Les nouveautés sur le site
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• Cela s'est passé un... Semaine du 26 octobre au 2 novembre (ci-dessous).
• L'extrait du mois :
- Una ou la mort la vie, 17, Seuil, 1978 ; Œuvres complètes, vol. II, L’Âge d’Homme, 2003, p. 741.
- « Notes sur l’imagination selon Baudelaire », Le Mot d’Ordre, n° 688, 5 septembre 1942, p. 2.
• « The power of the poet », The Atlantic, n° 187, janvier 1951, p. 74-77.
• 28 novembre 2019 : décès de M. François Livi, exécuteur testamentaire du poète et président du Centre de recherche. Cf. colonne de droite (Centre de recherche).
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Mme Catherine Emmanuel Carlier, présidente de l'Association des Amis de Pierre Emmanuel, lui rend ici hommage.Chers Amis,
La nouvelle de la mort de François Livi nous a tous bouleversés, il est parti trop vite, trop tôt.
Au fil du temps nous avions appris à le connaître. Nous aimions son humour, la qualité de son écoute, son humilité, sa bienveillance.
Parfois, il se plaisait à nous raconter sa première rencontre avec Pierre Emmanuel, en 1966 rue de Varenne, alors qu’il était un tout jeune étudiant et comment très vite ils se lièrent d’une profonde amitié. Une amitié qui ne s’est jamais démentie.
François Livi exécuteur testamentaire de Pierre Emmanuel fut le président du Centre de recherche, crée en 1986. Il a beaucoup œuvré, avec tous les membres du Centre, à la connaissance et à la mémoire du poète et nous lui en sommes très reconnaissants.
Comme il va nous manquer lui qui nous a tant donné et tant appris !
Catherine Emmanuel Carlier
Présidente de l’Association des amis de Pierre Emmanuel
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• Des nouvelles dans "On en parle...", colonne de droite: livres, émissions et articles nouveaux sur Pierre Emmanuel
• IMPORTANT : Les photos, textes et autres documents de ce site ne sont pas libres de droit, ceux de Facebook ou des affiches non plus.
• Rappel : les liens sont visibles lorsqu'on passe sur le texte.
Le mot de l'Association
Depuis sa création, en 1985, l'Association s'est attachée à servir la mémoire de Pierre Emmanuel et à faire connaître son œuvre en apportant son soutien à des publications, rencontres, expositions, émissions radiophoniques et à différents hommages en France comme à l'étranger.
La création d'un site Pierre Emmanuel s'est imposée comme une évidence et une priorité. Un nouvel outil pour retracer l'itinéraire de l'écrivain, du poète et de l'homme d'action engagé dans son siècle en faisant découvrir ses multiples visages : l'homme de culture, son action auprès des médias, mais aussi l'homme de foi, l'homme courageux, le résistant, le défenseur des droits de l'homme.
C'est un travail énorme qui fut engagé, un travail exigeant et rigoureux mené par Anne Simonnet (*) aidée dans ses recherches par des témoins de la vie de Pierre Emmanuel, par le Centre de recherche et par la famille du poète. Une approche aussi complète a nécessité des années de consultation dans les archives de la BNF, de l'Imec, l'Ina, et d'autres fonds. Des manuscrits, des photographies, des lettres et des documents souvent inédits, prêtés par des amis, des proches ou d'anciens collaborateurs de Pierre Emmanuel ont considérablement enrichi le site.
Pierre Emmanuel visionnaire, initiateur et créateur de la Vidéothèque (Forum des Images), confiant dans les nouvelles technologies, aurait certainement apprécié l'instrument de connaissance, de dialogue et d'échange que constitue un tel site.
Proposer un site clair, lisible, complet et accessible à tous, telle fut notre démarche pour que Pierre Emmanuel reste vivant dans les mémoires.
Catherine Carlier, Présidente de l'Association
(*) Anne Simonnet est professeur de Lettres classiques, Docteur ès Lettres, auteur de l'ouvrage Pierre Emmanuel, poète du Samedi saint et d'une thèse : Le Christ de Pierre Emmanuel. L'élaboration d’un mythe personnel.
Cela s'est passé un... (La micro-information du jour)
26 octobre
26 octobre 1949
« Où est notre Dieu ? », Le Monde, p. 1-2. « Nos valeurs ne sont pas décadentes : nos croyances le sont.
