Les nouveautés sur le site
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• Cela s'est passé un... Semaine du 23 au 30 mars (ci-dessous).
• L'extrait du mois :
- « Quelqu’un », Sophia, Seuil, 1973, p. 377 ; Œuvres complètes, vol. II, L’Âge d’Homme, 2003, p. 417.
- « Le Risque de la mort », conférence prononcée à la Semaine des intellectuels catholiques (6-12 novembre 1963), in L’avenir, DDB, 1964, p. 176-183. Repris dans La Face humaine, Seuil, 1965, p. 241-242.
• « The power of the poet », The Atlantic, n° 187, janvier 1951, p. 74-77.
• 28 novembre 2019 : décès de M. François Livi, exécuteur testamentaire du poète et président du Centre de recherche. Cf. colonne de droite (Centre de recherche).
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Mme Catherine Emmanuel Carlier, présidente de l'Association des Amis de Pierre Emmanuel, lui rend ici hommage.Chers Amis,
La nouvelle de la mort de François Livi nous a tous bouleversés, il est parti trop vite, trop tôt.
Au fil du temps nous avions appris à le connaître. Nous aimions son humour, la qualité de son écoute, son humilité, sa bienveillance.
Parfois, il se plaisait à nous raconter sa première rencontre avec Pierre Emmanuel, en 1966 rue de Varenne, alors qu’il était un tout jeune étudiant et comment très vite ils se lièrent d’une profonde amitié. Une amitié qui ne s’est jamais démentie.
François Livi exécuteur testamentaire de Pierre Emmanuel fut le président du Centre de recherche, crée en 1986. Il a beaucoup œuvré, avec tous les membres du Centre, à la connaissance et à la mémoire du poète et nous lui en sommes très reconnaissants.
Comme il va nous manquer lui qui nous a tant donné et tant appris !
Catherine Emmanuel Carlier
Présidente de l’Association des amis de Pierre Emmanuel
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• Des nouvelles dans "On en parle...", colonne de droite: livres, émissions et articles nouveaux sur Pierre Emmanuel
• IMPORTANT : Les photos, textes et autres documents de ce site ne sont pas libres de droit, ceux de Facebook ou des affiches non plus.
• Rappel : les liens sont visibles lorsqu'on passe sur le texte.
Le mot de l'Association
Depuis sa création, en 1985, l'Association s'est attachée à servir la mémoire de Pierre Emmanuel et à faire connaître son œuvre en apportant son soutien à des publications, rencontres, expositions, émissions radiophoniques et à différents hommages en France comme à l'étranger.
La création d'un site Pierre Emmanuel s'est imposée comme une évidence et une priorité. Un nouvel outil pour retracer l'itinéraire de l'écrivain, du poète et de l'homme d'action engagé dans son siècle en faisant découvrir ses multiples visages : l'homme de culture, son action auprès des médias, mais aussi l'homme de foi, l'homme courageux, le résistant, le défenseur des droits de l'homme.
C'est un travail énorme qui fut engagé, un travail exigeant et rigoureux mené par Anne Simonnet (*) aidée dans ses recherches par des témoins de la vie de Pierre Emmanuel, par le Centre de recherche et par la famille du poète. Une approche aussi complète a nécessité des années de consultation dans les archives de la BNF, de l'Imec, l'Ina, et d'autres fonds. Des manuscrits, des photographies, des lettres et des documents souvent inédits, prêtés par des amis, des proches ou d'anciens collaborateurs de Pierre Emmanuel ont considérablement enrichi le site.
Pierre Emmanuel visionnaire, initiateur et créateur de la Vidéothèque (Forum des Images), confiant dans les nouvelles technologies, aurait certainement apprécié l'instrument de connaissance, de dialogue et d'échange que constitue un tel site.
Proposer un site clair, lisible, complet et accessible à tous, telle fut notre démarche pour que Pierre Emmanuel reste vivant dans les mémoires.
Catherine Carlier, Présidente de l'Association
(*) Anne Simonnet est professeur de Lettres classiques, Docteur ès Lettres, auteur de l'ouvrage Pierre Emmanuel, poète du Samedi saint et d'une thèse : Le Christ de Pierre Emmanuel. L'élaboration d’un mythe personnel.
