PIERRE EMMANUEL

Autobiographies

     Qui est cet homme ? paraît aux éditions L.U.F. (Librairie universitaire de Fribourg). Pierre Emmanuel est alors célèbre, entouré, recherché. Parisien depuis deux ans, il participe très activement à la vie intellectuelle et culturelle de son temps.
     Pierre Emmanuel évoque dans cette œuvre son enfance, sa jeunesse à Lyon, sa découverte de la poésie grâce à Pierre Jean Jouve, ses débuts et en particulier « Christ au tombeau », la Seconde guerre mondiale. « Mais ce n’est pas ce récit qui importe, car il s’agit moins d’événements extérieurs que d’une évolution spirituelle, et moins de celle-ci que d’une méditation qui dégage le sens universel de cette donnée « singulière ». (…) D’un bout à l’autre du livre tout se passe comme sur trois plans (…) entre lesquels un jeu subtil d’analogies établit une constante communication : plan de la destinée personnelle (…) ; plan de l’histoire contemporaine de cette destinée (…) ; plan métaphysique de la condition humaine et de la vision religieuse du monde» (A. Béguin, Une Semaine dans le Monde, 31 janvier 1948).

 

     L’ouvrier de la onzième heure est publié aux éditions du Seuil en 1953. Babel a paru deux ans auparavant, Visage nuage sera publié deux ans plus tard. L’œuvre s’inscrit donc dans une période où la poésie se fait plus rare, où le poète est en quête de lui-même. L’atmosphère a bien changé depuis Qui est cet homme ? : après son voyage dans les pays de l’Europe orientale, Pierre Emmanuel est ostracisé par l’intelligentsia de gauche et souffre de sa solitude. Il reprend le fil des événements depuis la guerre.
     Adressée à « Sancho Pança », l’œuvre se veut une réflexion sur l’histoire contemporaine (la dignité inaltérable de l’homme et la volonté de sa destruction qui guette chacun, la question du communisme, de la philosophie de l’« Histoire », la place du religieux dans la société etc.) bien davantage qu’une simple autobiographie.
     La fin de l’œuvre ouvre définitivement la réflexion au-delà du souvenir : « Le vrai monde n’est peut-être pas autre chose qu’un lieu où l’on a le temps de devenir véritablement homme, sans cesser d’être un enfant » (L’ouvrier de la onzième heure).

 

     En 1970 Pierre Emmanuel édite Autobiographies, qui reprend les deux premiers ouvrages avec quelques variantes ; une préface nuance certains propos.