Un certain nombre de mes amis sont des humanistes athées : ils croient en l’homme dans l’abstrait, mais d’une croyance erratique, qui n’a prise sur rien. Toutes les belles Déclarations des droits de l’homme ne changent rien au fait qu’aucune société ne peut ou ne veut les prendre en charge ni les imposer : elles sont plus caduques en naissant que le code de Hammourabi.
Qu’est-ce à dire ? Qu’il est impossible de croire individuellement sans aboutir au désespoir. La foi est collective : les derniers témoins d’une foi morte sont les feuilles encore vertes d’un arbre abattu. Or l’humanisme athée n’est même pas cet arbre : c’est une branche de l’arbre chrétien – une branche à demi cassée mais où la sève circule encore. Cet arbre, si affaibli qu’il soit, est malgré tout face au communisme la seule unité de foi qui survive en Occident. »
27 octobre
27 octobre 1944
Pierre Emmanuel, « Le problème culturel et l’armée », Action, n° 8, 27 octobre 1944, p. 5. « Notre patrimoine national tire sa richesse, autant que notre histoire politique, du travail sur soi de la pensée française à travers les générations. Nul ne saurait être bon citoyen, citoyen complet, s’il n’est à même de se sentir le gardien de cet héritage : et non le gardien seulement, mais l’usufruitier. Au vague respect d’une culture réputée inaccessible – respect d’ailleurs qui peut se muer en haine jalouse d’amant frustré –, doit se substituer ce vaste sentiment de communion dans la forme belle, où chacun projette le meilleur de soi. »
28 octobre
28 octobre 1983
« De la discrétion des morts » (16 octobre 1983), France catholique, n° 1924. « Au village, il n’y pas si longtemps, la mort était un événement communautaire, une occasion sacrée de se resserrer autour de la présence du mort. J’ai vécu de tels moments dans mes jeunes années, en Béarn, à la mort de mes proches, et pour la dernière fois il y a moins de dix ans, devant la tombe du médecin de campagne qui fut près d’un demi-siècle mon ami. Mais aujourd’hui, même au village, les morts vont vite, pour ne pas gêner la circulation. Plus de ces lentes processions funèbres à travers champs, avec la beauté des saisons pour contraste, la vitalité de la terre distrayant les paysans qui suivaient le deuil. »
29 octobre
29 octobre 1965
« La face humaine et la gloire de croire », France catholique, n° 989, p. 3, extrait de La face humaine, « La gloire de croire », p. 13-22. « Pour moi, l’hiver fut jadis le jansénisme dégénéré d’une religion méfiante envers l’homme et terrorisée par Dieu, religion sans amour, donc athée. Maintenant règne une autre espèce de frimas, le non-amour érigé en système universel par l’ab-humanisme, athée a priori, de l’Organisation sous toutes ses formes, réductrices de l’être humain qu’elles absorbent dans leur exigeante idolâtrie. Partout, sous divers sigles, se met en place la manutention des âmes. Je ne suis pas le seul à sentir dans mes os qu’il est impossible que ce temps dure, en l’absence de l’homme et de Dieu : ni à penser que ce temps est celui d’affirmer l’Unique Présence.
Car il ne suffit pas d’éprouver le froid mortel : il faut s’en désengourdir. Çà et là des révoltes percent, symptomatiques, mais inquiétantes ; la plupart sans foi, seulement désespérées : constats obsessionnels fascinants, auxquels le public se conforme, par une réinjection continuelle, d’une virulence de plus en plus cultivée, mithridatisation par le néant que les modernes, inconsciemment, préfèrent à la culture de l’être. En fait, verbales ou non, de telles manifestations de l’absurde en soi consacrent la passivité malheureuse des individus et des multitudes, entretenue, pour l’exploiter, par un système lui-même fatal. »
30 octobre
30 octobre 1975
Alain Antoine, « Pierre Emmanuel : une vraie culture contre la démesure du progrès pour réunifier l’homme », La Dernière heure, Bruxelles, 30 octobre 1975, p. ? ; L’Avenir du Tournaisis Tournai, 30 octobre 1975, p. 11. « “Tout esprit aujourd’hui est atrophié, mutilé par le choix du seul critère de l’intelligence abstraite que l’on pose dès le départ dans nos sociétés technocratiques. C’est une injustice et une dilapidation”, clame Pierre Emmanuel dans La révolution parallèle. Est né de cette mutilation générale un type d’homme nouveau, une civilisation purement technologique. L’asservissement à la machine et à l’intelligence mécanisée a, sinon frappé d’interdit, du moins privé de signification les capacités spirituelles de l’homme moderne. L’art, la philosophie, la mystique, cette communion que Dylan Thomas appelait “the conversation of prayers”, sont autant de d’activités de moins en moins imaginables. L’idée de “l’homme intérieur” est à ce point désertée que tout ce qui est fondé sur elle dans la culture apparaît comme le vestige d’une superstition.
