se tenir l’esprit vigilant. Ce qui fait la force à mon avis d’un créateur, c’est le pouvoir qui lui est donné de veiller, n’est-ce pas, de veiller d’abord et avant tout à l’honnêteté de son langage. Je crois là que c’est la chose la plus difficile du monde. Car pour contrôler notre langage, pour être présents à celui-ci, il faut que nous nous connaissions très bien nous-mêmes et que nous ne nous laissions jamais emporter par le mouvement de notre parole, que nous la proportionnions, justement, que nous débrouillions dans la complexité des sens possibles ce que nous voulons mettre en avant, que notre parole, tout en étant très riche de significations, soit sans ambiguïté, et jamais peut-être plus que maintenant une telle attention n’a été nécessaire, parce que, précisément, la parole a cessé d’avoir une importance quelconque. »
29 novembre
29 novembre 1959
Diffusion de l’émission « Tous les plaisirs du jour : Pierre Emmanuel » (Producteurs : José Pivin et Pierre Lhoste). L’entretien, de vingt minutes, évoque sa poésie, le mal, l’époque et est accompagné d’une lecture d’un extrait de Babel et de « Toi », de Visage nuage. « Quand j’étais à l’université à Lyon j’écrivais beaucoup, par mimétisme parce que j’écrivais beaucoup également. Je lisais un peu tout le monde. Surtout Éluard, Michaux, Supervielle et Jouve. Mais aussi Claudel. Claudel que j’avais entendu, d’ailleurs, quand j’avais 20 ans, faire une conférence à la salle Rameau à Lyon, une grande salle qui pouvait contenir 800 personnes et nous étions exactement 12 assistants. C’est vous dire que Claudel, qui à cette époque-là avait près de 70 ans, ne faisait pas florès à Lyon ; n’avait pas un public aussi vaste que j’espérais qu’il l’aurait étant donné sa gloire. »
30 novembre
30 novembre 1960
Enregistrement radiophonique de « La revue des arts : émission du 23 décembre 1960 ». Pierre Emmanuel et Denis Grivot y présentent Les Jours de la Nativité. « Je n’avais pas les illustrations sous les yeux, mais je connaissais bien la collection, et j’imaginais ce que les initiateurs désiraient faire. D’autre part il m’est venu à l’esprit qu’il serait intéressant de travailler comme un artiste du moyen âge, de faire de petites enluminures autour des Évangiles, et ce travail n’est pas tellement loin, au fond, dans son côté artisanal, de celui de certains sculpteurs des églises de campagne romanes. Ce qui m’a intéressé à la vérité, du point de vue de l’artiste, dans ce travail, c’est qu’il m’a obligé à un renouvellement assez complet. Ce travail qui était un travail très minutieux, parce qu’il fallait donner en très peu de mots la substance de grandes images et de grandes vérités intérieures, ce travail au fond a été pour moi l’occasion d’un dépouillement de l’esprit à travers un labeur quotidien très attentif qui m’a fait plaisir, je dois le dire (sourit en disant cela). Je pense qu’on a autant de plaisir à tailler le bois ou à tailler la pierre que j’en ai eu à faire ces poèmes. »
1 décembre
1 décembre 1973
« Pierre Emmanuel : poète-architecte des femmes-cathédrales », Le Figaro littéraire, n° 1437, p. 16. « Pierre Emmanuel est depuis longtemps passé maître dans cet art consiste à tailler les poèmes ainsi que des pierres, à les dresser en murs, en piliers, en voûtes afin de donner à chaque image sa juste place dans une structure d’ensemble chargée d’abriter (et d’exalter) quelque grande idée. Ainsi, dans Sophia, l’auteur adapte sans cesse la nature de son vers à la progression du thème et de l’émotion : courbe verset pour la partie centrale intitulée Dôme, sonore alexandrin pour le Chœur, vers libres, brefs, aigus pour la Rosace criblée de plus de rayons que saint Sébastien de flèches. »
2 décembre
2 décembre 1968
A., Rigoni, « Pierre Emmanuel e i “ritorni” di Baudelaire », L’Osservatore Romano, p. 5. “[C]i vuol altro per una lettura del Baudelaire di Pierre Emmanuel che è appunto un libretto di piccolo formato, della serie “Les Écrivains devant Dieu” di Desclée de Brouwer.
Certo molto minor impegno di attenzione esige il pur profondo saggio panoramico di Prevost che intrattenendosi su quasi tutti gli aspetti, e non sono pochi, di questo poeta critico, pensatore e anche un po’ pittore, offre una maggior distensione e varietà di lettura.
Emmanuel, poeta insigne (accademico di Frania) non ci dice quasi nulla del valori strettamente letterari e artistici di Baudelaire, attenendosi rigorosamente alla cosa capitale l’uomo, l’artista, “davanti a Dio”, non potendo pertanto non incorrere per lo più in un linguaggio sostenuto, arduo, spesso con attinenze filosofiche e teologiche.”
3 décembre
3 décembre 1973
Enregistrement et diffusion de l’émission radiophonique « Ouvrez les guillemets » avec Bernard Pivot. Pierre Emmanuel est interrogé à l’occasion de la parution de Sophia. « L’imagination c’est la projection d’un certain nombre d’intuitions qui prennent forme. Mais ça n’est pas le privilège du poète ; en effet le poète l’a de manière particulière, peut-être parce que toute sa vie il est attentif non seulement à ce qui est évident, à ce que tout le monde voit, mais encore à beaucoup de choses que les gens ne voient pas ; c’est-à-dire qu’il est attentif aux aspects obscurs de la vie humaine. »