PIERRE EMMANUEL

     « Notre nom total nous échappe : symbole de notre présence au monde, il est au delà de tous nos noms, du nom de plume comme du nom de guerre, du matricule comme du nom d’amour, du nom en religion comme du nom de famille. Ce ne sont là que des signes particuliers, plus ou moins riches de substance, et qui n’expriment notre présence qu’en aspect. Certes, chacun de ces signes nous mande, nous intime de lui répondre en nous y conformant. Son accent propre, qu’y met en nous envisageant qui le profère (un accent, inséparable du nom qu’il accentue, comme si le nom à nous donné se confondait avec l’intention sur nous de qui nomme), nous dispose d’une certaine manière, nous contraint par son intimation précise – allant de l’extrême tendresse à l’extrême brutalité, – à nous présenter au regard de l’autre selon la figure qu’il invoque, ou provoque en nous. Nous ne sommes pas le même être quand nous répondons à nos noms divers : aucun de nous ne sommes en vérité, ce ne sont jamais que des projections sur nous de notre image dans les autres, et nous n’y répondons en les faisant nous que dans la mesure où nous coïncidons avec cet autre qui nous interpelle, où nous acceptons de devenir un autre pour être pleinement un certain moi. »

L’Esprit des Lettres, n°1, Janvier 1955, p. 5.


     Cette section propose une autre manière de regarder
     - avec Pierre Emmanuel, sa vie, son oeuvre ou d'autres écrivains, des influences etc.,
     - avec d'autres, le poète (vie et oeuvre),
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