Les nouveautés sur le site
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• Cela s'est passé un... Semaine du 21 au 28 avril (ci-dessous).
• L'extrait du mois :
- « L’artisan », Tu, Seuil, 1978, p. 400 ; Œuvres complètes, vol. II, L’Âge d’Homme, 2003, p. 702.
- « Créer pour rompre », Choses dites, DDB, 1970, p. 110-111.
• « The power of the poet », The Atlantic, n° 187, janvier 1951, p. 74-77.
• 28 novembre 2019 : décès de M. François Livi, exécuteur testamentaire du poète et président du Centre de recherche. Cf. colonne de droite (Centre de recherche).
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Mme Catherine Emmanuel Carlier, présidente de l'Association des Amis de Pierre Emmanuel, lui rend ici hommage.Chers Amis,
La nouvelle de la mort de François Livi nous a tous bouleversés, il est parti trop vite, trop tôt.
Au fil du temps nous avions appris à le connaître. Nous aimions son humour, la qualité de son écoute, son humilité, sa bienveillance.
Parfois, il se plaisait à nous raconter sa première rencontre avec Pierre Emmanuel, en 1966 rue de Varenne, alors qu’il était un tout jeune étudiant et comment très vite ils se lièrent d’une profonde amitié. Une amitié qui ne s’est jamais démentie.
François Livi exécuteur testamentaire de Pierre Emmanuel fut le président du Centre de recherche, crée en 1986. Il a beaucoup œuvré, avec tous les membres du Centre, à la connaissance et à la mémoire du poète et nous lui en sommes très reconnaissants.
Comme il va nous manquer lui qui nous a tant donné et tant appris !
Catherine Emmanuel Carlier
Présidente de l’Association des amis de Pierre Emmanuel
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• Des nouvelles dans "On en parle...", colonne de droite: livres, émissions et articles nouveaux sur Pierre Emmanuel.
• La lettre de l'Association des Amis de Pierre Emmanuel et le bulletin d'adhésion 2019. Merci aux généreux donateurs !
• IMPORTANT : Les photos, textes et autres documents de ce site ne sont pas libres de droit, ceux de Facebook ou des affiches non plus.
• Rappel : les liens sont visibles lorsqu'on passe sur le texte.
Le mot de l'Association
Depuis sa création, en 1985, l'Association s'est attachée à servir la mémoire de Pierre Emmanuel et à faire connaître son œuvre en apportant son soutien à des publications, rencontres, expositions, émissions radiophoniques et à différents hommages en France comme à l'étranger.
La création d'un site Pierre Emmanuel s'est imposée comme une évidence et une priorité. Un nouvel outil pour retracer l'itinéraire de l'écrivain, du poète et de l'homme d'action engagé dans son siècle en faisant découvrir ses multiples visages : l'homme de culture, son action auprès des médias, mais aussi l'homme de foi, l'homme courageux, le résistant, le défenseur des droits de l'homme.
C'est un travail énorme qui fut engagé, un travail exigeant et rigoureux mené par Anne Simonnet (*) aidée dans ses recherches par des témoins de la vie de Pierre Emmanuel, par le Centre de recherche et par la famille du poète. Une approche aussi complète a nécessité des années de consultation dans les archives de la BNF, de l'Imec, l'Ina, et d'autres fonds. Des manuscrits, des photographies, des lettres et des documents souvent inédits, prêtés par des amis, des proches ou d'anciens collaborateurs de Pierre Emmanuel ont considérablement enrichi le site.
Pierre Emmanuel visionnaire, initiateur et créateur de la Vidéothèque (Forum des Images), confiant dans les nouvelles technologies, aurait certainement apprécié l'instrument de connaissance, de dialogue et d'échange que constitue un tel site.
Proposer un site clair, lisible, complet et accessible à tous, telle fut notre démarche pour que Pierre Emmanuel reste vivant dans les mémoires.
Catherine Carlier, Présidente de l'Association
(*) Anne Simonnet est professeur de Lettres classiques, Docteur ès Lettres, auteur de l'ouvrage Pierre Emmanuel, poète du Samedi saint et d'une thèse : Le Christ de Pierre Emmanuel. L'élaboration d’un mythe personnel.
