Dans le dernier numéro des Cahiers Bernard-Lazare, un article de Michaël de Saint-Chéron « Centenaire de Pierre Emmanuel – Entre mémoire et résistance ».
François de Saint-Chéron intervient à la réunion d’« Aliénor », Cercle de poésie et d'esthétique Jacques G.Krafft, à 16 h 15, sur le thème : « Pierre Emmanuel : la Résistance, la Bible, la femme ».
À l’occasion de la mort d’Anne Perrier, Le Monde publie des extraits d’une interview dans laquelle elle évoquait ce qu’elle devait aux poètes résistants, dont Pierre Emmanuel.
Anne-Sophie Constant est intervenue à l’Espace Brémontier sur La Seconde Naissance, entre 12 h 30 et 13 h 45. La salle était comble et le public fut très sensible à la poésie de Pierre Emmanuel.
15 mars 2017
Jean-Huges Malineau, poète et éditeur, est mort le 9 mars 2017. Le Monde rappelle à cette occasion qu’il avait écrit un mémoire de maîtrise sur Tombeau d’Orphée et Le Poète fou.
P. Jean Radermakers, s. j., publie un long article : « Lazare, dehors ! » sur le poème « Résurrection de Lazare » d’Évangéliaire, dans le dernier numéro de La Vie consacrée. En voici le premier paragraphe :
« Un poète peut-il être aussi exégète ? Pourquoi pas ? En cette année 2016 où nous commémorons le centenaire de la naissance du grand auteur français malheureusement trop méconnu Pierre Emmanuel (1916-1984), il est peut-être utile de montrer comment un poète peut lire et commenter l’Ėvangile à l’égal d’un bibliste. Nous choisissons un poème extrait de son ouvrage Ėvangéliaire écrit en 1961. Sollicité de composer une préface à un album d’art traitant de la Nativité de Jésus, Pierre Emmanuel s’était laissé fasciner par la vie du Christ et, pris au jeu de la transposition poétique, en avait réalisé une sorte de " diatessarôn" (quatre évangiles en un seul) où il reparcourt l’itinéraire terrestre de Jésus qu’il raconte poétiquement à ses contemporains. Ce n’est donc ni une explication savante du texte, ni une élévation spirituelle ou priante, mais tout simplement un poème de vie. »
21 avril 2017
Soirée à la Maison de la Poésie : Pierre Emmanuel, Un poète dans la résistance
M. Daniel Trallero a fait paraître en juin un article sur Pierre Emmanuel intitulé « De Noël Mathieu à Pierre Emmanuel », très riche sur la période gantoise.
France 3 diffuse un documentaire, « Le viol, un crime sous silence », racontant le procès des violeurs d’Anne Tonglet et Araceli Castellano. On y voit rapidement Pierre Emmanuel accueillant l'avocat de l'accusation, maître G. Halimi, le 2 mai 1978 ; on rappelle plus loin sa présence parmi les manifestants et son impossibilité d'aller au bout de sa parole. Il avait été sollicité par elle pour témoigner des drames du viol et de la nécessité de changer profondément de regard : « Il me semble que le rôle des hommes d’aujourd’hui est d’essayer de rendre la société plus consciente de ce que signifie l’attaque sexuelle, de ce que signifie l’agression contre l’intégrité de la femme et le viol – et c’est pourquoi je suis ici – est la cause de traumatismes chez la femme violée ; j’ai vu cela plusieurs fois, en particulier pendant la guerre », eut-il le temps de préciser. Dans la très belle lettre qu'il écrivit ensuite à G. Halimi il précise : « il faudrait une véritable conversion de la civilisation au sens du féminin pour faire entendre aux hommes – et peut-être à certaines femmes – ce que signifie le rapt de l’identité, de l’intégrité personnelle dans son fond. La prétendue promiscuité ou permissivité des mœurs ne change rien à l’affaire ; ce n’est pas parce que des femmes fracturent leur féminité pour complaire à un certain esprit du temps que la féminité cesse d’exister dans son essence, et d’être essentiellement menacée par une civilisation productiviste, mécaniste et anti-génétique, qui la comprend et l’intègre de moins en moins. » Un article du Figaro, ce 19 septembre, reprend l'histoire et une belle photo du poète.
L’intervention de Pierre Emmanuel et la lettre qu’il écrivit ensuite à G. Halimi, à sa demande, sont reprises dans COLLECTIF, « Choisir la cause des femmes », Viol : le procès d'Aix-en-Provence : compte rendu intégral des débats... [Aix-en-Provence, Cour d'assises des Bouches-du-Rhône, 2-3 mai 1978], préface par Gisèle Halimi ; Gallimard, coll. « Idées », 1978, p. 221, 227-229, 287-289. Réédition sous le titre Viol : le procès d'Aix-en-Provence : sténotypie intégrale des débats et des témoignages..., préface de Gisèle Halimi, Paris, L’Harmattan, 2012, même pagination.
26 octobre 2017
Tout peut mener à Pierre Emmanuel. Ainsi l’article « Senteurs et saveurs de la Drôme provençale », dans Magcentre, est-il l’occasion de rappeler sa présence à Dieulefit.
