Les nouveautés sur le site
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• Cela s'est passé un... Semaine du 27 avril au 4 mai (ci-dessous).
• L'extrait du mois :
- « Quelqu’un », Sophia, Seuil, 1973, p. 377 ; Œuvres complètes, vol. II, L’Âge d’Homme, 2003, p. 417.
- « Le Risque de la mort », conférence prononcée à la Semaine des intellectuels catholiques (6-12 novembre 1963), in L’avenir, DDB, 1964, p. 176-183. Repris dans La Face humaine, Seuil, 1965, p. 241-242.
• « The power of the poet », The Atlantic, n° 187, janvier 1951, p. 74-77.
• 28 novembre 2019 : décès de M. François Livi, exécuteur testamentaire du poète et président du Centre de recherche. Cf. colonne de droite (Centre de recherche).
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Mme Catherine Emmanuel Carlier, présidente de l'Association des Amis de Pierre Emmanuel, lui rend ici hommage.Chers Amis,
La nouvelle de la mort de François Livi nous a tous bouleversés, il est parti trop vite, trop tôt.
Au fil du temps nous avions appris à le connaître. Nous aimions son humour, la qualité de son écoute, son humilité, sa bienveillance.
Parfois, il se plaisait à nous raconter sa première rencontre avec Pierre Emmanuel, en 1966 rue de Varenne, alors qu’il était un tout jeune étudiant et comment très vite ils se lièrent d’une profonde amitié. Une amitié qui ne s’est jamais démentie.
François Livi exécuteur testamentaire de Pierre Emmanuel fut le président du Centre de recherche, crée en 1986. Il a beaucoup œuvré, avec tous les membres du Centre, à la connaissance et à la mémoire du poète et nous lui en sommes très reconnaissants.
Comme il va nous manquer lui qui nous a tant donné et tant appris !
Catherine Emmanuel Carlier
Présidente de l’Association des amis de Pierre Emmanuel
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• Des nouvelles dans "On en parle...", colonne de droite: livres, émissions et articles nouveaux sur Pierre Emmanuel
• IMPORTANT : Les photos, textes et autres documents de ce site ne sont pas libres de droit, ceux de Facebook ou des affiches non plus.
• Rappel : les liens sont visibles lorsqu'on passe sur le texte.
Le mot de l'Association
Depuis sa création, en 1985, l'Association s'est attachée à servir la mémoire de Pierre Emmanuel et à faire connaître son œuvre en apportant son soutien à des publications, rencontres, expositions, émissions radiophoniques et à différents hommages en France comme à l'étranger.
La création d'un site Pierre Emmanuel s'est imposée comme une évidence et une priorité. Un nouvel outil pour retracer l'itinéraire de l'écrivain, du poète et de l'homme d'action engagé dans son siècle en faisant découvrir ses multiples visages : l'homme de culture, son action auprès des médias, mais aussi l'homme de foi, l'homme courageux, le résistant, le défenseur des droits de l'homme.
C'est un travail énorme qui fut engagé, un travail exigeant et rigoureux mené par Anne Simonnet (*) aidée dans ses recherches par des témoins de la vie de Pierre Emmanuel, par le Centre de recherche et par la famille du poète. Une approche aussi complète a nécessité des années de consultation dans les archives de la BNF, de l'Imec, l'Ina, et d'autres fonds. Des manuscrits, des photographies, des lettres et des documents souvent inédits, prêtés par des amis, des proches ou d'anciens collaborateurs de Pierre Emmanuel ont considérablement enrichi le site.
Pierre Emmanuel visionnaire, initiateur et créateur de la Vidéothèque (Forum des Images), confiant dans les nouvelles technologies, aurait certainement apprécié l'instrument de connaissance, de dialogue et d'échange que constitue un tel site.
Proposer un site clair, lisible, complet et accessible à tous, telle fut notre démarche pour que Pierre Emmanuel reste vivant dans les mémoires.
Catherine Carlier, Présidente de l'Association
(*) Anne Simonnet est professeur de Lettres classiques, Docteur ès Lettres, auteur de l'ouvrage Pierre Emmanuel, poète du Samedi saint et d'une thèse : Le Christ de Pierre Emmanuel. L'élaboration d’un mythe personnel.