Cela s'est passé un... (La micro-information du jour)
21 avril
21 avril 1956
Diffusion d’une émission radiophonique de la série « Des idées et des hommes », « Entretiens avec Pierre Emmanuel » 2e série – « Examen de conscience d’un poète » –, 3e émission. Pierre Emmanuel y est interrogé par Jean Amrouche. « Vous savez que « Visage nuage » est aussi un des textes du livre ; le visage c’est notre visage tel qu’il se forme à travers notre vie, le visage que nous prenons en vivant, et le poème dit, ou essaie de dire, qu’il est pour ainsi dire tissé sur un nuage, qui passe lui aussi et qui change. Et l’image, vous vous rappelez peut-être que l’image centrale de ce poème « Visage nuage », c’est l’image du nuage qui est comme la navette du tisserand : elle court dans un tissu qui, en même temps qu’il se fait, s’enroule, c’est-à-dire que notre existence tout entière est oubliée, est enroulée, pour ainsi dire, au fur et à mesure que nous vivons. Par conséquent, nous ne savons jamais de quel tissu nous sommes faits, quelle est la forme de notre destinée, nous devons nous en remettre pour cela à ce visage qui sera imprimé en nous par la mort, et qui est d’ailleurs un visage invisible. »
22 avril
22 avril 1963
Lettre à Paul Flamand. « Voici deux tirés à part, pierre d’attente d’un livre auquel je pense, sur la prière comme antonyme de la poésie. Mon Claudel et Eschyle m’a fait réfléchir dans le même sens, et j’ai quelques autres idées qui s’organisent. Je voudrais, dans un monde bruyant, ignorant, profane, distrait, etc…, que j’accepte, montrer que le silence, la connaissance, le goût du sacré, etc…, sont possibles au milieu des apparences contraires et n’ont leur vrai sens qu’en elles. Donc, abaisser les prétentions pseudo-sacerdotales de la poésie. »
23 avril
23 avril 1983
« La détresse unisexe », France catholique, n° 1898. « Ces “comportements suicidaires du monde industriel en voie d’autodestruction”, dont Pierre Chaunu parle avec insistance, peu de gens les perçoivent dans l’ordinaire des jours. Les grandes villes sont surpeuplées, on y vit à un rythme superficiellement frénétique : partout règnent l’abondance, voire l’excès, tout est à vendre, tout risque est assuré. Le progrès technique confond l’imagination, la navette Challenger atterrit sur nos petits écrans comme une vulgaire Caravelle ; bientôt ON fera des cœurs en plastique, ON greffera d’une femme sur l’autre des embryons, ON mènera des fœtus à terme dans le corps de leurs mères mortes : que ne fera-t-ON pas ! L’Occident, ivre en permanence des triomphes de sa technologie, construit son futur dans sa tête comme une inlassable fantasmagorie électronique. Et, certes, il rêve et fait même des cauchemars, mais ses vraies terreurs, il se les cache en jouant avec les extra-terrestres, et en y apprivoisant ses enfants — ses de plus en plus rares enfants. »
24 avril
24 avril 1980
« Les murs de l’école », Le Figaro, p. 1, 12.[À propos de la réforme Haby] « Pour les “décideurs” pas de “problème”. Ou plutôt, le problème n’est pas d’éduquer de jeunes consciences : il est de trier les mieux adaptés à une société du rendement. Il y a quelques semaines, au dîner d’un club où cette classe de gens se retrouvent, ceux de ma table, parvenus aux plus hautes fonctions, notaient, pour s’en féliciter, le “réalisme” des jeunes, autrement dit des fils de technocrates, ceux-là n’auront pas de troubles de conscience au spectacle du darwinisme social.Pas davantage les convives de ce repas ministériel au cours duquel j’essayais de défendre l’idée saugrenue qu’il faut apprendre aux enfants non à lire et à écrire, mais à parler ; et que parler, nommer les choses, établir entre elles des liens concrets, c’est commencer d’organiser le monde et faire l’apprentissage de la liberté. »
25 avril
25 avril 1968
