Qu’est-ce qui sauvera la raison, l’homme dans l’homme ? Cette question, posée aujourd’hui, dans les conditions de vie qui sont en train de devenir les nôtres, appelle à une culture pour notre temps. Si elle avait une réponse toute faite, par exemple dans notre héritage culturel, la question ne se poserait pas. Pour y répondre, il faut ébaucher du nouveau. Cette ébauche ne peut se conformer à aucune théorie existante de la culture : elle doit épouser, avant de leur donner forme, les modifications de l’homme moderne et de son milieu. Cela ne veut pas dire qu’elle ne reprendra pas à son compte des expériences très anciennes, d’éternels besoins de l’homme. Elle redécouvrira peut-être toute une part de l’héritage, oubliée ou mise au rebut. Elle ravivera des puissances atrophiées par certains transferts de civilisation et certains grands choix ontologiques. Tout renouvellement dans l’homme est aussi une renaissance: est-il besoin de rappeler qu’à de tels moments de l’histoire, l’esprit et la psyché, individuellement et collectivement, sont le siège d’une activité qui partiellement leur échappe et qu’ils endurent avec des sentiments contradictoires d’enthousiasme et de désespoir ? L’être de l’homme est assez grand pour les pâtir ensemble, partagé entre tout ce qu’il croit perdre et ce qu’il est encore incertain de créer.
Pour une politique de la culture, « L'imagination au pouvoir »