Cela s'est passé un... (La micro-information du jour)
27 avril
27 avril 1968
Jean-Marie Dunoyer, « Le Poëte et son Christ », Le Monde des livres, n° 7244. Le même article paraît aussi dans Le Devoir, Montréal, 30 avril 1968, p. 5. « Aux heures les plus sombres de l’occupation nazie, lorsque toute expression paraissait étouffée, on assista à une brusque flambée de la poésie en France. On avait besoin sans doute de cet aliment de l’âme pour affermir l’espoir, tandis que certains désespéraient d’en sortir un jour. Mais tout en gardant ses vertus propres, le poème devenait aussi le véhicule de la voix de la Résistance, une sorte de message chiffré qui circulait à l’insu des oppresseurs. / Alors s’éleva parmi tant d’autres le cri de Pierre Emmanuel, d’une grande puissance. La revue Poètes casquées, de Pierre Seghers, devenue Poésie 41, Poésie 42 et la suite, le répercutait, éditait à Avignon Tombeau d’Orphée et maints autres recueils, tandis que paraissaient ou reparaissaient en Suisse ou ailleurs Jour de colère, Combats avec tes défenseurs, Le Poëte et son Christ, Sodome, Cantos. / Il fut placé d’emblée parmi les plus grands. On parlera d’un nouveau Victor Hugo – il s’en réclamait d’ailleurs comme d’Agrippa d’Aubigné – à cause d’un comparable déferlement de véhémence, d’un aussi riche ruissellement d’images, bien que sa démarche fût tout intérieure, partie plutôt de Baudelaire à travers Pierre Jean Jouve, qu’il avait rencontré en 1937, et issu de racines tout autant philosophiques. »
28 avril
28 avril 1970
Diffusion de l’émission radiophonique « Votre jardin secret » consacrée à Pierre Emmanuel sur France Inter. Pierre Emmanuel évoque l’origine de sa vocation de poète fait un éloge de Pierre Seghers, précise ce qu’est la poésie pour lui (6’35 ») et dit un extrait de Jacob (2’10 »). « Ah, je regrette, Madame, de vous décevoir : j’ai en effet écrit beaucoup de livres pour essayer de définir la poésie, ou plus exactement la fonction du poète, en particulier le rapport entre cette fonction et d’autres fonctions de la pensée, il n’est pas possible de donner une définition de la poésie en quelques mots, mais je crois tout de même que contrairement à ce que pensent beaucoup de gens, ce n’est pas simplement une façon de dire, une façon d’orner des pensées et des sentiments, une sorte d’artisanat supérieur du langage, c’est véritablement une façon de penser. On pense en poésie, on pense poétiquement comme on pense philosophiquement ou scientifiquement. On aborde la réalité d’une certaine manière et tout est question de définition de l’imagination créatrice. En fait l’imagination créatrice n’a rien à voir avec ce que nous appelons la fantaisie. »
29 avril
29 avril 1955
« Hitler est-il bien mort ? », article de Pierre Emmanuel dans Témoignage chrétien, n° 564, p. 2. « [Hitler] fut le fossoyeur de l’Europe ; la guerre totale est née de lui ; il nous a imposé le dogme de la justification par la force. Il nous a enseigné des méthodes de terreur dont la société post-hitlérienne sait faire usage, hypocritement, clandestinement sans doute, mais dont elle se servirait à ciel ouvert, le temps venu. Il nous a saturés de mensonge : il a atrophié notre sens du bien et du mal. Nous avons vu les “bons”, à Yalta, porter des toasts de sang aux massacres, et trancher dans la chair des peuples, allègrement. Tout souci de vérité humaine a disparu de l’histoire : nous sommes devenus des “réalistes”, qui ne s’embarrassent de morale que quand elle est utile dans la présentation des faits. La grande victoire de Hitler, c’est que nous fassions rire, en parlant de morale absolue. En un sens, il a rendu la morale absurde, et perverti son langage pour longtemps : mais il l’a aussi démystifiée en démasquant ce qui était caché – notre faiblesse, notre inconscience, notre tartufferie, notre impuissance à l’incarner. Que la morale est un tout, ou bien elle cesse d’être. »
30 avril
30 avril 1960
« Un poète répond au critique : Ce que nous cherchons ? Redonner sa pleine dignité à la parole », article de Pierre Emmanuel dans Le Figaro littéraire, n° 732, p. 1-2. « Avant de faire de nous les contemplatifs d’une religion de l’immanence, il conviendrait de faire le compte de toutes les raisons négatives qui nous conditionnent moins à la contemplation qu’à une certaine passivité. Il y a dans la vocation poétique une racine de faiblesse qui fait de nous des exilés à l’intérieur : bien souvent, c’est nous en faire accroire que de nommer contemplation ce refus du monde tel quel. Est-il besoin de dire que nos exercices n’ont rien à voir avec la discipline mystique ? Notre mysticité est aussi vague que notre philosophie. Je ne dis pas que cette faiblesse devant le monde et la souffrance de l’être qu’elle nous cause de plus en plus avec l’âge ne sont pas un terrain favorable à une meilleure compréhension de la vie psychique et des valeurs que crée l’esprit. Au contraire, à condition que la faiblesse soit surmontée et changée en force. Alors nous pourrions nous compter parmi les instruments de la conversion spirituelle que l’homme moderne attend obscurément. Mais tant que nous resterons repliés sur notre spiritualité indigente, incapables de dire tout l’homme et d’adapter notre langage à l’ensemble dramatique de la réalité, nous fabriquerons du pseudo-sacré pour une élite elle-même exsangue. »
1 mai
1 mai 1981
René Couderc, « Vie poétique », L’École libératrice, n° 26, 1 mai 1981, p. 5. « Celui qu’Albert Béguin, dans sa présentation, en 42, classait si justement parmi “Les poètes de la grande abondance, usant de toute la richesse du langage… préférant ces mots qui ont un poids de chair et de sang”, celui-là, le lecteur le sait, est devenu autre en esprit du moins autre, par la forme. L’expression, maîtrisée, ordonnée, contenue, s’intellectualisant, a renoncé à ce qui aurait parfois évoqué une première vase, un premier limon dans lesquels grouillait une vie nouvelle et, elle aussi, première, gorgée de sang, de semence et de future lumière. Une longue et étudiée démarche a conduit ce poète à s’écarter d’un baroquisme à la structure torrentielle – on ne parlait pas de lui sans évoquer Agrippa d’Aubigné. Il a renoncé à une étonnante crue du verbe pour tenter de mieux traduire la clarté du croyant acharné à dire l’inexprimable, frôlant sans cesse l’impossible, l’intransmissible.
