PIERRE EMMANUEL

Repères biographiques

     Noël, Jean Mathieu naît à Gan (Pyrénées-Atlantiques) le 3 mai 1916, de parents pauvres qui avaient émigré aux États-Unis.

     Ils y repartent trois semaines après sa naissance, le confiant à sa tante et sa grand-mère maternelles.

     À l’âge de trois ans, ses parents le font venir auprès d’eux, mais le renvoient en France quand il a 6 ans pour qu’il y fasse son éducation.

     On parle le béarnais chez sa tante, il apprend le français à l’école.

    À 10 ans il est envoyé chez un oncle à Lyon pour « devenir ingénieur » alors qu’il ne veut faire que du latin et du grec. Brillant élève chez les Lazaristes, il prépare, après son bac, les concours des grandes écoles.

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     Mais cette voie ne lui convient pas. Inquiet de son avenir, il questionne son professeur de mathématiques supérieures, l’abbé Larue, qui lui fait découvrir un langage nouveau en lui lisant La jeune Parque de Valéry, L’après-midi d’un faune de Mallarmé et d’autres poèmes modernes. C’est une révélation. Le jeune homme sait qu’il sera poète.

      Il se lance dans des poèmes imitatifs et rencontre Pierre Jean Jouve, dont la poésie l’a révélé à lui-même. Guidé par ce maître, il se libère des influences les plus évidentes.

    En 1938, il écrit « Christ au tombeau », poème étrange qu’il ne comprend pas lui-même et signe Pierre Emmanuel. Un poète est né.

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     Professeur à Pontoise, il publie en 1940 son premier recueil, Élégies, qui demeure enseveli sous les bombardements chez son éditeur belge.

     Durant la guerre, réfugié à Dieulefit, il poursuit son œuvre poétique avec Tombeau d’Orphée, Le Poëte et son Christ, et des œuvres de résistance : Combats avec tes défenseurs, Jour de colère, La liberté guide nos pas. Il collabore à Fontaine, Poésie 41 etc., Traits, Combats

     En 1944 Pierre Emmanuel est membre du Comité départemental de libération de la Drôme et participe à une commission d’enquête sur le Vercors. Tristesse ô ma patrie en est l’écho bouleversé.

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     À partir de 1945 Pierre Emmanuel devient chef des services anglais puis américains de la Radiodiffusion française, jusqu’en 1959.
   Fin 1947, il se rend en Europe orientale à la demande du gouvernement français. Il y découvre une nouvelle forme de totalitarisme, sent la peur s’installer en maître. Au retour il raconte son voyage dans une série d’articles qui lui valent d’être ostracisé par ses amis communistes. C’est l’époque de Babel, puis de Visage nuage et Versant de l’âge, une période difficile durant laquelle il est aussi Visiting Professor aux États-Unis.
     Pierre Emmanuel travaille ensuite pour le Congrès pour la liberté de la culture, tout en poursuivant son œuvre poétique et journalistique, attentif à faire connaître la poésie partout où il le peut et à aider les écrivains des pays soumis à la dictature, de l’est comme de l’ouest.

     La défense des droits de l'homme est toujours pour lui une priorité.

    Dans les années soixante sa poésie se fait plus rare : Évangéliaire, La nouvelle naissance témoignent de cette étape. Sa recherche se fraie un chemin dans de grandes œuvres en prose : Le Goût de l’Un, La Face humaine, Le monde est intérieur.

    
     En 1968 Pierre Emmanuel est élu à l’Académie française. Il dirige la commission des affaires culturelles pour le VIe Plan, la commission pour la réforme de l’enseignement du français, le Conseil de développement culturel

     Plusieurs œuvres en prose rendent compte de ses travaux et de ses réflexions.

     Pierre Emmanuel poursuit durant toutes ses années sa carrière de journaliste en écrivant de manière régulière pour Témoignage chrétien, Réforme, le Figaro puis, dans les dernières années, France-Catholique.

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      En 1969 Pierre Emmanuel devient président du P.E.N. Club international, puis du P.E.N. Club français de 1973 à 1976, président de l’Institut National de l’Audiovisuel à partir de 1975.

     Il imagine la Vidéothèque de Paris et la Maison de la Poésie.

     Pierre Emmanuel trouve un nouvel équilibre poétique en 1970 avec la parution de Jacob, dont l’histoire éclaire à ses yeux le rapport entre la création poétique et la parole de Dieu, le rendant à la liberté créatrice.

     Si Dieu est pour lui une certitude (cf. Tu), Pierre Emmanuel refuse pourtant d’être considéré comme un « poète chrétien » et que sa poésie soit subordonnée à un dogme ou à une tradition. De plus en plus il s’intéresse aux religions orientales. En témoignent Sophia et surtout Le grand œuvre, sa dernière cosmogonie. Un nouveau regard sur la femme y est développé, né en partie de la « saison en enfer » dont le Livre de l’homme et de la femme est l'écho.

 

     Pierre Emmanuel meurt d’un cancer généralisé le 22 septembre 1984.

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