Les nouveautés sur le site
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• Cela s'est passé un... Semaine du 29 janvier au 5 février (ci-dessous).
• L'extrait du mois :
- « Hymne à la France », Jour de colère, Coll. « Poésie 45 », Seghers, 1945. D’abord publié seul en octobre 1944 à Monaco, aux Éditions du Rocher. Le poème est orné de trois compositions en couleurs de Léon Zack. Publié aussi dans Formes et couleurs, n° 6 1944, s. p. Il demeure inchangé en 1945 ; Œuvres poétiques complètes, vol. I, L’Âge d’Homme, 2001, p. 434.
- Il est grand temps…, Autobiographies, chap. XI, L’Âge d’Homme, 2014, p. 533.
• Regard sur... Mikhaïl Lermontov.
• 28 novembre 2019 : décès de M. François Livi, exécuteur testamentaire du poète et président du Centre de recherche. Cf. colonne de droite (Centre de recherche).
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Mme Catherine Emmanuel Carlier, présidente de l'Association des Amis de Pierre Emmanuel, lui rend ici hommage.Chers Amis,
La nouvelle de la mort de François Livi nous a tous bouleversés, il est parti trop vite, trop tôt.
Au fil du temps nous avions appris à le connaître. Nous aimions son humour, la qualité de son écoute, son humilité, sa bienveillance.
Parfois, il se plaisait à nous raconter sa première rencontre avec Pierre Emmanuel, en 1966 rue de Varenne, alors qu’il était un tout jeune étudiant et comment très vite ils se lièrent d’une profonde amitié. Une amitié qui ne s’est jamais démentie.
François Livi exécuteur testamentaire de Pierre Emmanuel fut le président du Centre de recherche, crée en 1986. Il a beaucoup œuvré, avec tous les membres du Centre, à la connaissance et à la mémoire du poète et nous lui en sommes très reconnaissants.
Comme il va nous manquer lui qui nous a tant donné et tant appris !
Catherine Emmanuel Carlier
Présidente de l’Association des amis de Pierre Emmanuel
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• Des nouvelles dans "On en parle...", colonne de droite: livres, émissions et articles nouveaux sur Pierre Emmanuel.
• La lettre de l'Association des Amis de Pierre Emmanuel et le bulletin d'adhésion 2019. Merci aux généreux donateurs !
• IMPORTANT : Les photos, textes et autres documents de ce site ne sont pas libres de droit, ceux de Facebook ou des affiches non plus.
• Rappel : les liens sont visibles lorsqu'on passe sur le texte.
Le mot de l'Association
Depuis sa création, en 1985, l'Association s'est attachée à servir la mémoire de Pierre Emmanuel et à faire connaître son œuvre en apportant son soutien à des publications, rencontres, expositions, émissions radiophoniques et à différents hommages en France comme à l'étranger.
La création d'un site Pierre Emmanuel s'est imposée comme une évidence et une priorité. Un nouvel outil pour retracer l'itinéraire de l'écrivain, du poète et de l'homme d'action engagé dans son siècle en faisant découvrir ses multiples visages : l'homme de culture, son action auprès des médias, mais aussi l'homme de foi, l'homme courageux, le résistant, le défenseur des droits de l'homme.
C'est un travail énorme qui fut engagé, un travail exigeant et rigoureux mené par Anne Simonnet (*) aidée dans ses recherches par des témoins de la vie de Pierre Emmanuel, par le Centre de recherche et par la famille du poète. Une approche aussi complète a nécessité des années de consultation dans les archives de la BNF, de l'Imec, l'Ina, et d'autres fonds. Des manuscrits, des photographies, des lettres et des documents souvent inédits, prêtés par des amis, des proches ou d'anciens collaborateurs de Pierre Emmanuel ont considérablement enrichi le site.
Pierre Emmanuel visionnaire, initiateur et créateur de la Vidéothèque (Forum des Images), confiant dans les nouvelles technologies, aurait certainement apprécié l'instrument de connaissance, de dialogue et d'échange que constitue un tel site.
Proposer un site clair, lisible, complet et accessible à tous, telle fut notre démarche pour que Pierre Emmanuel reste vivant dans les mémoires.
Catherine Carlier, Présidente de l'Association
(*) Anne Simonnet est professeur de Lettres classiques, Docteur ès Lettres, auteur de l'ouvrage Pierre Emmanuel, poète du Samedi saint et d'une thèse : Le Christ de Pierre Emmanuel. L'élaboration d’un mythe personnel.
