PIERRE EMMANUEL

À Dieulefit

     Pierre Emmanuel et son épouse sont accueillis par Marguerite Souberyan à Beauvallon, comme tant d’autres réfugiés. Jouve lui-même y reste plusieurs mois. À partir de la rentrée 1940, grâce à René Micha, ils enseignent à la Roseraie, dirigée par Pol Arcens. La santé de Pierre Emmanuel demeure fragile et il « supporte à peine quelques heures de travail par jour » (Lettre à Louis Saguer) ; le travail de Jeanne assure l’essentiel de leurs revenus.

     Pierre Emmanuel aide aussi Marguerite Soubeyran et Jeanne Barnier, la secrétaire de mairie de Dieulefit, dans leur œuvre de résistance, en particulier dans la fabrication de faux papiers.

     Il ne quitte la région que pour de brefs voyages à Avignon pour rencontrer Seghers, en Suisse en 1942 chez Jean Starobinski et pour un cycle de conférence à la demande d'Albert Béguin, à Lyon où il va voir l’abbé Larue devenu l'un des chefs de la résistance militaire dans le Sud-Est et les mouvements de résistance, en Ardèche ou à Marseille, à Paris parfois, à Vichy où est François Lachenal...

Le témoignage de Jeanne, son épouse, sur la période de la guerre

 

     Les années de Dieulefit sont toutes centrées sur l’« obsession de la liberté », la défense de la parole face au mensonge et la résistance à l’oppression totalitaire. Lié à Seghers, Max Pol Fouchet, René Tavernier, Aragon, Emmanuel Mounier, André Rousseau, Martin Chauffier, Loÿs Masson, Alain Borne, Jean Denoël, Albert Béguin, François Lachenal, Jean Lescure et d'autres, Pierre Emmanuel fait partie de ceux qu’on a appelés les « poètes de la Résistance ». Il publie dans Fontaine, Traits, Poésie, Les Cahiers du Rhône

 

     La poésie est pour lui un moyen d’exprimer les grandes questions que pose la guerre, pour lui-même et pour autrui, en de véritables œuvres de résistance : « Ce n’était pas seulement la question de mon identité, de mon unité qui se posait à moi, mais c’était aussi la question plus vaste de mon humanité et de l’humanité elle-même, de l’humain lui-même. Qu’est-ce que l’homme ? et qu’est-ce que l’homme dans l’histoire qu’il traverse aujourd’hui ? » (Conférence inédite).



     En 1941 paraît Tombeau d’Orphée, premier ouvrage en France de Pierre Emmanuel. La célébrité lui vient aussitôt.

 

     1942 est fertile en productions poétiques : XX Cantos en janvier, Combats avec tes défenseurs, Jour de colère et Le poëte et son Christ en mars, La Colombe en décembre.

       Le 14 juillet 1942 naît sa première fille, Catherine Marianne.

 

      En 1943 paraissent Cantos et la Prière d’Abraham.

 

   1944. Au printemps Pierre Emmanuel devient membre du Comité départemental de Résistance de la Drôme.
     Il fait partie d’une commission d’enquête sur le Vercors et, bouleversé par la découverte des charniers, part pour Genève demander l’assistance de la Croix-Rouge. Comme journaliste, il suit les travaux de la Cour martiale.

     Plusieurs œuvres poétiques voient le jour : Sodome, Le poète fou, illustré par Léon Zack, Memento des vivants, illustré par Gromaire.

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