Les nouveautés sur le site
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• Cela s'est passé un... Semaine du 24 au 31 mars (ci-dessous).
• L'extrait du mois :
- « Anathème », Jour de colère, Collection Fontaine, éditions E. Charlot, Alger, 15 mars 1942, p. 44 ; Œuvres complètes, vol. I, L’Âge d’Homme, 2001, p. 151.
- « L’état d’urgence », La Face humaine, Seuil, 1965, p. 222-223 ; La Face humaine, REvue Nunc, Éditions de Corlevour, p. 140.
• « The power of the poet », The Atlantic, n° 187, janvier 1951, p. 74-77.
• 28 novembre 2019 : décès de M. François Livi, exécuteur testamentaire du poète et président du Centre de recherche. Cf. colonne de droite (Centre de recherche).
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Mme Catherine Emmanuel Carlier, présidente de l'Association des Amis de Pierre Emmanuel, lui rend ici hommage.Chers Amis,
La nouvelle de la mort de François Livi nous a tous bouleversés, il est parti trop vite, trop tôt.
Au fil du temps nous avions appris à le connaître. Nous aimions son humour, la qualité de son écoute, son humilité, sa bienveillance.
Parfois, il se plaisait à nous raconter sa première rencontre avec Pierre Emmanuel, en 1966 rue de Varenne, alors qu’il était un tout jeune étudiant et comment très vite ils se lièrent d’une profonde amitié. Une amitié qui ne s’est jamais démentie.
François Livi exécuteur testamentaire de Pierre Emmanuel fut le président du Centre de recherche, crée en 1986. Il a beaucoup œuvré, avec tous les membres du Centre, à la connaissance et à la mémoire du poète et nous lui en sommes très reconnaissants.
Comme il va nous manquer lui qui nous a tant donné et tant appris !
Catherine Emmanuel Carlier
Présidente de l’Association des amis de Pierre Emmanuel
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• Des nouvelles dans "On en parle...", colonne de droite: livres, émissions et articles nouveaux sur Pierre Emmanuel.
• La lettre de l'Association des Amis de Pierre Emmanuel et le bulletin d'adhésion 2019. Merci aux généreux donateurs !
• IMPORTANT : Les photos, textes et autres documents de ce site ne sont pas libres de droit, ceux de Facebook ou des affiches non plus.
• Rappel : les liens sont visibles lorsqu'on passe sur le texte.
Le mot de l'Association
Depuis sa création, en 1985, l'Association s'est attachée à servir la mémoire de Pierre Emmanuel et à faire connaître son œuvre en apportant son soutien à des publications, rencontres, expositions, émissions radiophoniques et à différents hommages en France comme à l'étranger.
La création d'un site Pierre Emmanuel s'est imposée comme une évidence et une priorité. Un nouvel outil pour retracer l'itinéraire de l'écrivain, du poète et de l'homme d'action engagé dans son siècle en faisant découvrir ses multiples visages : l'homme de culture, son action auprès des médias, mais aussi l'homme de foi, l'homme courageux, le résistant, le défenseur des droits de l'homme.
C'est un travail énorme qui fut engagé, un travail exigeant et rigoureux mené par Anne Simonnet (*) aidée dans ses recherches par des témoins de la vie de Pierre Emmanuel, par le Centre de recherche et par la famille du poète. Une approche aussi complète a nécessité des années de consultation dans les archives de la BNF, de l'Imec, l'Ina, et d'autres fonds. Des manuscrits, des photographies, des lettres et des documents souvent inédits, prêtés par des amis, des proches ou d'anciens collaborateurs de Pierre Emmanuel ont considérablement enrichi le site.
Pierre Emmanuel visionnaire, initiateur et créateur de la Vidéothèque (Forum des Images), confiant dans les nouvelles technologies, aurait certainement apprécié l'instrument de connaissance, de dialogue et d'échange que constitue un tel site.
Proposer un site clair, lisible, complet et accessible à tous, telle fut notre démarche pour que Pierre Emmanuel reste vivant dans les mémoires.
Catherine Carlier, Présidente de l'Association
(*) Anne Simonnet est professeur de Lettres classiques, Docteur ès Lettres, auteur de l'ouvrage Pierre Emmanuel, poète du Samedi saint et d'une thèse : Le Christ de Pierre Emmanuel. L'élaboration d’un mythe personnel.