L’Autre vient après Una, après Duel et les cent soixante douzains qui le composent (dix décasyllabes couronnés par deux alexandrins, dont certains compteront parmi les plus beaux de notre langue) tracent un chemin vers une lumière. »
2 mai
2 mai 1974
« Entretien avec Pierre Emmanuel : Il y a une vérité de la poésie qui est absolument inhérente au sacré », Informations catholiques internationales, n° 455, p. 14-21. « Avant tout il conviendrait que je parle de ce qu’est pour moi l’acte poétique, l’attitude poétique devant l’existence, devant l’univers. Pour moi la poésie est essentiellement une opération spécifique de l’esprit, vécue quotidiennement comme telle. Elle suppose une certaine faculté d’attention, apportée au monde.
J’en suis venu à croire progressivement que cette disposition d’esprit particulière renforcée, affermie, amplifiée par un exercice permanent, permet de saisir la réalité des choses sous un autre aspect que la pensée conceptuelle bien sûr, et plus généralement que l’expérience ordinaire des hommes. Elle est une expérience de la réalité ou de l’énergie à l’œuvre dans cette réalité. Cette expérience se fait par l’exercice de la fonction imaginaire, ou de la fonction imaginante, l’imagination étant conçue comme un développement de la réalité en elle-même, une espèce d’expansion, d’épanouissement de cette réalité, et son approfondissement. »
3 mai
3 mai 1976
Conclusion du Festival International du Livre, Nice, 3 mai 1976, parue dans Le Livre et l’information, ARCmc, éd. Cercle de la Librairie, p. 79-82. « Je fais partie de ces minorités, sachant, hélas ! qu’elles vendent peu, qui ne se sentent pas personnellement touchées par la question de la vente du livre […] mais ce qui me frappe, c’est qu’à plusieurs reprises, au cours de cette discussion, l’idée de ces minorités ait été abordée, et qu’elle ait été plusieurs fois écartée. / Elle a été abordée en parlant du pluralisme des publics qui est aussi la pluralité des produits, pluralité qui va sans doute en diminuant, à tel point que, – disait-on – bientôt, on ne pourra plus assurer les curiosités de certains, ce qui veut dire que, bientôt, il y aura un certain nombre d’écrivains – à distinguer des “écrivants” – qui n’auront plus de place ni sur le marché du livre, ni non plus dans le domaine de la critique. Et parmi eux beaucoup de jeunes écrivains, ou de créateurs dont la littérature est nouvelle et par conséquent, va contre un certain nombre de grandes habitudes mentales. Ces habitudes mentales déterminent le gros des lecteurs, et font aussi le gros de la critique. »
4 mai
4 mai 1977
Enregistrement d’une émission radiophonique de la collection « Dialogues » de France culture sur « Les religions orientales et nous ». Pierre Emmanuel y participe avec Mohammed Arkoun, professeur de littérature arabe. « La vieille conception traditionnelle d’un catholicisme à la fois ethnocentriste et planétaire a volé en éclats dans les 30 dernières années, et d’autre part, pour ce qui est du monde français comme pour ce qui est de la tradition chrétienne en général, il y a eu une telle transformation de civilisation qu’il est bien difficile aujourd’hui d’identifier le fait religieux comme on pouvait l’identifier il y a seulement 40 ans. Je crois que c’est très important de nous rendre compte de cette modification historique, car elle touche aussi à un nouvel aspect, peut-on dire, de la conscience religieuse, en milieu traditionnellement chrétien, c’est l’irruption d’un athéisme de fait, qui n’a rien à faire avec l’athéisme spirituel qu’ont connu, enfin, des générations de penseurs, et qui est tout simplement une espèce d’agnosticisme bâtard. Au fond, l’indifférence profonde à toute question religieuse, comme si cela ne relevait pas de l’expérience humaine quotidienne. »