À l’occasion d’une exposition : «Leonardo Cremonini 1925-2010», Exposition à la Galerie T&L du 30 novembre au 23 décembre 2017, un article de Lou Kolnikoff, « Leonardo Cremonini, l’inclassable », rappelle dans La Règle du jeu que Pierre Emmanuel écrivit sur le peintre.
Le 14 décembre avait lieu à l’Institut de France la présentation du Livre des Commémorations Nationales de l’année 2018, par Monsieur Gabriel de Broglie, de l’Académie Française , de l’Académie des sciences morales et politiques, Chancelier de l’Institut de France, par Monsieur Hervé Lemoine, directeur chargé des Archives de France et par Madame Danièle Sallenave, de l’Académie Française, présidente du Haut comité des Commémorations nationales en présence de Monsieur Georges-Richard délégué aux Commémorations nationales. Mesdames Catherine Carlier et Anne-Sophie Constant y étaient invitées, cette dernière y ayant rédigé un texte splendide sur Pierre Emmanuel, en l’honneur du cinquantième anniversaire de son élection à l’Académie Française. Madame Danièle Sallenave a fait une belle présentation de cet ouvrage et longuement cité le poète résistant Pierre Emmanuel.
• Une "Note inédite de Pierre Emmanuel" sur le site de M. Jean Sur.
• Une belle photo de Pierre Emmanuel lors du procès d'Aix en mai 1978, dans Le Figaro du 19 septembre.
9 décembre 2017
Le nom de Jean d’Ormesson n'apparaît pas, semble-t-il, dans les écrits ou les interviews de Pierre Emmanuel. Le poète mentionne en revanche au moins une fois Johnny Hallyday, au début d’un article publié dans Preuve : « Quotidiens et hebdomadaires parisiens ont consacré plusieurs semaines de suite de longs articles au séjour du jeune poète soviétique André Voznessenski. Il a bénéficié d’une publicité que la presse n’accorde en général qu’aux vedettes. L’idée qu’il est – comme son ami Evtouchenko, auquel Paris, au moment où j’écris ces lignes, fait un accueil encore plus orchestré – une sorte de Johnny Hallyday qui, en URSS, fait courir des milliers de « fans » pour l’entendre, n’est pas étrangère à ce bruit. Mais, même sans qu’ils en aient toujours conscience, les reporters qui volent à la rencontre de la renommée accomplissent un acte d’une portée autrement profonde. Ils saluent en ce jeune poète « un oiseau d’annonce nouvelle », le premier témoin d’une métamorphose de l’esprit public, manifestée d’abord dans le langage le plus intérieur, celui de l’âme. Un poète français qui écrirait comme Voznessenski et lirait comme il le fait en public n’intéresserait presque personne chez nous. Pourtant, ceux qui l’écoutaient l’autre jour, qu’ils fussent Français, Russes émigrés ou Soviétiques, sondaient silencieusement ses poèmes comme autant d’énigmes. C’est précisément – tout faible qu’il nous paraît – leur caractère énigmatique, pointant vers une réalité cachée, qui fascine les jeunes en URSS. Eux qu’altère le réalisme officiel, la réalité cachée les désaltère. » (« La tessère d’hospitalité : De Vosnessenski à Noureiev », Preuves, 145, mars 1963, p. 3-5.
• Une "Note inédite de Pierre Emmanuel" sur le site de M. Jean Sur.
• Une belle photo de Pierre Emmanuel lors du procès d'Aix en mai 1978, dans Le Figaro du 19 septembre.
Novembre 2017
• Jusqu'en décembre 2017, l'exposition « L’Archipel du Goulag d’Alexandre Soljenitsyne : Un séisme littéraire », organisée par le Centre culturel russe Alexandre Soljenltsyne (Librairie Les Editeurs réunis, 11 rue de la Montagne Sainte Geneviève, Paris 5), présente une lettre de Mauriac : absent de Paris, il suggère que Pierre Emmanuel rédige le télégramme demandant que Soljenitsyne reçoive le Prix Nobel. En cet honneur, le site présente plusieurs textes de Pierre Emmanuel sur cet écrivain exceptionnel.
• Jusqu'au 23 décembre 2017 on peut voir à la Galerie T&L une exposition sur « Leonardo Cremonini 1925-2010 ». C'est l'occasion de découvrir ce qu'en disait Pierre Emmanuel dans un texte de 1960 :
•Le roi Michel de Roumanie est mort ce 5 décembre 2017. En 1948 Pierre Emmanuel racontait l’un de ses derniers jours de règne dans Une Semaine dans le monde. On peut lire le texte ici.
8 décembre 2017
Ce 8 décembre 2017 est mort le grand rabbin Josy Eisenberg, « Producteur, réalisateur et présentateur de l’émission de service public À Bible ouverte, devenue La Source de vie, et diffusée depuis 1962 le dimanche matin » (La Croix, 8 décembre 2017). Le 25 mai 1908 il recevait Pierre Emmanuel durant cette émission. En voici un extrait, suivi d’un autre tiré d’un article de France-Catholique où Pierre Emmanuel évoque le grand rabbin.