Cela s'est passé un... (La micro-information du jour)
24 mars
24 mars 1980
« L’avenir de la religion », article de Pierre Emmanuel dans Le Figaro, p. 1, 9. « Le défi historique à la religion du Dieu fait homme est qu’elle fasse la preuve, non de sa supériorité mais de l’ampleur de son ouverture à l’essentiel, d’où qu’il vienne. Cette compréhension vaut aussi bien envers le sérieux de l’athéisme, tout autre que la frivolité agnostique de tant d’existants superficiels. Ce que leur foi demande aux chrétiens comme aux autres croyants en la Réalité suprême, c’est d’être les artisans d’une régénération du sens : car, ayant enfin ruiné en raison tout désir de Dieu en eux-mêmes, c’est de l’humain que désespèrent les hommes de notre temps. Ce nihilisme, aujourd’hui déguisé par l’abondance et le confort, est gros de formidables pulsions destructrices. Un jour peut venir où, pour la survie de l’espèce, la nécessité planétaire du sens l’emporte violemment sur la rationalité insensée d’une société qui se croit auto-suffisante d’engendrer sans cesse de nouveaux “progrès matériels”.»
25 mars
25 mars 1955
« Une jeunesse déracinée », article de Pierre Emmanuel dans Témoignage chrétien, n° 559, p. 2. « Voyez les jeunes d’aujourd’hui : quel horizon leur présentons-nous ? Si la liberté est la faculté de voir loin tout en plongeant dans la durable, quelle liberté leur est laissée ? Ce sont des déracinés : auraient-ils des racines, à quoi bon ? Où est le sol ferme pour les enfoncer ? Plus seuls que nous qui vivions la patrie au présent, et nous sentions reliés à nos aînés jusque dans les luttes qui nous opposaient à eux, ceux qui nous suivent n’ont pas vécu concrètement la France : ils n’ont littéralement plus d’aînés. Pour lutter contre l’amère impression de n’être que des accidents de l’histoire, ils essaient de s’insérer dans un tout qui commencerait avec eux : le communisme, la Jeune Europe, ou simplement une technique déterminée. Sans doute suivent-ils ainsi le sens apparent du monde ; il serait vain de leur imposer comme atmosphère la mémoire d’un passé défunt. […]
Loin de moi la pensée de me joindre aux Cassandres qui irritent à juste titre les jeunes gens. Pas plus qu’eux je ne suis attaché à ce qui meurt, mais je crois que ce qui meurt nous cache souvent notre part de l’impérissable. Ayant vécu davantage qu’eux, et mesuré l’homme plus avant, je vois bien que l’homme moderne, tel qu’on tente de m’y ajuster, est trop étroit pour me contenir. »
26 mars
26 mars 1946
« Un témoin de notre honneur : l’abbé François Larue », Les Étoiles, n° 46, p. 1. « Quand je suis seul aux heures bienheureuses de travail, je me tourne vers son image, qui est là, toujours, sur mon bureau. Nos yeux se rencontrent comme autrefois, je revois ce grand front modelé de puissants volumes, ce demi-sourire de l’homme de sagesse et d’âge, où l’ironie se mêle à la bonté. Ceux qui eurent l’honneur d’être de ses élèves connaissent bien ce sourire : celui des “colles” au tableau noir, cette flamme de gaîté subtile, si redoutable pour le malheureux pris en défaut d’intelligence, cette vivacité du coup d’œil qui tout ensemble étreint et sonde, signe de présence rare à toutes choses, que je n’ai vu qu’à quelques-uns. Ce sourire, cette gaîté, cet air d’amusement qui baignait le sérieux de lumière légère, ils m’ont appris bien davantage sur le monde que tout l’enseignement des maîtres. »
27 mars
27 mars 1983
Écriture de « La psychologie, Messeigneurs… », article de Pierre Emmanuel à paraître dans France catholique. « En fait, si les citoyens doivent défendre leur vertu civique, il faudra qu’ils s’organisent eux-mêmes contre le monopole, contre le viol des consciences, contre la double parole dans les media. Il ne suffit pas que la société civile tente de survivre dans les marges de plus en plus étroites que lui laissera l’État après l’avoir imposée des deux tiers de ses ressources. Il lui faudra bien se rassembler contre l’État, contre ses monopoles, sa bureaucratie, son entropie ruineuse, pour défendre elle-même ses capacités, son esprit d’initiative, sa foi dans un homme irréductible à tout conformisme et à toute idéologie. »
28 mars
28 mars 1942
Luc Estang « Un nouveau lyrisme chrétien », La Croix, 28 mars 1942, p. [3]. « De Pierre Emmanuel, dont la fécondité est quelque peu prodigieuse, viennent de paraître deux recueils : Combats avec tes défenseurs, et Cantos.