Cela s'est passé un... (La micro-information du jour)
29 janvier
29 janvier 1953
Diffusion d’une émission sur Pierre Emmanuel dans la série « Cent ans de spiritualité dans les lettres françaises ». Stanislas Fumet présente la poésie de Pierre Emmanuel sur des musiques de son frère, Raphaël Fumet. Plusieurs poèmes de Pierre Emmanuel sont lus au cours de l’émission, dont certains par Maria Casarès. « Le Christ inséparable de nous-même. Toute la poésie de Pierre Emmanuel, sa conscience d’homme et de poète – il ne veut pas dissocier l’homme et le poète, et c’est je crois ce qui fait sa principale originalité à une époque où la parole ne se donne plus pour office de donner forme à la pensée – tout son art enfin, qui est proprement une exaltation clame ceci : que Dieu se livre à une incarnation perpétuelle, dont nous sommes littéralement habités, non point comme d’une grâce, non pas toujours comme d’une grâce, mais bien comme d’une destinée. Aussitôt que Pierre Emmanuel a écrit un de ses grands poèmes, à la suite, il est vrai, d’un choc reçu au contact des œuvres de son initiateur, Pierre Jean Jouve, on peut dire que le poète adolescent a senti ce Dieu s’agiter dans ses entrailles, mais non pour le recevoir à la manière de la Vierge élue, Marie de Nazareth, la seule qui l’enfanta, pour subir plutôt sa présence, imposée à son être comme une réalité, à son esprit comme une fatalité. »
30 janvier
30 janvier 1979
Diffusion d’une émission radiophonique de la collection « Livres en fête ». Pierre Emmanuel s’entretient avec Jacques Pagam de son dernier recueil de poésie Una, la vie, la mort. « [D]ans le rapport entre l’homme et la femme, je crois que la femme est plus symbolique pour l’homme que l’homme n’est symbolique pour la femme ; c’est (…) la richesse de la femme qui est inépuisable ! Je crois que le masculin s’épuise beaucoup plus facilement, beaucoup plus immédiatement que le féminin… peut-être parce que le féminin est l’englobant de la vie ; parce que le féminin c’est la nature, parce que le féminin c’est l’élémentaire, parce que le féminin c’est la genèse, alors que le masculin n’est jamais que la conception ; il y a là quelque chose que je sens, que j’exprime très mal, parce que je le réduis à des concepts, maintenant, mais qu’une image d’une ligne me permet de saisir beaucoup mieux que je ne le dirais. En fait, c’est cela la vérité de la lecture poétique, pour ceux qui savent lire, n’est-ce pas ? »
31 janvier
31 janvier 1984
Lettre à Sœur Dominique (Ste Marie de Maumont). « Pardonnez-moi de répondre aussi tard à votre lettre : je voulais achever à tout prix une œuvre commencée il y a quatre ans, certainement la plus ambitieuse que j’ai conçue, sinon la plus réussie. Peut-être connaissez-vous ce vers de Mallarmé qui dit assez bien ce que nous cherchons par des voies diverses, « Que la vitre soit l’art, soit la mysticité ». D’une certaine manière, votre fenêtre à vous sur le ciel est colorée par la poésie, fût-elle, humblement, celle de l’hymnologue qui se méfie, à juste titre peut-être, des confusions qu’affectionnent les poètes entre l’esthétique et l’oraison. Mais cette ineffable, infranchissable distance qui sépare l’homme valide de l’homme souffrant, et plus encore la souffrance humaine de la divine, n’est-elle pas exprimée dans les termes à la fois les plus poétiques et les plus justes qui soient ? »
1er février
1 février 1962
« En chemin », article de Pierre Emmanuel dans Réforme, n° 985, p. 13. « La reconnaissance de la Chine populaire est dans la logique des faits. Que ce grand fait soit de bonne politique, mon rôle ici n’est pas d’en discuter. Quelles que soient les arrières-pensées de celui qui a pris cette décision capitale, il se peut que l’une d’elles soit qu’un tel acte rend à la France, aux yeux du Tiers-Monde, une primauté morale que, la décolonisation réussie, notre pays entend assumer en la personne de son chef. (…) C’est faire en tout cas belle confiance au destin que d’équilibrer par un humanisme politique à la française la formidable ambition totalitaire dont la Chine ne nous laisse ignorer ni la nature ni l’impatience. Ce que cette attitude comporte de foi dans l’esprit de l’homme, et aussi dans l’âme des peuples, donne au risque par ailleurs calculé une dimension inhabituelle en politique. Comme il arrive souvent chez le général de Gaulle, l’identification à la France idéale rejoint une idée universelle de l’homme et passe très haut par-dessus la tête de la plupart des Français “réels”.
