PIERRE EMMANUEL

ConteInédit

     Pierre Emmanuel avait carte blanche pour composer un conte radiophonique à diffuser le soir de Noël 1949. L’idée lui en fut donnée par un article de Gheorghiu paru dans La Nef, dans lequel le romancier « expliquait que deux jours avant Noël, un pays étranger avait envoyé une commission d’embauche dans le camp, cette commission d’embauche étant chargée de recruter des travailleurs, pour le pays en question. Et il s’était présenté, il semblait remplir toutes les conditions, cependant il y eut quelque chose qui l’empêchât d’être embauché, c’est qu’il était un écrivain, un intellectuel. »
     Pierre Emmanuel en tire l’argument de son conte : « On voit la parole s’incarner dans un homme, puis on voit le livre qu’il a écrit passer ensuite les frontières, ce livre est brûlé par la police, il n’existe plus, et tout de même, il arrive à se faire entendre à travers ce policier de la fin qui, lui, donne le témoignage qui lui est demandé par le livre qu’il ne connaît pas. »
     Le drame, en trois parties, dure près de 67 minutes. Certains des interprètes (ÉlisabethPitoeff, Jean Denynx) avaient précédemment participé à la mise en scène du Lépreux.
      La tonalité, grave, veut rendre compte de la gravité de l’époque ; mais le texte se préoccupe aussi de correspondre « à la vérité profonde de la fête de Noël, c’est-à-dire à ce mystère qu’est l’incarnation, qu’est le Verbe qui se fait chair » (Pierre Emmanuel, présentation radiophonique du conte). Le texte en est souvent proche de Babel.