C’est que Pierre Emmanuel n’a jamais accepté – ni compris – que, pour augmenter le bien-être matériel des hommes, la société industrielle doive leur voler leur âme. »
31 octobre
31 octobre 1973
« Enseignement et communication. La paupérisation de l’esprit », article de Pierre Emmanuel dans Le Figaro, p. 1, 30. « Le paupérisme intellectuel vient en partie d’une classification sociale qui maintient toujours les mêmes au plus bas, quelle que soit l’amélioration relative de leur sort ; cette situation elle-même est renforcée par le système éducatif issu d’elle, cercle vicieux que point n’est besoin d’être gauchiste pour dénoncer.
Comment en sortir ? En réduisant, autant que faire se peut, le caractère artificiel de l’école. L’école peut-elle devenir un milieu réel en relation d’interdépendance et de co-responsabilité avec le milieu ambiant ? Apprendre un métier est nécessaire, n’apprendre que lui c’est presque toujours s’en faire le prisonnier dans une société où chacun occupe sa petite case mais où très peu sont bien “casés” ».
1 novembre
1 novembre 1980
J.-Louis de La Vaissière, « Pierre Emmanuel : contre toutes les atrophies de l’homme contemporain », La Croix, 1er-3 novembre 1980, p. 10-11. (entretien) « - Pierre Emmanuel, quelle est votre contribution à la littérature d’aujourd’hui ?
- Si j’apporte quelque chose à la littérature d’aujourd’hui, c’est une certaine capacité d’ouverture, une attention religieuse très vaste, une sensibilité à la problématique de l’homme contemporain – sociale, politique, psychologique, analytique, - qu’il s’agisse de sa névrose ou de son besoin spirituel, de toutes les formes que peut prendre son désir dans une société qui le mutile de tous les côtés.
Ce qui me conditionne surtout c’est que je vois grandir la menace d’une réduction de l’homme à son lieu commun le plus banal, à une moyenne qui serait à la fois un nivellement, une dénaturation, une destruction du sens spirituel.
Cette réunification de l’homme à laquelle je suis voué, elle passe par une très grande liberté à l’égard de la pensée d’autrui, par une possibilité de se « naturaliser » à la pensée d’autrui, même quand elle n’est pas celle de notre origine.
Le qualificatif de chrétien devrait justement contenir toute cette ouverture… Je ne veux ni réduire l’homme ni réduire Dieu. »
2 novembre
2 novembre 1982
Écriture de « L’Éternel n’est pas de tout repos », article à paraître dans France catholique, n° 1874, du 12 novembre. « Pour parler crûment, je ne crois pas en général qu’un poète se servant de sujets religieux le fasse seulement (sinon avant tout) pour louer Dieu. Il le fait, me semble-t-il, parce que le sujet lui inspire des images et lui fournit un espace mental où se déployer en les organisant. Cela ne signifie pas qu’il soit insensible à la réalité religieuse qu’elles évoquent : s’il l’était, il ne les choisirait pas, il n’en serait nullement inspiré. Mais il traitera cette réalité librement, sans en respecter la précision dogmatique, laissant son inconscient prendre son bien symbolique où il le trouve. Ce que l’artiste dégage de soi, c’est une vision de l’homme affronté à son mystère, et qui s’en donne une représentation universelle : humanisme qui a sa grandeur, mais bute aussi à ses limites. Son risque est de prendre Dieu comme matériau de l’homme, en tout cas pour matériau de l’art.
Il reste cependant que les œuvres d’art de cette sorte témoignent que l’homme est par essence un être religieux. La religiosité propre à l’art tient à la nature de l’aspiration qu’il suppose : non contents de représenter le visible, les hommes, toujours, ont tenté de figurer l’invisible, de franchir une limite, de se dépasser. Ce dépassement de l’homme par l’homme est aussi une orientation vers ce qui le dépasse : l’homme aspire à être plus, à plus d’être, à l’Être. »