Pierre Emmanuel est élu à l’Académie française par 16 voix au 4e tour. Inter-Actualités l’annonce au journal de 20 h. Julien Green écrit ce jour-là dans son Journal (1966-1972, Plon, 1972, p. 91) : « Pierre Emmanuel élu à l’Académie. À la T.V. une demoiselle l’interroge. Elle l’informe d’abord qu’elle n’a pas la foi, que lorsqu’elle mourra, tout sera fini. Il lui dit que non, que tout commencera. J’écris à Pierre Emmanuel un mot pour le féliciter d’avoir dit à cette personne qui se croit promise au néant qu’elle est indestructible, que cela lui plaise ou non. »
26 avril
26 avril 1968
François Mauriac, Bloc-Notes, Présentation et notes de Jean Touzot, Seuil, coll. « Points essais », 1971, nouvelle édition 1993, p. 68. « Que de roses il y aura cette année ! Mais elles sont lentes à s’épanouir. Les verrai-je seulement ? À cause d’elles j’ai péché contre l’amitié, je ne suis pas rentré, comme c’eût été mon devoir, pour l’élection académique d’hier. J’ai frémi ce matin quand j’ai vu que mon ami Pierre Emmanuel a obtenu exactement les seize voix qu’il lui fallait pour être élu : ne lui en eût-il manqué qu’une, j’aurais été responsable de son échec. C’est la faute de ce trop beau printemps. Le vrai est que dans le grand âge les lilas sont toujours les derniers lilas et les roses les dernières roses. Ce qui est écrit dans le filigrane de notre vie change selon les époques. Ce fut durant des années “il est temps encore…”. C’est devenu “pour la dernière fois ?”, avec ce point d’interrogation qui est en fait de suspension. / Un poète devrait se rendre à ces raisons – oui, mais un poète candidat à l’Académie, même l’admirable Pierre Emmanuel, ne croit pas que ce qui est important c’est la rose, mais que c’est d’avoir son compte de voix. Il faut dire que je ne me trompe guère d’habitude dans mes prévisions et qu’il me paraissait peu vraisemblable que ce scrutin-là, avec ce peloton serré de candidats, n’aboutisse pas à une élection blanche. Cela valait-il que je renonce au printemps ? »
27 avril
27 avril 1940
Lettre à Jean Cayrol. « Il me semble indispensable que le poète soit présent avec le même degré d’incarnation que tout autre homme. Je ne crois pas que la tactique adoptée par les poètes : être purs, s’enfermer en eux-mêmes plus encore que par le passé, préserver ce quoi ? qu’ils proclament sacré, et souligner davantage encore qu’ils ne sont pas de ce monde, puisse mener la poésie à quelque chose de grand et de précieux. Qu’avons-nous à conserver qui en vaille la peine ? Cette poésie de plus en plus absconse qui fleurit un peu partout, ces jeux de toile d’araignée sur le visage d’une vieille fille, ce narcissisme exaspéré des poètes de trente ans ? Je les hais d’une haine aussi grande que mon désir, que ma passion de vraie poésie. »
28 avril
28 avril 1970
Diffusion de l’émission radiophonique « Votre jardin secret » consacrée à Pierre Emmanuel sur France Inter. Pierre Emmanuel évoque l’origine de sa vocation de poète fait un éloge de Pierre Seghers, précise ce qu’est la poésie pour lui (6’35 ») et dit un extrait de Jacob (2’10 »). « Ah, je regrette, Madame, de vous décevoir : j’ai en effet écrit beaucoup de livres pour essayer de définir la poésie, ou plus exactement la fonction du poète, en particulier le rapport entre cette fonction et d’autres fonctions de la pensée, il n’est pas possible de donner une définition de la poésie en quelques mots, mais je crois tout de même que contrairement à ce que pensent beaucoup de gens, ce n’est pas simplement une façon de dire, une façon d’orner des pensées et des sentiments, une sorte d’artisanat supérieur du langage, c’est véritablement une façon de penser. On pense en poésie, on pense poétiquement comme on pense philosophiquement ou scientifiquement. On aborde la réalité d’une certaine manière et tout est question de définition de l’imagination créatrice. En fait l’imagination créatrice n’a rien à voir avec ce que nous appelons la fantaisie. »