2 février
2 février 1952
Diffusion d’une émission radiophonique sur Babel dans la série « Des idées et des hommes » de Jean Amrouche. « [L]a grande force, la leçon morale des camps de déportation, c’est en fin de compte la possibilité de préserver, la possibilité pour certains de préserver une réalité spirituelle intangible. Dans le poème dont il s’agit [« L’hymne des témoins »] je me réfère à l’expérience même de Martin-Chauffier qui, battu avec ces tuyaux de plomb, je crois, dont les soldats nazis se servaient pour flageller leurs victimes, se récitait des poèmes de Virgile pour ne pas flancher et ne pas crier. Il y a dans cette volonté de garder malgré tout et dans l’humiliation totale ce qui est essentiel, il y a évidemment un témoignage absolu quant à l’homme. Et c’est le sens de ce poème-là. Alors de ce poème est né, pourrait-on dire, l’ensemble du livre. »
3 février
3 février 1951
Pierre Emmanuel, « La propagande politique », Feuille avis, Lausanne, 3 février 1951, p. 2. « La Collection Que sais-je ? aux Presses universitaires de France, est une encyclopédie permanente unique au monde et dont la bibliothèque de tout honnête homme compte un certain nombre de volumes, sur des sujets fort divers. Le benjamin de cette collection est d’une actualité singulière : il s’agit de La propagande politique, de Jean-Marie Domenach Ce dernier est rédacteur général de l’une des plus grandes revues françaises, Esprit, dont le fondateur Emmanuel Mounier mourut il y a quelques mois. Domenach est un jeune – il n’a pas trente ans – dont la formation politique est intéressante parce qu’elle s’est faite d’abord en milieu clandestin, sous l’occupation, et au contact des philosophies politiques tenues pour les plus révolutionnaires, le marxisme en particulier. Mais Domenach, pas plus que Mounier, n’a jamais transigé sur la nécessité de défendre la personne humaine contre quelque forme de totalitarisme que ce soit ; cette position de principe assurée, Domenahc ne s’est pas contenté de condamner en bloc les régimes totalitaires, il a tenté d’en comprendre les causes, d’analyser leurs mécanismes, de les considérer comme des faits sociaux de première grandeur, et non comme des mirages ou des mythes. Ce qui était se placer d’emblée hors des prises de la propagande, qui ne sait qu’anéantir ou exalter. »
4 février
4 février 1980
« La gauche et les droits de l’homme », article de Pierre Emmanuel dans Le Figaro, p. 1, 6. « Il ne faut pas sous-estimer le pouvoir des intellectuels. Depuis deux siècles et demi, il a largement façonné la vie politique et sociale. Les grandes idéologies qui nous dominent sont des théories portant sur l’homme avant d’être des méthodes de gouvernement ou des pratiques de la révolution.
Il y a quelque chose d’enivrant dans ces doctrines : ce sont des explications totales de l’histoire, des utopies réalisées. Ceux qui les admettent ne se posent pas la question de leur adéquation au réel, mais, comme le dit Alain Besançon, travaillent à imposer de force la surréalité contre le réel lui-même.
Pour atteindre à la société idéale, où l’homme enfin désaliéné sera définitivement libre et bon, la pire contrainte est éventuellement justifiable, et la terreur. »
5 février
5 février 1955
Diffusion de la cinquième émission radiophonique de la série « La vocation poétique, entretien avec Pierre Emmanuel » dans la collection « Des idées et des hommes » de Jean Amrouche. « [L]’enfer, c’est le chaos des instincts. Des instincts qui ne sont pas encore arrivés à la lumière, parce qu’ils n’ont pas trouvé peut-être, la forme à travers laquelle s’exprimer et en même temps s’exorciser. Dans Le Poëte et son Christ, il y a déjà, en tout cas jusqu’à un certain point, victoire sur le sentiment de l’irrémédiable mort. Mais ce n’est pas suffisant en ce sens que le Christ, dans Le Poëte et son Christ, reste toujours la figure médiatrice essentielle et même dans ce poème intitulé “Lazare ressuscitant”, où c’est bien Lazare, c’est-à-dire un homme, qui ressuscite, c’est tout de même le Christ qui va le chercher au fond du tombeau pour l’en faire surgir et qui fait l’épreuve du chaos intime, du désordre, et de l’espèce de division qui règne au cœur de Lazare. Il fallait donc qu’une occasion me fût fournie, à moi, de me mesurer avec ce monde intérieur que jusqu’alors je n’avais exprimé que par des symboles. Des symboles qui m’étaient en partie extérieur, puisqu’ils étaient empruntés à de grandes images traditionnelles. »