Cela s'est passé un... (La micro-information du jour)
23 mars
23 mars 1984
« Une logique fatale ? » (19 mars 1984), France catholique, n° 1945. « Les nationalisations font partie de ces systèmes unitaires qui rassurent, puisqu’ainsi la production et le producteur sont “intégrés” à l’État. Mais cette intégration ne sera véritablement totale que lorsque l’économie sera tout entière “libérée” des lois du marché, autarcique, comme elle l’est en Union Soviétique, pays du “socialisme réel”. L’industrie, le commerce, la banque, l’épargne, la mode (pourquoi pas ?), l’organisation du travail et même le sort de chaque travailleur dans cette organisation, toute l’activité – ou l’inactivité – collective, seront alors régies par une classe de fonctionnaires subordonnés directement aux instances de l’État, ou, pour dire mieux, par une classe constituant à elle seule l’État.
Appelons-la de son nom officiel dans les pays où elle règne : la Nomenklatura, identification de l’État et du Parti unique, à tous les degrés de la hiérarchie. Supposant le socialisme enfin « réalisé », nous ne parlerons pas de certains moyens intermédiaires de sa réalisation sur le plan politique, tchékas et Kagébés, par exemple, ni sur le plan économique, goulags et camps de travail forcé. Nous rappellerons seulement la proposition de Dzerjinski : “On ne se sert pas suffisamment de la main-d’œuvre des incarcérés pour des travaux d’intérêt général (…)”. »
24 mars
24 mars 1980
« L’avenir de la religion », article de Pierre Emmanuel dans Le Figaro, p. 1, 9. « Le défi historique à la religion du Dieu fait homme est qu’elle fasse la preuve, non de sa supériorité mais de l’ampleur de son ouverture à l’essentiel, d’où qu’il vienne. Cette compréhension vaut aussi bien envers le sérieux de l’athéisme, tout autre que la frivolité agnostique de tant d’existants superficiels. Ce que leur foi demande aux chrétiens comme aux autres croyants en la Réalité suprême, c’est d’être les artisans d’une régénération du sens : car, ayant enfin ruiné en raison tout désir de Dieu en eux-mêmes, c’est de l’humain que désespèrent les hommes de notre temps. Ce nihilisme, aujourd’hui déguisé par l’abondance et le confort, est gros de formidables pulsions destructrices. Un jour peut venir où, pour la survie de l’espèce, la nécessité planétaire du sens l’emporte violemment sur la rationalité insensée d’une société qui se croit auto-suffisante d’engendrer sans cesse de nouveaux “progrès matériels”.»
25 mars
25 mars 1955
« Une jeunesse déracinée », article de Pierre Emmanuel dans Témoignage chrétien, n° 559, p. 2. « Voyez les jeunes d’aujourd’hui : quel horizon leur présentons-nous ? Si la liberté est la faculté de voir loin tout en plongeant dans la durable, quelle liberté leur est laissée ? Ce sont des déracinés : auraient-ils des racines, à quoi bon ? Où est le sol ferme pour les enfoncer ? Plus seuls que nous qui vivions la patrie au présent, et nous sentions reliés à nos aînés jusque dans les luttes qui nous opposaient à eux, ceux qui nous suivent n’ont pas vécu concrètement la France : ils n’ont littéralement plus d’aînés. Pour lutter contre l’amère impression de n’être que des accidents de l’histoire, ils essaient de s’insérer dans un tout qui commencerait avec eux : le communisme, la Jeune Europe, ou simplement une technique déterminée. Sans doute suivent-ils ainsi le sens apparent du monde ; il serait vain de leur imposer comme atmosphère la mémoire d’un passé défunt. […]
Loin de moi la pensée de me joindre aux Cassandres qui irritent à juste titre les jeunes gens. Pas plus qu’eux je ne suis attaché à ce qui meurt, mais je crois que ce qui meurt nous cache souvent notre part de l’impérissable. Ayant vécu davantage qu’eux, et mesuré l’homme plus avant, je vois bien que l’homme moderne, tel qu’on tente de m’y ajuster, est trop étroit pour me contenir. »
26 mars
26 mars 1970
Alain Bosquet, « Jacob, de Pierre Emmanuel », Combat, p. 7. « La poésie monumentale et tentaculaire de Pierre Emmanuel suppose plusieurs acceptations, ce qui la rend proprement singulière à l’époque où toute forme de langage se remet en cause : le prestige du discours demeure traditionnel, la rhétorique continue sa quête normale de grandeur et de célébration à l’usage de tous, le mystère n’est pas irréductible. Bien davantage : le poète chrétien se soumet librement à ce qui fait de lui un chrétien, et ne considère son art que comme un commentaire – mais aussi une lutte – des Écritures, où il puise le plus clair et le plus profond de son inspiration. Le poème en devient le corollaire d’un poème, le prolongement d’un mythe, l’échafaudage immense où une ancienne architecture reste visible. »