« Josy Eisenberg : Vous avez eu beaucoup de chance, Pierre Emmanuel, parce que nous naissons tous avec un nom, tandis que vous, vous avez choisi le vôtre. Pierre Emmanuel : Oui, je l’ai choisi, et même d’une certaine manière je l’ai fait ; vous savez ce que peut signifier le choix d’un pseudonyme, enfin, c’est une façon de se prendre en charge soi-même, presque de se créer de soi. C’est ambitieux, parfois signe d’un certain orgueil, en l’espèce il s’agissait pour moi d’indiquer par l’association des deux noms le rapport entre la dureté de la pierre qui est l’état profond de chacun de nous, et ce nom Emmanuel, c’était la présence de Dieu qui s’introduit en nous comme par effraction et qui brise la pierre que nous sommes et en fait un être vivant. Josy Eisenberg : pour le public de cette émission qui ne connaît pas la Bible aussi bien que le grand poète chrétien que vous êtes, je crois qu’il faut tout de même préciser que Emmanuel signifie « Dieu est avec nous ». D’ailleurs chaque fois que je lis ce nom, je pense qu’il y a des civilisations qui, affreusement, ont utilisé cela sous une autre forme, par exemple traduit en germanique ça n’a plus du tout la même signification ; c’est affreux de penser que ces merveilleuses formules de la Bible peuvent aussi servir de fer de lance à des ambitions conquérantes. Pierre Emmanuel : Vous savez d’ailleurs que ce nom, enfin, curieusement, je l’ai pris pour la raison que je viens de dire, mais aussi je l’ai choisi en 1938. Qui était une époque où l’hitlérisme battait son plein, si j’ose dire, et où la persécution qui avait été amorcée dans les années 33-34 recommençait de plus belle donc il y avait de ma part un désir de solidarité avec le monde juif, qui d’ailleurs s’est manifesté à travers toute la guerre, et ce nom m’a valu d’être considéré comme juif même encore maintenant ! C’est une espèce de naturalisation qui est définitive, je crois. »
« Dis-moi comment tu me regardes », Source de Vie, 25 mai 1980
« À la fin de la cérémonie de bar mitsva, le rabbin qui y avait préparé ses catéchumènes leur confia deux paroles à méditer, dont la première était berechit, au commencement, et la seconde la réponse de Caïn : Suis-je le gardien de mon frère ? Hier, disait le rabbin, un monde s’est écroulé : mais tout de suite après, berechit, un monde commence. Dans ce monde qui commence, que nous faisons tous, nous sommes tous les gardiens les uns des autres : les juifs des non-juifs, les non-juifs des juifs. Paroles de paix : toujours, sur les pires ruines, le juif espère que peut renaître la fraternité. Paroles originelles qui me ramenaient à ce qui, voilà deux semaines, devait être le thème de ces Feuilles volantes : le commentaire télévisé des premiers chapitres de la Genèse, par Josy Eisenberg et Armand Abecassis. Leurs trois ouvrages : À Bible ouverte, Et Dieu créa Ève, Moi, le gardien de mon frère[1] ? devraient faire partie de la bibliothèque du chrétien autant que du juif. »
« Suis-je le gardien de mon frère ? » (France catholique, n° 1766, 17 oct. 1980)
Le nom de Jean d’Ormesson n'apparaît pas, semble-t-il, dans les écrits ou les interviews de Pierre Emmanuel. Le poète mentionne en revanche au moins une fois Johnny Hallyday, au début d’un article publié dans Preuve : « Quotidiens et hebdomadaires parisiens ont consacré plusieurs semaines de suite de longs articles au séjour du jeune poète soviétique André Voznessenski. Il a bénéficié d’une publicité que la presse n’accorde en général qu’aux vedettes. L’idée qu’il est – comme son ami Evtouchenko, auquel Paris, au moment où j’écris ces lignes, fait un accueil encore plus orchestré – une sorte de Johnny Hallyday qui, en URSS, fait courir des milliers de « fans » pour l’entendre, n’est pas étrangère à ce bruit. Mais, même sans qu’ils en aient toujours conscience, les reporters qui volent à la rencontre de la renommée accomplissent un acte d’une portée autrement profonde. Ils saluent en ce jeune poète « un oiseau d’annonce nouvelle », le premier témoin d’une métamorphose de l’esprit public, manifestée d’abord dans le langage le plus intérieur, celui de l’âme. Un poète français qui écrirait comme Voznessenski et lirait comme il le fait en public n’intéresserait presque personne chez nous. Pourtant, ceux qui l’écoutaient l’autre jour, qu’ils fussent Français, Russes émigrés ou Soviétiques, sondaient silencieusement ses poèmes comme autant d’énigmes. C’est précisément – tout faible qu’il nous paraît – leur caractère énigmatique, pointant vers une réalité cachée, qui fascine les jeunes en URSS. Eux qu’altère le réalisme officiel, la réalité cachée les désaltère. » (« La tessère d’hospitalité : De Vosnessenski à Noureiev », Preuves, 145, mars 1963, p. 3-5.