Il s’imposa d’emblée à l’attention, l’année dernière, avec son Tombeau d’Orphée, dont le thème ne laissait pas de déconcerter. À telle enseigne qu’on en oubliait la valeur strictement poétique, celle-ci n’accrochant la sensibilité que par fragments, là où la poésie dépassait les intentions. Depuis, on a eu le loisir de se familiariser avec cette voix torrentielle, qui pousse en avant les mots et les images, brasse le cosmos dans un délire tragique.
“Combats avec tes défenseurs !” est un titre assez explicite sans qu’il soit besoin d’insister sur le thème d’inspiration. Disons seulement, pour rester fidèle à mon propos, que dans la vision horrifiée que le poète prend du monde – le nôtre, hélas ! je veux dire celui qui est le nôtre “actuellement” – dans l’indignation et la colère que cette vision soulève en lui, le Christ est présent, un Christ douloureux, parce que victime et implacable parce que témoin. »
29 mars
29 mars 1974
« L’implosion », article de Pierre Emmanuel dans Le Figaro, p. 1, 24. « Quel que soit mon respect des hommes de science, quelque certitude que j’aie de leur capacité de prévision extérieure dans les limites de leur savoir, je ne les crédite pas d’une sagesse intérieure en quelque sorte spécifique. Je les vois angoissés devant certaines perspectives de démesure ouvertes par la science, et conscients des limites politiques de leur pouvoir. Ce sentiment de responsabilité les honore, mais ne leur donne pas à lui seul un regain suprêmement lucide sur les valeurs et les finalités humaines. Il leur est difficile, par exemple, de faire place à la notion de liberté dans leur idéal de gestion globale. En fait, ils en restent à la loi des grands nombres, à l’humanité, non aux hommes individuels. Or, on peut se demander de quel intérêt serait la survie de l’espèce sans celle des individualités : c’est même l’une des questions qui nous hantent, et que ne résout pas, pour citer le rapport, “l’universalité des aspirations humaines qu’ont opérée les media” ».
30 mars
30 mars 1956
« En l’honneur de Staline ! », article de Pierre Emmanuel dans Témoignage chrétien, n° 612, p. 2. « “Il est plus grand mort que vivant”, disait Henri III du duc de Guise qu’il venait de faire exécuter. Nul ne l’a dit de Staline : pourtant son ombre sur le communisme est immense. L’unanimité qui le condamne aujourd’hui, c’est lui qui triomphe en elle, puisque c’est lui qui l’a forgée. Sa grande victoire fut d’avoir aliéné la parole, d’en avoir fait un abracadabra. Le lexique marxiste (stalinien) n’est qu’une suite d’incantations et d’anathèmes : le moindre article de journal communiste une séquence de liturgie. Répétés par des millions de bouches, les mots magiques “culte de la personnalité” sont l’exorcisme qu’attendaient des millions d’hommes que voici “délivrés de Staline” au commandement de la Voix. On les jettera demain, ces quatre mots, à la face de qui l’on veut perdre, comme hier ceux de “réformiste”, de “déviationniste” ou de “petit-bourgeois”. Il aura suffi de les prononcer pour escamoter trente ans d’histoire vivante, faite par des hommes qui ont cru, ont eu raison, se sont trompés, ont souffert et les uns en sont morts, tandis que les autres survivaient à leurs souffrances, à leurs mensonges et peut-être à leur vérité. »
31 mars
31 mars 1970
Enregistrement d’une émission radiophonique pour France Inter : « Votre jardin secret », avec Pierre Emmanuel. « - Être poète est-ce un métier ?
PE : Mon Dieu, c’est un métier qui ne nourrit pas son homme et si je ne faisais que ce métier-là je crois que je mourrais de faim tout doucement, comme d’ailleurs mourraient beaucoup de poètes, mais en tout cas c’est vrai que c’est un destin. Il faut travailler tous les jours. Il faut travailler comme un bon ouvrier, sans attendre qu’une inspiration vienne sous la forme d’une muse ou de l’aile d’un ange qui frôlerait le front du poète. En réalité c’est ce travail attentif à dire, à exprimer ce qui va venir précisément parce que l’on travaille, qui constitue le fonds de l’art littéraire et particulièrement de la poésie.
- Et l’inspiration, alors ?
PE : Eh bien l’inspiration vient du travail, mais elle ne précède pas le travail lui-même. »