27 mars
27 mars 1958
Jean Rousselot, « La poésie », Les Nouvelles littéraires, n° 1595, 27 mars 1958, p. 3. « Je disais, dans ma précédente chronique, que les poètes ne gagnent jamais rien à “se justifier”. Pierre Emmanuel n’est pas de mon avis, qui fait précéder son dernier recueil : Versant de l’âge (Le Seuil), d’un texte en prose : Au commencement la parole, où il affirme son orgueil d’être né homme, sa volonté d’assumer pleinement sa condition d’homme dans notre siècle déchiré, enfin sa confiance dans la parole, lieu de communion entre les hommes et “indéfinie révélation de l’être”. Ce texte est très beau et plusieurs de ses phrases ont force d’inscription : “Ma vocation est de présenter l’homme dans la certitude et le vertige de la foi, l’homme dans son intégrité et sa misère, sans son énigmatique et contradictoire vérité” ; “l’énigme de l’homme veut qu’il fasse le rêve d’une volatilisation de l’homme et du monde, d’une expérience pour voir le néant ; et qu’il ait le pouvoir de le réaliser”. Mais, qu’Emmanuel me pardonne, tout cela est encore mieux dit dans ses poèmes, ou plutôt mieux exprimé. Car il en va de la parole comme de la marche : sa preuve est dans l’action. »
28 mars
28 mars 1958
Lettre à Claude Vigée. « [...] En lisant le Journal de l’été indien, j’ai rencontré bien souvent une pensée très proche de la mienne [...] Votre appétit de la nature, du monde enfantin aussi [...] Tout cela qui constitue votre fonds propre et qui parfois vous situe dans un univers autre, plus réel que le monde où vous vivez [...] quelle volonté de reconstituer à tout prix l’Éden perdu... [...]. »
29 mars
29 mars 1974
« L’implosion », article de Pierre Emmanuel dans Le Figaro, p. 1, 24. « Quel que soit mon respect des hommes de science, quelque certitude que j’aie de leur capacité de prévision extérieure dans les limites de leur savoir, je ne les crédite pas d’une sagesse intérieure en quelque sorte spécifique. Je les vois angoissés devant certaines perspectives de démesure ouvertes par la science, et conscients des limites politiques de leur pouvoir. Ce sentiment de responsabilité les honore, mais ne leur donne pas à lui seul un regain suprêmement lucide sur les valeurs et les finalités humaines. Il leur est difficile, par exemple, de faire place à la notion de liberté dans leur idéal de gestion globale. En fait, ils en restent à la loi des grands nombres, à l’humanité, non aux hommes individuels. Or, on peut se demander de quel intérêt serait la survie de l’espèce sans celle des individualités : c’est même l’une des questions qui nous hantent, et que ne résout pas, pour citer le rapport, “l’universalité des aspirations humaines qu’ont opérée les media” ».
30 mars
30 mars 1956
« En l’honneur de Staline ! », article de Pierre Emmanuel dans Témoignage chrétien, n° 612, p. 2. « “Il est plus grand mort que vivant”, disait Henri III du duc de Guise qu’il venait de faire exécuter. Nul ne l’a dit de Staline : pourtant son ombre sur le communisme est immense. L’unanimité qui le condamne aujourd’hui, c’est lui qui triomphe en elle, puisque c’est lui qui l’a forgée. Sa grande victoire fut d’avoir aliéné la parole, d’en avoir fait un abracadabra. Le lexique marxiste (stalinien) n’est qu’une suite d’incantations et d’anathèmes : le moindre article de journal communiste une séquence de liturgie. Répétés par des millions de bouches, les mots magiques “culte de la personnalité” sont l’exorcisme qu’attendaient des millions d’hommes que voici “délivrés de Staline” au commandement de la Voix. On les jettera demain, ces quatre mots, à la face de qui l’on veut perdre, comme hier ceux de “réformiste”, de “déviationniste” ou de “petit-bourgeois”. Il aura suffi de les prononcer pour escamoter trente ans d’histoire vivante, faite par des hommes qui ont cru, ont eu raison, se sont trompés, ont souffert et les uns en sont morts, tandis que les autres survivaient à leurs souffrances, à leurs mensonges et peut-être à leur vérité. »